Emmanuel Macron Speech in Brazil Criticizing Mercosur Agreement: Biodiversity and Climate Concerns

Envoyé spécial à São Paulo,

«Je préfère mettre les pieds dans le plat…» Devant le parterre d’hommes d’affaires qui l’écoute à São Paulo, ce jeudi, Emmanuel Macron aborde le sujet qui fâche. Le traité de libre-échange en discussion entre l’Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur est l’une des divergences entre la France et le Brésil, où le président de la République est en visite d’État jusqu’à vendredi.

«Le Mercosur, tel qu’il est aujourd’hui négocié, est un très mauvais accord, pour vous et pour nous», affirme Emmanuel Macron, invité à prononcer le discours de clôture d’un forum économique. Il répète ainsi une position qu’il tient depuis 2019, mais plus insistante encore depuis les manifestations d’agriculteurs, qui craignent la concurrence de la viande brésilienne et argentine en cas de levée des tarifs douaniers.

«Bâtissons un nouvel accord»

«C’est un accord qui a été négocié il y a vingt ans», poursuit Emmanuel Macron, pointant «une grammaire ancienne», alors que les discussions du traité ont débuté en 1999. «Dans cet accord, il n’y a rien qui prend en compte le sujet de la biodiversité et du climat», enfonce-t-il. «Quand je demande à des agriculteurs de se passer de pesticides, je ne peux pas, dans la même seconde, dire: je vais ouvrir mon marché avec des règles hétérogènes et permettre à des gens qui ne suivent pas les mêmes règles d’importer massivement sans tarif. On va perdre tout le monde.»

«Finissons-en avec le Mercosur d’il y a 20 ans ! Bâtissons un nouvel accord (…) qui soit responsable d’un point de vue de développement, de climat et de biodiversité» lance ensuite Emmanuel Macron. «Un accord de nouvelle génération avec des clauses miroirs qui facilitera l’accès au marché européen de vos entreprises» conclut-il.

Calendrier électoral

Le chef de l’État aura l’occasion d’aborder ce sujet avec son homologue Luiz Inacio Lula da Silva lors des échanges bilatéraux qui concluront sa visite, ce vendredi à Brasilia. Dans son entourage, on précise que les Brésiliens ne sont pas opposés à l’idée de négocier une nouvelle mouture de l’accord, même si le Mercosur compte aussi l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie. Mais alors que la négociation des traités commerciaux est une compétence de la Commission européenne, l’Élysée compte surtout renvoyer la balle à la prochaine équipe bruxelloise, qui sera formée après les élections européennes.

Une volonté principalement dictée par ce calendrier électoral, alors que les accords de libre-échange se sont invités dans la campagne française, sur fond de crise agricole. Le Sénat a rejeté la ratification du Ceta, traité signé entre l’UE et le Canada, et le gouvernement manœuvre pour ne pas que l’Assemblée nationale l’examine à son tour avant le scrutin du 9 juin. Contrairement au Mercosur, Emmanuel Macron soutient le Ceta, mais les oppositions de gauche comme de droite souhaitent faire capoter sa mise en application.