En 2016, après l’annonce spectaculaire du vaste projet de gazoduc reliant le Maroc et le Nigeria le long de la façade atlantique, la presse de divers horizons, principalement française et algérienne, se demandait si ledit projet était financièrement viable. Alors que certains n’y voyaient qu’une simple annonce, Rabat et Abuja ont cherché à rassurer en lançant une étude de faisabilité, accompagnée du tracé du pipeline, qui devait initialement parcourir près de 4.000 km. Sept ans plus tard, le projet non seulement se concrétise, mais s’élargit également pour couvrir environ 7.000 km, en traversant 13 eaux territoriales, dans le but de répondre aux besoins énergétiques de près de 400 millions de personnes dans 11 pays africains. Et alors que ces dernières années, les sources de financement étaient une grande source d’interrogation concernant le projet, 2023 a été l’année de multiples annonces de financement, à l’instar de celle du NNPCL (Nigerian National Petroleum Corporation Limited), qui est prêt à financer 50% du coût total du gazoduc.
Aujourd’hui, avec la visite Royale aux Emirats Arabes Unis, ce mégaprojet prend une dimension encore plus significative, étant donné qu’il vise à établir un espace afro-atlantique fort et prospère, permettant aux pays de la région de bénéficier des opportunités offertes par le marché africain, longtemps exploité par l’Occident. C’est pourquoi l’appellation claire et précise de “Gazoduc Atlantique-Afrique” a été choisie dans le mémorandum signé entre Rabat et Abou Dhabi. Cette appellation met en avant l’essence profondément inter-régionale de ce projet, qui affiche également des ambitions internationales, notamment en direction de l’Europe. Le pipeline tirera en effet profit de la nouvelle stratégie atlantique du Royaume, qui le placera en tant que plaque tournante entre l’Atlantique, la Méditerranée et l’espace sahélo-saharien, entre l’Orient et l’Occident bien sûr. Cela signifie que tous les projecteurs sont désormais tournés vers cet Atlantique par lequel passera le très attendu Gazoduc. Et avec l’afflux des dirhams émiratis, la question de la solvabilité passera certainement à la trappe.
