Et soudain la réalité nous gifle (2012)

Et soudain, la réalité arrive et nous gifle. Et puis on se rend compte qu’on ne vit pas dans un pays normal. Voyons ça Il y a quelques jours, j’ai perdu mon téléphone portable, un Orange, et après avoir effectué les démarches pour bloquer le numéro, je suis allé à Vic pour en acquérir un autre. Très gentiment, ils m’offrent même un nouvel appareil gratuit en guise de fidélité. Rien à dire. En rentrant chez moi, j’essaye de le configurer et vérifie qu’il n’y a pas d’option de langue catalane. Il existe 18 langues, dont la plupart comptent moins de locuteurs, mais aucune trace de catalan. Je retourne au magasin et demande s’il n’y a pas de modèles en catalan. Heureusement il y en a. Mais ils ne peuvent pas le changer à ma place car ce n’est pas prévu. Si le mobile avait un défaut technique, pas de problème, ils me l’échangeraient ; mais le fait que cet appareil ne dispose pas de la langue propre à la Catalogne n’est pas un défaut. De plus, ils m’ont dit que mon obligation, si je voulais un téléphone portable en catalan, était de le demander expressément. Et on me dit qu’à Vic, la ville où, selon l’Institut statistique de Catalogne (Idescat), 96 % des citoyens comprennent le catalan et 86 % savent le parler. Jusqu’ici l’anecdote. Ensuite, vous réalisez que vous ne vivez pas dans un pays normal. Que les hispanophones ont leur vie réglée. Et vous vous demandez : pourquoi un catalan doit-il avoir une qualité de vie inférieure ? Pourquoi votre identité ne bénéficierait-elle pas des avantages que le progrès technologique met à votre disposition ? Nous sommes de retour dans le long et dégoûtant parcours du combattant. Aujourd’hui, les chaînes de télévision de Catalogne diffusent en catalan les films et les séries déjà doublés par la Televisió de Catalunya : la Société catalane des médias leur confiera le doublage. Mais on ne peut pas encore en dire autant du contenu des DVD, et l’on sait déjà ce qui se passe dans les cinémas malgré la législation votée et le bonrotliisme du gouvernement. Pourquoi l’État espagnol ne respecte-t-il pas le mandat constitutionnel d’accorder un respect et une protection particuliers à la langue catalane ? […] Le président de la Generalitat a déclaré textuellement lors de la dernière séance plénière : « Avec la moitié du pacte fiscal, la Catalogne aurait un déficit zéro et il resterait encore de l’argent pour ne pas avoir à faire les ajustements que nous effectuons ». Derrière cette affirmation se cachent des chiffres, des bilans fiscaux, des rapports… et elle montre l’étouffement économique auquel l’État soumet la Catalogne et que les médias espagnols ignorent. Nous, démocrates, savons que l’indépendance n’arrivera que lorsque nombre de ceux qui ne sont pas encore indépendantistes le voudront. Mais cet exercice ne sera gratuit que si le praticien dispose de toutes les informations. L’avenir de la Catalogne dépendra de l’information fournie par les faits et la réalité. Cela dépendra autant de l’indigné parce qu’il acquiert un téléphone portable qui ne contient pas la langue de son pays que du citoyen catalan monolingue en espagnol qui est désespéré parce qu’il ne sait pas que l’asphyxie financière limite ses droits. Des sentiments et des intérêts qui sont la force qui anime les peuples.