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Expulsion : Grande-Bretagne : la loi rwandaise lève un obstacle

Expulsion : Grande-Bretagne : la loi rwandaise lève un obstacle

2024-01-18 19:26:00

Pour le Premier ministre britannique Rishi Sunak, le différend sur les projets de son gouvernement au Rwanda est loin d’être terminé.

Photo : AFP/POOL/ Stéphane Rousseau

Le Premier ministre Rishi Sunak veut faire preuve de confiance en montant sur le podium dans sa résidence officielle de Downing Street jeudi matin. « Le parti conservateur s’est réuni et le projet de loi sur le Rwanda a été adopté », déclare Sunak en regardant la caméra. “Maintenant, il est temps que les Lords adoptent également cette loi.”

La loi envisagée stipule unilatéralement que le Rwanda, en Afrique de l’Est, constitue un pays tiers sûr pour les réfugiés venus en Grande-Bretagne. Les tribunaux ne devraient plus être autorisés à examiner cette question. Les critiques considèrent, à juste titre, le projet de loi comme une intervention autoritaire dans l’indépendance du pouvoir judiciaire.

Au cours des deux jours de débat à la Chambre des communes, mardi et mercredi, l’unité promise par les conservateurs n’a pas été visible. Plus de 60 rebelles de la frange droite du parti conservateur ont voté contre la volonté du gouvernement d’adopter une série d’amendements visant à durcir davantage la loi. Deux dirigeants adjoints du parti ont même démissionné de leurs fonctions de dirigeants adjoints du parti afin de pouvoir rejoindre les rebelles.

La seule raison pour laquelle les amendements n’ont pas été adoptés est que l’opposition a également voté contre. Lors du vote final sur la question de savoir si le projet de loi devait passer au prochain tour du processus législatif, les rebelles ont probablement accepté avant tout pour ne pas faire tomber Sunak par inadvertance.

Les querelles au sein du parti font la une des journaux. Cela nuit encore davantage à la réputation déjà écornée du premier ministre. Lors d’un récent sondage électoral, le parti travailliste d’opposition a augmenté son avance sur les conservateurs à 27 pour cent.

Et de nouveaux différends sur la loi rwandaise sont garantis. À la Chambre des Lords, où les Tories ne disposent pas de majorité, la résistance se construit depuis des semaines. L’avocat Alex Carlile, qui siège à la Chambre haute en tant que non-parti, a qualifié ce projet de “pas vers le totalitarisme”. Les membres de la Chambre haute pourraient voter pour leurs propres amendements ou tenter de bloquer complètement le projet de loi.

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Sunak a hérité des projets d’expulsion controversés de son prédécesseur Boris Johnson. Il l’a annoncé en avril 2022, au moment même où il résistait aux appels à sa démission après une série de scandales. Peu de temps après, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Priti Patel, et le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta, ont signé un accord correspondant.

Les expulsions visent à empêcher les réfugiés d’arriver en Grande-Bretagne par bateau en provenance de France via la Manche. Chaque année, des milliers de personnes tentent de franchir la dangereuse traversée. Leur nombre est relativement gérable : l’année dernière, moins de 30 000 personnes sont arrivées en Grande-Bretagne par ce biais. Selon l’agence statistique ONS, le nombre net d’immigrés (légaux et irréguliers) était de 745 000 en 2022. Jusqu’à présent, le Rwanda n’a pu accueillir que quelques centaines de réfugiés par an. Et ce, même si Londres a déjà transféré au moins 240 millions de livres à Kigali.

Le phénomène des réfugiés en bateau est une conséquence directe de la sortie de l’UE. Depuis la fin de la période de transition du Brexit début 2021, la Grande-Bretagne n’a plus d’accord de rapatriement des réfugiés avec ses voisins européens.

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Les projets du Rwanda se sont rapidement heurtés à des obstacles juridiques. La Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg a arrêté le premier vol prévu vers le Rwanda en juin 2022. Les tribunaux britanniques ont commencé à s’occuper des expulsions prévues. La Cour suprême de Londres, la plus haute juridiction du pays, a déclaré ces projets illégaux en octobre dernier.

Le gouvernement de Rishi Sunak a ensuite signé en décembre un accord légèrement modifié avec Kigali. Et elle a lancé le projet de loi controversé avec lequel les critiques estiment que Londres veut ignorer les tribunaux et le droit international.

Le gouvernement rwandais réagit désormais de plus en plus avec agacement aux querelles à Londres. Il n’est pas étonnant, après tout, que le conflit mette à plusieurs reprises sous le feu des projecteurs la situation problématique des droits de l’homme dans le pays.

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