Un sérieux coup d’arrêt dans l’amélioration du chômage. 64 000, c’est le nombre de demandeurs d’emploi supplémentaires enregistrés au troisième trimestre dernier, soit un total de 2,3 millions de personnes sans aucune activité (au sens du BIT). Le taux de chômage a grimpé à 7,4 % de la population active en France (hors Mayotte), selon les chiffres publiés ce mercredi 15 novembre par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Un résultat négatif qui survient après une légère hausse à 7,2 % amorcée au deuxième trimestre.
Simple accroc passager ou renversement de tendance ? La question est désormais posée. Au gouvernement, on se veut rassurant. « On pouvait s’attendre à une telle hausse compte tenu du ralentissement de l’économie mondiale », a aussitôt réagi le ministre du Travail Olivier Dussopt dans un message transmis à la presse, affirmant rester « mobilisé » face à cette augmentation qu’il espère « ponctuelle ».
En août, lors de la première sortie de route du taux de chômage, l’exécutif se voulait rassurant sur le maintien du cap du plein-emploi. Le sujet est d’autant plus sensible qu’il représente l’un des marqueurs du quinquennat. Le président Macron a en effet fait la promesse de ramener la France dans le peloton des bons élèves de l’Europe, avec un taux de chômage à 5 % en 2027.
Les économistes partagés sur la situation du marché du travail
Les économistes sont pour l’heure partagés, entre les pessimistes et les optimistes. Pour Mathieu Plane de l’OFCE, « c’est plus qu’un effet juste ponctuel. On est arrivé à un moment de retournement durable du marché du travail », affirme le directeur adjoint du département Analyse et Prévision. Et d’ajouter : « L’euphorie des créations d’emploi, avec aussi près de 300 000 emplois préservés pendant le Covid grâce au quoi qu’il en coûte tout ça s’est fini ! On est aujourd’hui dans un scénario d’ajustement ».
Des projections de l’OFCE prédisent d’ailleurs un taux de chômage à 7,9 % fin 2024. À l’OCDE, en revanche, l’économiste Andrea Garnero avoue « qu’aujourd’hui, avec une situation internationale incertaine, il est difficile d’avoir une boule de cristal ». À ses yeux, « pour l’instant, c’est un petit revirement que l’on observe dans d’autres pays (…), mais la France, jusqu’à maintenant, s’en sort bien. La baisse du chômage ces dernières années a été remarquable, insiste-t-il, même si elle n’est pas parmi les meilleurs élèves au niveau européen. »
Le chômage des jeunes augmente
Si le taux de chômage du troisième trimestre augmente de 0,2 point sur un an et retrouve son niveau du deuxième trimestre 2022, il reste nettement au-dessous de son pic de mi-2015 (-3,1 points), précise l’Insee. Globalement sur le troisième trimestre, le taux de chômage progresse de 0,7 point pour les 15-24 ans, à 17,6 %, presque à son niveau d’un an auparavant (-0,1 point).
Pour les 25-49 ans, il augmente de 0,2 point sur le trimestre et de 0,3 point sur un an, à 6,7 %. Enfin, pour les 50 ans ou plus, le taux de chômage est stable sur le trimestre et sur un an, à 5,1 %. Le taux de chômage de longue durée (au moins un an) est également stable sur le trimestre, à 1,8 % de la population active.
Plus préoccupant, le « halo autour du chômage », soit les personnes désirant retourner sur le marché de l’emploi, mais qui ne sont pas considérées comme chômeuses par le BIT (chercher effectivement un emploi et être disponible pour en prendre un), augmente, lui aussi. Certes « légèrement » sur le trimestre (+39 000), mais il explose sur un an (+164 000) selon l’Insee. Deux millions de personnes sont concernées.
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