Le conseil municipal aura duré près de six heures. Sa thématique — la transition écologique — en valait bien le jeu, estime la commune de Villejuif. Ce mardi soir, elle a dédié toute la séance à ce sujet. « Une première dans le Val-de-Marne, souligne le maire Pierre Garzon (PCF). Il s’agit d’un acte politique fort avec des décisions concrètes. »
À commencer par le rachat de la ferme Les Frémis et ses terrains à Tannerre-en-Puisaye (Yonne). La délibération a cristallisé les débats, comme durant le précédent conseil. Si les élus restent divisés sur ce projet, la mesure a toutefois été adoptée cette fois. Villejuif va donc racheter une exploitation agricole de 12 ha, dont 3 ha cultivés en maraîchage biologique. « Un comité technique (chambre d’agriculture, mairie, département, direction départementale des finances publiques…) validera ou non ce rachat », précise Pierre Garzon.
Les fruits et légumes de la ferme de l’Yonne fourniront les crèches
La commune, qui milite pour « le droit aux vacances », y organisera des séjours nature façon camping, à la journée ou sous tente puisque aucun bâtiment d’hébergement n’y sera construit. Les fruits et légumes de la ferme fourniront 45 % des 230 repas quotidiens des crèches villejuifoises et 100 paniers solidaires pour des familles en grande difficulté. Deux postes seront créés pour faire fonctionner cette régie agricole municipale : un responsable d’exploitation et un maraîcher.
Coût de la facture : 480 000 euros pour le rachat (305 000 euros pour les biens matériels, 175 000 euros pour les bâtiments), 150 000 euros de travaux (salle de convivialité, WC…) auxquels il faudra ajouter l’aménagement d’un pont, les salaires des deux fermiers, etc.
« Un investissement très lourd, vague et imprécis. Quel sera le coût de fonctionnement ? On n’en parle même pas ! tacle Christel Esclangon (MoDem), élue d’opposition. Où est l’intérêt général ? Cela ne profitera qu’à une très faible part de notre population. Pourquoi pas créer plutôt une ferme maraîchère locale comme Maisons-Alfort au pied de son fort ou contractualiser avec une ferme francilienne (Coubert, Savigny-le-Temple en Seine-et-Marne, Marcoussis en Essonne…) ? Et quel bilan carbone pour un lieu situé à 160 km par la route ? » « Avec cet argent, nous pourrions doubler le nombre de séjours de vacances », ajoute Sylvie Mantion (PS), adjointe chargée de la Tranquillité, dont le groupe a aussi voté contre.
Une ferme urbaine le long de l’A6
Villejuif n’a pas renoncé pour autant à l’idée de produire localement des fruits et légumes. Elle a ainsi identifié un terrain de 15 000 m2 près de l’A6 où installer une ferme urbaine. « Sa fonction et son design restent à définir », explique Philippe Meyne, élu chargé du sujet. Un contrat avec une filiale de l’école AgroParisTech a donc été validé en ce sens, mardi soir.
Ce bureau d’expertise est mandaté jusqu’au 1er septembre pour affiner le projet. Coût de la mission : 19 300 euros. Pierre Garzon souligne aussi le prix de l’agriculture de proximité, comparé au rachat de la ferme de l’Yonne : « On paye quatorze fois plus cher pour un terrain huit fois plus petit. »
Panneaux solaires, leds et récupérateurs d’eau de pluie
Les élus ont aussi validé l’adhésion et la prise de 25 parts sociales (2 500 euros) à la coopérative Sud Paris Soleil. « Elle a pour but d’installer des panneaux solaires sur les toitures, explique Christophe Achouri (PCF), élu chargé des Travaux. Arcueil, Cachan et Fresnes en font déjà partie. » « Ce modèle très intéressant fonctionne pour produire localement de l’énergie », se réjouit Sophie Taillé-Polian (Génération. s) qui a visité l’école de la Plaine à Cachan, dont le toit est équipé grâce à la coopérative.
Côté lampadaires, 400 000 euros seront alloués à leur modernisation. 70 % de l’éclairage public est déjà équipé de leds. L’objectif est d’atteindre 100 % d’ici fin 2024.
Des récupérateurs d’eau de pluie seront installés « sur le toit de la mairie pour arroser le parc Pablo-Neruda et sur le site des services techniques rue Ambroise-Croizat pour le nettoyage de la ville », annonce Christophe Achouri.
Enfin, Villejuif lance la collecte des téléphones portables usagés avec la société MonExTel. Ils seront valorisés par des travailleurs handicapés et revendus en seconde main. Un pourcentage de la revente sera versé à une association œuvrant pour l’environnement, choisie par la municipalité.
Eau : au revoir le Sedif, bonjour la régie de la Seine et de la Bièvre
Le divorce n’est pas prononcé mais les élus ont acté le début du processus ce mardi soir. Villejuif veut profiter du renouvellement de la délégation de service public avec le Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif) pour le quitter. Elle souhaite rejoindre la régie publique des eaux de la Seine et la Bièvre, en cours de création. Neuf villes en font déjà partie (Arcueil, Cachan, Chevilly-Larue, Fresnes, Gentilly, Ivry, Kremlin-Bicêtre, Orly et Vitry).
L’enjeu est de taille pour Villejuif, 3e ville la plus consommatrice d’eau du Grand Orly Seine Bièvre (3,4 millions de m3 en 2021). « L’eau est un bien fondamental qui doit échapper aux intérêts privés », plaide Pierre Garzon, qui espère obtenir de meilleurs tarifs qu’en restant au Sedif. « Avec 70 km de canalisation dont 40 % en fonte grise qui nécessiteront une probable rénovation à l’avenir, on risque de ne pas avoir les moyens de les entretenir », s’inquiète Christel Esclangon.
2023-05-10 18:42:00
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