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Explication : Qu’est-ce qui a déclenché les troubles civils meurtriers en Nouvelle-Calédonie ?

Explication : Qu’est-ce qui a déclenché les troubles civils meurtriers en Nouvelle-Calédonie ?

Un barrage routier temporaire en feu installé par des manifestants est visible à Nouméa le 14 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnel visant à élargir l’électorat pour les prochaines élections du territoire français d’outre-mer de Nouvelle-Calédonie. Photo : AFP / Mathurin Derel

Quatre personnes ont été confirmées mortes jusqu’à présent, des centaines de blessés, de nombreux incendies et des pillages massifs ont été signalés après des émeutes massives et des affrontements armés entre des manifestants indigènes kanak pro-indépendance et les forces de sécurité à Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie, depuis lundi.

La nation a sombré dans le chaos, la violence y mettant un terme total. Tous les vols internationaux sont cloués au sol et l’état d’urgence a été déclaré mercredi par le président français Emmanuel Macron.

Paris a envoyé 1 200 policiers supplémentaires et espère que l’état d’urgence de deux semaines – qui donne à la France « des pouvoirs renforcés pour assurer le maintien de l’ordre, qui peuvent inclure « des interdictions de conduire, des assignations à résidence et des perquisitions » – contiendra la violence et rétablir l’ordre.

Où se trouve la Nouvelle-Calédonie ?

La Nouvelle-Calédonie est un territoire français d’outre-mer situé dans le sud-ouest du Pacifique, à trois heures de vol d’Auckland.

Il a une population de environ 270 000 personnes – 44 pour cent d’autochtones Kanak (Mélanésiens), 34 pour cent d’Européens (caldoche), principalement des Français, ainsi que d’autres groupes minoritaires, dont des Wallisiens et des Tahitiens. Plus d’un tiers de la population vit dans la capitale Nouméa.

Quelle est la relation entre la Nouvelle-Calédonie et la France ?

La Nouvelle-Calédonie est devenue un territoire français d’outre-mer il y a près de quatre-vingts ans, en 1946, et dispose d’une autonomie limitée au sein du système juridique français.

Le président français est le chef de l’État. La Nouvelle-Calédonie a des représentants au Parlement français, à la fois à l’Assemblée nationale et au Sénat. Si la Nouvelle-Calédonie jouit d’une certaine autonomie, elle dépend de la France pour la défense, la sécurité intérieure et diverses autres questions.

Un grand panache de fumée noire en Nouvelle-Calédonie lors de troubles civils. Photo : Twitter / @ncla1ere

L’Accord de Nouméa signé en 1998 a tracé la voie vers une autonomie progressive et restreint le droit de vote aux autochtones Kanak et aux migrants vivant en Nouvelle-Calédonie avant 1998. En vertu de l’Accord, la Nouvelle-Calédonie était autorisée à organiser trois référendums pour déterminer l’avenir du pays.

Quels ont été les résultats des référendums sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie ?

Plus de 25 ans après sa mise en œuvre, l’Accord, sorte de Constitution de facto embryonnaire pour la Nouvelle-Calédonie, est désormais considéré par la France comme ayant atteint sa date d’expiration après la tenue de trois référendums d’autodétermination en 2018, 2020 et 2021.

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Tout cela a abouti au refus de l’indépendance de l’archipel français du Pacifique.

  • 2018 : 56,67 pour cent ont voté contre l’indépendance et 43,33 pour cent pour.
  • 2020 : 53,26 pour cent ont voté contre l’indépendance et 46,74 pour cent pour.
  • 2021 : 96,5 pour cent ont voté contre l’indépendance et 3,5 pour cent pour.

Cependant, le troisième et dernier vote en 2021 – au plus fort de la pandémie de Covid – dans le cadre de l’Accord de Nouméa a été boycotté par la population kanak pro-indigène. Lors du vote de 2021, 96 pour cent des citoyens ont voté contre l’indépendance, avec un taux de participation de 44 pour cent. Il a été qualifié de non valable par les dirigeants mélanésiens en raison de la non-participation du peuple kanak.

“Nous étions au milieu de [the] Covid [pandemic] et la coutume kanak est que lorsque quelqu’un passe le deuil, cela dure un an. Ils n’avaient donc pas cette liberté”, a déclaré mercredi le secrétaire général sortant du Forum des îles du Pacifique, Henry Puna.

“En conséquence, ils n’ont pas voulu participer au référendum parce qu’ils ne pouvaient pas aller à l’encontre de leur tradition et faire campagne ou faire d’autres travaux. C’est irrespectueux envers la coutume.”

Des voitures incendiées en Nouvelle-Calédonie lors de troubles civils. Photo : Twitter / @ncla1ere

Depuis le dernier référendum, de nombreuses tentatives ont été faites pour réunir tous les partis politiques locaux autour d’une même table afin de trouver un successeur à l’Accord de Nouméa.

Cela devrait être le résultat de pourparlers inclusifs et bipartites, mais ces réunions n’ont pas encore eu lieu, du moins dans des conditions inclusives, principalement en raison de différences entre (mais aussi au sein) des partis indépendantistes et pro-France.

Comment cela a-t-il abouti à des troubles violents ?

Mercredi peu après minuit, heure de Paris, l’Assemblée nationale française a voté par 351 voix pour (principalement des partis de droite) et 153 voix contre (principalement des partis de gauche) les amendements constitutionnels proposés qui ont déclenché les malheureuses manifestations de lundi.

Cela fait suite à des heures de débats houleux sur la pertinence d’un tel texte, auquel les partis indépendantistes de Nouvelle-Calédonie s’opposent fermement car, selon eux, il présente un risque sérieux et pourrait réduire leur représentation politique dans les institutions locales (la Nouvelle-Calédonie compte trois assemblées provinciales comme ainsi que le parlement local, appelé son Congrès).

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Les partis indépendantistes de Nouvelle-Calédonie avaient demandé au gouvernement de retirer le texte et d’envoyer à la place une « mission de dialogue » de haut niveau à Nouméa.

Les amendements constitutionnels proposés ont été déposés par le ministre français de l’Intérieur et de l’Outre-mer, Gérald Darmanin. Le texte vise à « dégeler » ou ouvrir la liste électorale restreinte à ceux qui résident en Nouvelle-Calédonie depuis dix ans de manière ininterrompue.

Mais il n’a pas achevé son chemin législatif.

Après son aval par le Sénat (le 2 avril 2024, avec amendements) et l’Assemblée nationale (le 15 mai 2024), il doit encore être soumis au vote du Congrès français (séance commune des deux chambres du Parlement français, l’Assemblée nationale et le Sénat) et obtenir la majorité requise des trois cinquièmes, soit 60 pour cent.

La gendarmerie française debout avec ses boucliers à l’entrée du quartier de la Vallée-du-Tir, à Nouméa, le 14 mai 2024. Photo : AFP / Théo Rouby

Que disent les dirigeants politiques ?

De nombreux appels au calme et à l’apaisement ont été lancés de toutes parts. Après que le président calédonien Louis Mapou ait demandé mardi un retour à la raison, le FLNKS, l’instance faîtière des partis politiques indépendantistes, a également publié mercredi un communiqué appelant au “calme et à l’apaisement” et à la levée des blocus.

Tout en « regrettant » et « déplorant » les derniers développements, le groupe indépendantiste a rappelé qu’il avait demandé le retrait de la proposition d’amendement du gouvernement français sur les changements électoraux en Nouvelle-Calédonie afin de « préserver les conditions permettant de parvenir à un accord politique global entre tous les partis et l’État français ».

“Cependant, cette situation ne peut justifier de mettre en péril la paix et tout ce qui a été mis en œuvre pour un “vivre ensemble” durable et une sortie du système de colonisation”, indique le communiqué du FLNKS.

Le FLNKS a également noté que pour être validé, l’amendement controversé doit encore être soumis au vote du Congrès français (réunion de l’Assemblée et du Sénat) et que le président français Macron a indiqué qu’il ne convoquerait pas la réunion des deux Les chambres du Parlement français doivent immédiatement “donner une chance au dialogue et au consensus”.

“C’est une opportunité que le FLNKS souhaite saisir pour que les revendications de chacun, y compris celles des manifestants, puissent être entendues et prises en compte”, indique le communiqué.

Un véhicule blindé de la Gendarmerie passe devant le barrage filtrant installé sur les rades, Promenade Pierre Vernier, à Nouméa. Photo : AFP / Delphine Mayeur

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Le président de la province des Îles Loyauté, Jacques Lalié (indépendantiste) a appelé mercredi à “l’apaisement” et à “que nos jeunes respectent les valeurs symbolisées par notre drapeau et maintiennent la dignité dans leur engagement sans succomber aux provocations”.

“Une priorité absolue doit être donnée au dialogue et à la recherche de renseignements pour parvenir à un consensus”, a déclaré Jacques Lalié.

Le haut-commissaire français en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, a déclaré à la presse qu’il ferait appel aux forces militaires si nécessaire et que des renforts seraient envoyés jeudi.

Quelle est la prochaine étape?

Le président Macron a adressé une invitation par lettre aux responsables politiques calédoniens pour une réunion à Paris.

“Il s’agira de trouver collectivement et de manière responsable, un accord qui dépasserait la seule question des listes électorales tout en tenant compte des évolutions et des aspirations de chacun”, a-t-il écrit.

Il pourrait également traiter des problèmes urgents auxquels est confrontée la Nouvelle-Calédonie, comme la crise économique actuelle (principalement dans le secteur de l’industrie du nickel).

Macron a également déclaré qu’il ne convoquerait pas le Congrès français immédiatement, mais qu’il lui accorderait un certain temps pour le faire, probablement d’ici la fin juin.

De la fumée s’élève à Nouméa le 14 mai 2024 au milieu des manifestations en Nouvelle-Calédonie. Photo : AFP

La réunion proposée à Paris pourrait avoir lieu d’ici fin mai et se tiendrait sous la supervision du Premier ministre français Gabriel Attal. “Je crois toujours qu’un accord est possible”, a écrit le chef de l’Etat français, ajoutant que si cela se produisait, alors “un nouveau projet de loi constitutionnelle serait déposé par le gouvernement”.

Macron a également fermement condamné, dans la même lettre, les « violences, destructions, intimidations et agressions inacceptables contre les personnes, les biens et les forces de l’ordre » qui ont eu lieu en Nouvelle-Calédonie depuis trois jours.

Mercredi, réagissant aux derniers développements et aux premiers décès à Nouméa, il a également appelé au calme.

Le Premier ministre français Gabriel Attal, s’exprimant mardi devant l’Assemblée nationale, a souligné l’opportunité d’une reprise des négociations et a appelé les parties néo-calédoniennes à “saisir l’opportunité de cette main tendue” pour reprendre le dialogue.

“Seul le dialogue nous permettra d’apaiser les tensions. Notre main reste tendue. Nous avons besoin d’une solution politique inclusive qui puisse satisfaire toutes les parties prenantes et c’est pourquoi nous proposons aux dirigeants calédoniens de discuter et de construire ensemble l’avenir de la Nouvelle-Calédonie”, a-t-il déclaré au Parlement. pendant l’heure des questions.

2024-05-17 16:43:59
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