Avec son sweat à capuche rouge, ses baskets et son visage adulescent, Michel Picot aurait pu prendre place dans l’assistance. C’est bien debout et micro en main que ce directeur artistique, passé par la société américaine à l’origine de la franchise World of Warcraft, fait face, ce mercredi après-midi, à une quinzaine de jeunes hommes et femmes dans la salle des Tilleuls à Villepinte (Seine-Saint-Denis), point d’étape d’une opération inédite mêlant insertion et… jeux vidéo !
Fin juin, la mission locale de l’établissement public territorial Paris Terres d’envol (qui regroupe Aulnay-sous-Bois, Drancy, Dugny, Le Blanc-Mesnil, Le Bourget, Sevran, Tremblay-en-France et Villepinte) organisait la première session de l’événement « Du gaming à l’emploi », en partenariat avec Atletec, une entreprise française spécialisée dans l’e-sport. Objectif affiché : attirer son public cible — des habitants du territoire âgés de 16 à 25 ans déscolarisés ou en recherche d’emploi — à une série d’événements visant à leur faire découvrir les métiers du secteur vidéoludique.
« On cherchait une action qui nous permettait d’être innovant et on a rencontré Atletec, qui, de son côté, était en démarche d’insertion, expose Grégory Chavaroc, conseiller municipal de Drancy qui préside la mission locale. Nous sommes les premiers à proposer ça en France. » L’initiative intervient après une restructuration, qui a vu, fin 2021, les communes de Drancy et du Blanc-Mesnil se séparer de la mission locale qu’elles partageaient avec Bobigny pour former une nouvelle entité aux côtés du Bourget et Dugny.
« Du gaming à l’emploi » se veut l’illustration d’« une nouvelle politique ambitieuse portée sur l’innovation », explique Didier Dubois, chargé de projets emploi au sein de la mission locale de Paris Terres d’envol et organisateur en chef des différents événements de l’opération.
Celle-ci prend la forme de 18 dates** mêlant masterclass, tournois d’e-sport et sessions de job dating « disruptif », lors desquelles recruteurs et chercheurs d’emploi brisent la glace grâce à des parties de jeux vidéo sans connaître le statut des uns et des autres.
« Le gaming, c’est comme le cinéma : on peut tout faire »
« L’e-sport est une activité en pleine expansion, qui plaît aux jeunes de 16 à 25 ans, observe Didier Dubois. C’est une thématique qui permet de les rapprocher des structures publiques de l’emploi, de raccrocher les wagons pour les accompagner individuellement. C’est un prétexte pour les faire venir, mais c’est aussi une opportunité de développement, car on leur offre une vision très large des métiers du secteur. On leur montre qu’on peut transformer sa passion en métier. »
Ce mercredi après-midi, la masterclass de Michel Picot porte sur le graphisme dans l’univers de l’e-sport. La précédente, organisée en septembre à Sevran sur le thème de l’événementiel, a piqué la curiosité d’une soixantaine de personnes. « Ça parle aux jeunes », veut croire Grégory Chavaroc.
Océane ne dira pas l’inverse. À 23 ans, cette habitante de Villepinte a abandonné ses études supérieures en langues étrangères à Toulouse (Haute-Garonne) avec l’épidémie de Covid-19. Elle a finalement décidé de revenir à ses premières amours : le dessin. « Petite, je dessinais beaucoup, raconte-t-elle. À long terme, je sais que je veux travailler dans un domaine d’expression artistique. La direction artistique, ça me parle. Je me suis déjà renseignée sur les formations aux métiers du design et du graphisme. »
Création et liberté, deux maîtres-mots du secteur selon Michel Picot. « Le gaming, c’est comme le cinéma : on peut tout faire, lance-t-il à l’assistance après la diffusion d’un spot publicitaire qu’il a dirigé. C’est à vous d’être malin. »
**La prochaine session de l’opération « Du gaming à l’emploi » aura lieu le mercredi 25 octobre à 14 heures à l’espace Angela-Davis à Tremblay-en-France. Elle portera sur la création de contenus.
2023-10-12 10:00:00
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