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Emma Bruschi, l’orfèvre de la paille

Emma Bruschi, l’orfèvre de la paille
Emma Bruschi dans son atelier à Ambilly, en Haute-Savoie, le 13 octobre 2022.

En étudiant Les Fleurs du mal au lycée, Emma Bruschi a sûrement retenu ce vers fameux de Baudelaire qui parle de changer la boue en or. C’est le même genre d’alchimie que la créatrice de 26 ans opère avec la paille, « une matière première brute et pauvre, en même temps qu’un symbole fort du milieu agricole et rural ». Un environnement qu’elle connaît par cœur, en digne petite-fille de paysans haut-savoyards, du côté maternel.

Emma Bruschi, qui a grandi à Marseille, décroche en 2019 un master en design mode et accessoires à la Haute Ecole d’art et de design de Genève, pas très loin de l’endroit où elle vit aujourd’hui. Pour son projet de fin d’études, elle s’inspire de L’Almanach savoyard, qu’elle a toujours vu sur la table de ses grands-parents. La publication annuelle éditée depuis 1946 compile des informations sur la région, mais aussi les cycles de la Lune ou les activités en lien avec la nature, à pratiquer selon les saisons.

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« C’est cet aspect domestique qui m’intéressait. Autrefois, tout le monde savait filer la laine, travailler l’osier… », regrette-t-elle. Au Musée de la paille, à Wohlen (Suisse), l’étudiante a été subjuguée par les ­créations historiques qui y sont exposées, où « la paille transformée s’apparente à de l’or, à de la bijouterie délicate ». Pour boucler son diplôme, elle réalise à son tour des vêtements et des accessoires qui allient le tressage de la paille à des techniques de confection : macramé, tricot, fabrication de boutons…

Spectaculaires et fragiles

Fraîchement diplômée, Emma Bruschi présente, en 2020, cette collection, baptisée « Almanach », au Festival de mode d’Hyèresen la complétant de pièces inédites. Parmi elles, une magnifique paire de boucles d’oreilles réalisée en partenariat avec le plumassier Lemarié, qui lui vaut le prix 19M des Métiers d’art de Chanel… Plus intéressée par le patrimoine agricole et l’artisanat que par la mode traditionnelle, la jeune Marseillaise démarre ensuite un stage à la revue Reconquérir. L’an passé, toujours avec Reconquérirelle a supervisé dans les murs de 19M – lieu pluridisciplinaire consacré aux métiers d’art imaginé par Chanel – un atelier sur le tweed végétal, pour apprendre aux collégiens d’Aubervilliers à associer des plantes séchées à l’étoffe emblématique de la maison de couture.

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Mais, de toutes les matières, c’est la paille qu’Emma Bruschi ­préfère. Persuadée qu’elle n’exploite encore qu’une infime partie des possibilités offertes par cette matière première, la styliste du végétal recherche en permanence des outils oubliés et les artisans qui en connaissent l’usage. « Un vrai travail d’archéologue », dit-elle. La fibre, qu’elle transforme en cordelette de paille à l’aide d’un rouet pour mieux la maîtriser, provient aujourd’hui du seigle, qu’elle cultive de A à Z sur les terres familiales.

Création d’Emma Bruschi. Création d’Emma Bruschi.

Une fois par an, à la mi-juin, a lieu la récolte : « Une journée à part, un moment de partage entre générations. Les anciens fauchent le seigle, on prépare des gerbes, j’explique comment faire des bouquets de moisson… Il y a un grand pique-nique, de la musique. Cette année, nous avons appris des danses folkloriques au son de l’accordéon… »

Les trois cent soixante-quatre jours restants, dans un atelier situé à deux pas de la grange de ses aïeuls, Emma Bruschi crochète, tresse et brode la paille ainsi récoltée, pour réaliser des bijoux, des sacs ou des bouquets de moisson vendus par le biais de son compte Instagram, la Villa Noailles, à Hyères, ou la boutique Sessùn Alma, à Marseille. D’autres pièces, plus spectaculaires et plus fragiles – comme une chemise en paille entièrement ­crochetée qui a nécessité quatre cents heures de travail –, sont exposées au Musée du design de Zurich ou au Musée de la paille. Un juste retour des choses.

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emmabruschi.fr
@ emma.bruschi

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