Nouvelles Du Monde

Économie suisse: Le grand bilan trimestriel

Économie suisse: Le grand bilan trimestriel

2023-04-16 11:00:00

La chute du Credit Suisse et son rachat forcé par UBS ont dominé l’actualité économique et politique récente en Suisse. © Clé de voûte / Michael Buholzer

Crise bancaire, inflation, hausse des taux d’intérêt – l’économie suisse est aux prises avec de nombreux défis depuis le début de l’année. Nos journalistes d’affaires vous tiendront au courant avec un rapport d’étape complet tous les trois mois.

Ce contenu a été publié le 16 avril 2023


minutes

1) Prévision de croissance légèrement revue à la hausse

Mi-mars, le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) a légèrement relevé sa prévision de croissance du produit intérieur brut suisse à 1,1%, contre 1% dans sa dernière estimation mi-décembre. Pour 2024, les économistes fédéraux tablent désormais sur une croissance de 1,5% au lieu des 1,6% précédemment attendus. Selon communicationlien externe par le SECO, la Chine connaît actuellement une forte reprise, alors que “la situation énergétique en Europe s’est détendu ces derniers mois”. Cependant, l’inflation sous-jacente dans les grands pays industrialisés a évolué moins favorablement que prévu, ce qui devrait conduire à un resserrement de la politique monétaire et à un ralentissement de la demande mondiale.

En ce qui concerne l’inflation, les prévisions de la Banque nationale suisse (BNS) de fin mars sont encore relativement élevées. Le 23 mars, la BNS a relevé son taux directeur de 50 points de base à 1,5 %. Selon les prévisions de la BNS, l’inflation devrait atteindre 2,6% en 2023 et 2% en 2024 et 2025.

2) Le secteur bancaire sous le choc après la débâcle du CS

L’année a commencé par un cauchemar pour la place financière suisse lorsque Credit Suisse, la deuxième banque du pays, a dû être sauvée de la faillite et a été rachetée par sa rivale UBS. Cette première fusion mondiale de banques considérées comme “too big to fail” aboutit à un géant avec près de 5 000 milliards de francs d’actifs sous gestion. Cette transaction comporte de nombreux risques et demande beaucoup de tact pour éviter une panique accrue dans le secteur bancaire, qui pourrait se propager aux marchés boursiers mondiaux.

Cette évolution a nui à la réputation de la Suisse en tant que place financière fiable et conservatrice. Les actionnaires et obligataires ont été abandonnés par le gouvernement. La décision de l’autorité suisse de surveillance bancaire (Finma) d’annuler les soi-disant obligations AT1 d’une valeur de 16 milliards de francs suisses a été vivement critiquée et pourrait entraîner des poursuites judiciaires de la part des investisseurs lésés.

Le Parlement doit maintenant examiner ce qui n’a pas fonctionné et si les autorités n’ont pas été suffisamment vigilantes avant l’effondrement de CS. Plusieurs partis politiques réclament des réglementations bancaires supplémentaires ou la scission des activités suisses du Credit Suisse en une entité distincte.

3) Nestlé trébuche, les négociants en matières premières se réjouissent

Les pressions inflationnistes affectent particulièrement les entreprises du secteur de l’alimentation et des boissons. Bien que Nestlé connaisse une forte croissance principalement sur les marchés émergents, la société a vu son bénéfice net 2022 chuter de 45 %. En février, le PDG Mark Schneider a déclaré que Nestlé prévoyait d’augmenter les prix plus tard cette année pour compenser la hausse des coûts.

Les négociants en matières premières, quant à eux, se réjouissent de la hausse des prix. Glencore a annoncé une augmentation de 60 % de son bénéfice avant impôts à plus de 34 milliards de dollars sur les prix élevés du pétrole et du charbon. Trafigura, à son tour, a vu son bénéfice net monter en flèche, passant de 3,1 milliards de dollars en 2021 à 7 milliards de dollars en 2022. Alors que les marchés des produits de base reviennent à des niveaux de volatilité normaux, la rentabilité devrait être inférieure cette année.

L’industrie est également sous la pression des autorités suisses, qui ont déclaré en mars qu’elles souhaitaient plus de transparence et de contrôle sur leur rôle dans le commerce du pétrole et des matières premières russes.

4) Bon départ pour le tourisme suisse

Suisse Tourisme, l’organisation nationale représentant le secteur du tourisme, dresse un bilan positif de l’hiver. Le nombre de nuitées dans l’hôtellerie pour l’ensemble de la saison d’hiver n’est pas encore disponible, mais au cours des mois de novembre, décembre et janvier, l’industrie a enregistré une très forte fréquentation de la clientèle suisse avec une augmentation des nuitées d’environ 15%. Le nombre de touristes étrangers était également presque revenu au niveau de 2019, la dernière saison complète avant la pandémie, avec une baisse de seulement 4 %.

Le rythme de retour des clients d’Asie du Sud-Est a été particulièrement soutenu, tombant juste en dessous des niveaux de 2019 en 2022 avec une baisse de seulement 3,2 %, tandis que les clients des États du Golfe ont chuté de 5 % et l’Amérique du Nord de 8,1 %.

Suisse Tourisme s’attend à un véritable boom des touristes en provenance de pays comme l’Indonésie, la Malaisie, Singapour et la Thaïlande au cours des prochaines années. De nombreux invités de Chine, du Japon, de Corée et d’Inde devraient également revenir dans les mois à venir. «Les touristes chinois ne reviendront probablement pas en Suisse avant l’été. Les goulots d’étranglement dans les domaines des capacités de vol, des visas Schengen et de l’hébergement en Suisse et, surtout, les prix élevés des vols ralentissent encore les flux de voyages», déclare Véronique Kanel de Suisse Tourisme.

5) L’industrie horlogère continue sur la voie du succès

Rien ne semble pouvoir arrêter l’euphorie de l’industrie horlogère suisse en ce moment. Après une année 2022 record, les exportations horlogères ont continué de progresser en début d’année. Selon les dernières statistiques disponibles de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH), les exportations ont augmenté de 12,8% à CHF 3,8 milliards au cours des deux premiers mois de l’année par rapport à la même période l’an dernier. Tous les principaux marchés ont enregistré des hausses. Les États-Unis (+20%) restent le marché de vente le plus important pour les montres suisses. La Chine, qui a été l’un des derniers pays à lever les restrictions liées au Covid-19, est revenue dans le noir en février et pourrait redevenir un moteur de croissance clé dans les mois à venir.

Néanmoins, le segment de prix supérieur reste la principale source de succès : les montres vendues à plus de 7’500 francs représentent plus des trois quarts de la valeur des exportations.

6) L’industrie pharmaceutique est à la recherche de nouveaux best-sellers

En février, Novartis a annoncé que les ventes devraient diminuer de 2 % jusqu’en 2022, principalement en raison d’effets de change négatifs (à taux de change constants, une augmentation de 4 % aurait été enregistrée). En conséquence, la rémunération du CEO Vas Narasimhan a été réduite de 25% à un total de CHF 8,5 millions. L’entreprise prévoit également de poursuivre la vente de sa division génériques Sandoz, ce qui entraînerait la suppression de 8 000 emplois, dont 1 400 en Suisse.

Thomas Schinecker, le nouveau patron de Roche, a annoncé d’importants investissements dans les technologies numériques et dans la recherche et le développement lors de son premier jour de travail à la mi-mars. Il a expliqué qu’aucune suppression d’emplois n’est prévue cette année.

Edité par Virginie Mangin, traduit du français par Christoph Kummer

Conforme aux normes JTI

Conforme aux normes JTI

En savoir plus: Certification JTI de SWI swissinfo.ch



#Économie #suisse #grand #bilan #trimestriel
1681695974

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT