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¿Immigrés ou « expatriés » ? -Daniel Gamper Sachse

¿Immigrés ou « expatriés » ?  -Daniel Gamper Sachse

2024-01-21 23:00:41

Lentement mais sûrement, notre pays a suivi une tendance déjà imparable sur le continent. Le Congrès des députés espagnol a été le dernier en Europe à inclure des partis ouvertement xénophobes ; mais ce qui est là maintenant a été consolidé et le reste est biaisé à son rythme. Les partis de droite traditionnelle ont parlé d’immigration avec une petite gueule jusqu’à ce qu’ils décident de dire “les choses telles qu’elles sont”. Soudain, un jour on allume la radio et on entend M. Turull construire des phrases plus ou moins compréhensibles tout en mêlant avec un naturel calculé les termes « crime », « immigration », « expulsion » et « Catalogne ». Quiconque aurait eu l’idée de visiter l’un des prétendus groupes de réflexion Convergence au début des années 2010 pourrait se faire une idée du niveau de spin doctors que conseillent les membres du conseil d’administration.

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Il vaut la peine de lire ce que le professeur Ferran Sáez Mateu a écrit mercredi dernier, dans un de ses articles sains et pas du tout doux, sur cette conjonction manichéenne entre crime et immigration que la droite indépendantiste catalane veut mettre en circulation. Il se peut que ce coup d’État obéisse à la crainte que les opportunistes de l’Aliança Catalana ne leur prennent des voix et à la conviction que, avec des messages simples et clairs qui identifient sans conteste l’ennemi et l’opposent au peuple (si opposé qu’il ne parle que de son expulsion ), ils parviendront à prendre le pouvoir en ERC. Rien de nouveau : une version modifiée de l’électoralisme populiste déjà exprimé au cours du processus.

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Parler des immigrés sans parler de la nécessité de garantir l’égalité de tous, adultes et mineurs, tout en mettant l’accent sur ceux qui commettent des délits, est une opération capricieuse et éthiquement discutable basée principalement sur les émotions et les sensations. Parler d’immigration et ne pas discuter de main d’œuvre bon marché ou de politiques d’intégration est un coup de hache et une façon de traiter les interlocuteurs (les citoyens de Catalogne !) comme s’ils étaient de parfaits abrutis. M. Turull et compagnie ont-ils parlé du pourcentage d’immigrés qui commettent des crimes à plusieurs reprises ? Que faire des Catalans récidivistes ? Leur appliquons-nous la peine de mort ? Peut-être veulent-ils les envoyer en exil ? Ou est-ce que maintenant que nous sommes déjà installés dans la crise, nous devons également devenir une société essentiellement punitive ?

Un exemple de la désorientation morale de la question est la recherche publiée dans ce même journal fin septembre sur un type d’habitants de Barcelone que le rapport décrit avec le terme expatrié. L’un des articles était intitulé : “‘Expats’ : qui sont-ils et comment changent-ils Barcelone ?”. La question est cependant restée sans réponse, car les journalistes n’ont pas réfléchi à la raison pour laquelle ils ont utilisé cet anglicisme au lieu de parler des immigrés. Qu’est-ce qu’un expatrié? La dame bolivienne qui nettoie les escaliers d’un immeuble de bureaux en fait partie expatrié? Le monsieur marocain qui exerce le métier de maçon, en est-il un ? expatrié? Et la famille chinoise qui tient un bar dans l’Eixample, n’est-ce pas ? Expatriés? Ces personnages que je présente de manière volontairement stéréotypée n’ont pas été interviewés dans le numéro spécial du journal. On ne désigne pas ces personnes avec le terme plus ou moins glamour expatrié, ils ne le méritent pas ; ce sont des immigrants qui doivent faire attention si M. Turull arrive un jour aux commandes, de peur qu’ils ne commettent une erreur et ne soient expulsés.

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Le Expatriéspar contre, ne sont pas des criminels, ce sont des gens qui regrettent de ne pas pouvoir en prendre un beignet de qualité à Barcelone. l’état deExpatriés ils n’ont pas le sens d’être européens : lesexpatrié ce n’est pas quelqu’un qui a plus de droits qu’un non-européen ; leexpatrié est quelqu’un qui a plus d’argent que l’immigré. L’immigré est soupçonné qu’à tout moment il peut mourir de faim et qu’en tant que tel, il peut constituer un fardeau pour le système public. leexpatriéPar contre, il arrive avec suffisamment d’argent, un travail et n’a pas besoin de s’intégrer dans la société, mais il bénéficiera également du système commun sans que, dans de nombreux cas, son salaire ne soit retenu par le trésor public. Cela n’exclut pas que certains d’entre eux soient des criminels, comme l’ont documenté Roberto Saviano et Joan Queralt à propos des liens barcelonais du camorra Napolitain, ou qui sait quelque chose sur les oligarques russes qui déménagent leurs familles dans la péninsule ibérique. Mais M. Turull n’en parle pas.

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La distinction entre immigrés et Expatriés c’est du classisme avec des gouttes de racisme. La classe moyenne, qui s’appauvrit rapidement, cherche quelqu’un de plus pauvre sur qui rejeter la faute, et des politiciens à courte vue et irresponsables se nourrissent de ce ressentiment social pour s’emparer de sièges et accéder au pouvoir, obscurcissant ainsi davantage le débat public.

Daniel Gamper Sachse est professeur de philosophie à l’UAB



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