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Finances de l’État : Cuba : Succès partiel dans l’ancien contentieux de la dette

Finances de l’État : Cuba : Succès partiel dans l’ancien contentieux de la dette

Bien avant les dettes qui sont maintenant négociées, Ernesto “Che” Guevara était autrefois président de la Banque nationale de Cuba, ici une peinture murale en Colombie.

Photo : dpa | Siinka Tarvainen

“La République de Cuba gagne un litige à Londres : le CRF n’est pas créancier de l’Etat cubain”, titrait mercredi le quotidien “Granma” après un jugement de la Haute Cour de justice de la capitale britannique. Le portail en ligne d’État Cubadebate a choisi le même titre. Et le président Miguel Díaz-Canel a tweeté : “Cuba a aussi gagné à Londres. Une fois de plus, les ennemis de la nation ont perdu. Vos mensonges ont rencontré un tribunal professionnel et respecté.«

Il s’agit d’un différend juridique historique sur une partie des anciennes dettes de Cuba, qui remontent aux années 1980. A y regarder de plus près, le verdict n’est en aucun cas aussi sans équivoque que le prétendent les médias cubains. De quoi s’agissait-il? La société d’investissement CRF, qui a été fondée dans le paradis fiscal des îles Caïmans, avait poursuivi en 2020 la banque nationale cubaine BNC pour le paiement d’environ 72 millions d’euros pour deux prêts de 1984 et des intérêts de retard. Les créanciers étaient à l’origine les maisons de crédit européennes Crédit Lyonnais Bank Nederland et Istituto Bancario Italiano. Un règlement à l’amiable avait précédemment échoué. Avant le début du procès, la banque centrale de Cuba a qualifié le CRF de “fonds vautour” et a déclaré avoir acquis illégalement la dette, recourant même à la corruption d’un haut fonctionnaire. De plus, la BNC débitrice n’agit plus en tant que banque centrale.

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La CRF a nié ces allégations, affirmant qu’elle avait tenté pendant des années de négocier un accord de restructuration de la dette avec Cuba sans recevoir de réponse. Le fonds a été créé pour investir dans des obligations d’État cubaines dont le remboursement n’est pas garanti. En 2017, le portefeuille s’élevait déjà à 1,2 milliard d’euros. Les investisseurs comme CRF rachètent généralement les créances irrécouvrables à des prix avantageux, puis poursuivent le débiteur devant les tribunaux internationaux pour obtenir le remboursement intégral. De telles transactions sont très risquées, mais très rentables si elles réussissent.

Tout en reconnaissant que la BCN ne représente plus l’État cubain, la juge de la Haute Cour Sara Cockerill a estimé que CRF avait acquis légalement la dette d’une filiale britannique de la banque chinoise ICBC. À la suite de ce jugement, la République de Cuba, qui avait poursuivi le CRF en tant que garant de la dette, ne fait plus partie de l’affaire judiciaire. Selon le juge Cockerill, cependant, la société d’investissement est en droit d’exiger que la banque centrale cubaine, en tant que successeur légal de la BNC, assure le service des dettes. Les parties peuvent faire appel du jugement.

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“Le CRF reste déterminé à trouver une solution avec Cuba qui ne pèsera pas sur le budget cubain pendant au moins cinq ans, compte tenu de la situation économique difficile dans laquelle se trouve le pays”, a déclaré le président du CRF, David Charters, à la suite du verdict. “La BNC était la banque centrale de Cuba et reste responsable de la gestion de cette dette cubaine impayée”, a déclaré Charters. De son côté, il a évoqué une “victoire complète” pour son entreprise.

Le processus est surveillé de près par d’autres créanciers privés de Cuba, qui tentent de recouvrer un total de 7 milliards de dollars de dette à La Havane. En 2015, la nation des Caraïbes a signé un accord historique avec le Club de Paris – l’organe informel des créanciers de l’État annulant 8,5 milliards de dollars de la dette totale de 11,1 milliards de dollars avec un engagement de rembourser le solde par versements d’ici 2023. À l’été 2021, le gouvernement de La Havane a convenu avec le Club de Paris de reporter les paiements. Cuba n’était plus en mesure d’assurer le service de sa dette en raison de la crise déclenchée par la pandémie corona et du durcissement du blocus américain. À ce jour, Cuba n’a pas conclu d’accord avec ses créanciers privés et est donc exclue des marchés internationaux des capitaux.

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La CRF devrait maintenant poursuivre son procès contre la banque centrale de Cuba. Une décision sera alors prise sur le remboursement de la dette dans le cadre d’une procédure distincte. Si un tribunal ordonnait le paiement de plus de 70 millions d’euros à l’avenir, il ne pourrait toutefois être récupéré qu’au détriment des actifs et des ressources de la BNC. En incluant l’État cubain comme « garant » de la dette, en cas de succès, le CRF aurait eu un éventail plus large d’actifs et de droits potentiellement saisissables. Le non-paiement de la dette aurait pu saisir des actifs appartenant au gouvernement cubain, tels que des pétroliers ou des sociétés offshore. Avec le verdict de Londres, ce danger ne menace plus. Et donc c’est au moins un succès partiel important pour Cuba.

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