Emmanuelle Béart brise le silence sur les violences sexuelles dans un documentaire poignant

L’actrice française revient dans un documentaire qui sera diffusé sur M6 sur des viols subis entre l’âge de 10 et 14 ans. Quatre autres victimes témoignent.

Elle met fin à plusieurs années de silence. L’actrice Emmanuelle Béart révèle publiquement qu’elle a été victime d’inceste entre l’âge de 10 et 14 ans, dans le cadre du documentaire Un silence si bruyant qu’elle a co-réalisé et qui sera diffusé sur M6 le 24 septembre à 23 h 10. «Je ne voulais pas prendre la parole, je voulais faire un espace de parole pour les autres. Confrontée à eux, à leur sincérité, à leur courage, je me suis dit que je devais moi aussi parler» a expliqué l’actrice dans un message vidéo projeté à la presse avant le film. «C’est un projet que je porte dans ma tête depuis que j’ai 19 ans» a ajouté celle qui a été révélée par le film Manon des sources en 1986.

«Son agresseur n’était pas Guy Béart» son père chanteur décédé en 2015, a souligné la coréalisatrice, Anastasia Mikova, mardi 5 septembre lors de la présentation du documentaire à la presse dans les locaux de M6. La coréalisatrice a indiqué avoir fait cette précision à la demande de l’actrice de 60 ans, qui n’était pas elle-même présente pour «raisons familiales». Emmanuelle Béart précise qu’elle «ne souhaite pas» dévoiler l’identité de son agresseur, car cela n’est pas «la démarche» du film, a poursuivi sa coréalisatrice et amie.

La Secrétaire d’État chargée de l’Enfance, Charlotte Caubel, a réagi sur X (Twitter) en «saluant le courage d’Emmanuelle Béart et de celles et ceux qui témoignent à ses côtés». La secrétaire d’Etat estime que ce documentaire est «une étape fondamentale pour saisir les violences sexuelles infligées aux enfants, et rompre le silence qui les entoure». Une avant-première du documentaire sera organisée le 19 septembre 2023 au ministère avant l’annonce d’une «campagne gouvernementale dans les prochains jours» selon le cabinet de Charlotte Caubel.

160 000 enfants victimes par an

Dans ce documentaire, les deux femmes recueillent la parole de quatre autres victimes d’inceste, et Emmanuelle Béart livre en écho des éléments de sa propre histoire. «Si mon père, ma mère, mon école, mes amis ne voient rien, c’est que tout peut recommencer, et tu recommenceras pendant 4 ans» dit-elle en voix off en s’adressant à la personne qui l’a agressée. Selon elle, c’est sa grand-mère qui a «sauvé (sa) peau».

Le documentaire «n’est pas un film sur des victimes, mais sur des êtres qui ont été victimes et qui se battent» a déclaré Emmanuelle Béart dans un entretien au revue Elle publié mardi. Les témoins sont Norma, violée par son grand-père dans son enfance, Pascale, qui a occulté jusqu’à la cinquantaine les abus infligés par son père, Sarah, dont l’ex-compagnon a abusé de leur petite fille entre 4 et 8 ans, et Joachim, qui accuse ses parents d’inceste, ce qu’ils nient.

Selon la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) créée en 2021 par le gouvernement, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France et 5,5 millions d’adultes ont été victimes dans leur enfance, le plus souvent au sein de leur famille. Une situation qui nécessite une «réponse politique et sociétale» a plaidé Emmanuelle Béart.