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Entraînement militaire en Ukraine: des civils se préparent à la guerre

Entraînement militaire en Ukraine: des civils se préparent à la guerre

Le regard tourné vers une maison d’où résonnent des tirs de fusils d’assaut, un jeune homme en treillis siffle entre ses dents : “Putain, heureusement que je ne suis pas là-dedans.” Une explosion sourde retentit. “300 ! 300 !” hurlent plusieurs voix, faisant référence au code utilisé pour désigner les blessés dans l’armée ukrainienne.

Un petit groupe sort de la maison et traîne un garçon et une fille en les tirant par leurs gilets pare-balles. En tenue de combat, Mykyta Anykanov se jette sur eux, pose un garrot sur une première jambe avant de demander à la jeune blessée, le souffle court : “T’as un tourniquet ?” “Je n’en ai pas”, répond-elle. “Comment ça, t’en as pas ? Putain ! Qui a un tourniquet ?”

Un léger sourire se dessine sur le visage rougi par l’effort de Roksolana Surmenko, 20 ans, qui joue le rôle du soldat touché, avant de laisser place à un petit rire. Un moment de légèreté rappelant que tout ceci n’est qu’un entraînement.

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Entraînement militaire dans le centre BetaTactic, dans la région de Poltava (Ukraine), le 15 octobre 2023. Durant un exercice de combat, des stagiaires simulent des blessures.

La sortie de deux heures à travers bois et clairières, dans des conditions proches de la “réalité” et de la violence de la guerre qui se déroule à quelques centaines de kilomètres du camp d’entraînement, dans la région de Poltava, à 200 kilomètres au sud-est de Kiev, marque la fin d’une formation de trois jours réservée aux civils.

Ici, huit jeunes âgés de 20 à 30 ans, tous originaires de la capitale ukrainienne, suivent le programme. Au menu : médecine de guerre, tirs avec différentes armes, formation aux explosifs, utilisation de balles réelles sur des ballons représentant l’ennemi… Ce 15 octobre, la dernière étape, dirigée par des instructeurs militaires stricts, consiste à simuler l’assaut d’un petit groupe de soldats. Juste avant, le directeur du camp BetaTactic, Mykhailo Slousarenko, avait prévenu ses “élèves” : “Si vous me dites que vous êtes fatigués ou que vous en avez marre, comprenez bien que je n’en ai rien à foutre.”

Prêts

La fin de l’entraînement, ponctuée de cris de joie, de photos et de vidéos qui finiront inévitablement sur les réseaux sociaux, dissimule une réalité bien moins réjouissante. Celle de jeunes citadins qui se rendent dans ce centre pour être “prêts” à se battre : “des gens motivés et intelligents, artistes, programmeurs, designers, la fleur de la nation” comme les décrit Petro Khimitch, un instructeur chargé de la formation sur les mines.

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“Les civils comprennent qu’ils seront mobilisés un jour ou l’autre”, explique Dmytro Satskiy, l’un des soldats formateurs. “Il y a des choses qu’ils ne pourront apprendre que sur la ligne de front”, ajoute de son côté Mykhaïlo Slousarenko, qui constate un intérêt croissant des civils pour ces formations. “Mais nous essayons de leur enseigner les bases autant que possible. Et ici, ils ont le droit à l’erreur.”

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