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“Deux mille professionnels manquent à l’appel, nous vivons désormais dans la peur”

“Deux mille professionnels manquent à l’appel, nous vivons désormais dans la peur”

1970-01-01 03:00:00

« Il y a déjà 10 ans, après la mort de notre collègue de Bari, on s’est dit “plus jamais ça”. Mais c’est encore arrivé.” Émi Bondiprésident de la Société italienne de Psychiatrie il tente de dénoncer les carences du système de santé, mais peine : « Je savais bien Barbara Capovani, pour lequel il existe aussi une douleur personnelle en plus de celle liée au fait qu’il soit un collègue. Savoir qu’il a eu une mort aussi terrible est bouleversant pour chacun de nous. Il a terminé 10 heures de travail, avec 3 enfants à la maison, avec tout pour continuer. C’était une personne très déterminée et préparée, mais qui conservait encore beaucoup d’humanité et d’attention».

A-t-elle peur aussi ?
« Nous vivons avec peur : dans notre métier il peut arriver qu’il y ait des épisodes d’agressivité liés à des patients qui à ce moment-là sont décompensés, donc ils ont une altération de la perception de la réalité. Mais nous savons aussi comment gérer cela. On est beaucoup plus en difficulté quand on est face à d’autres typologies, avec des personnages plus lucides et froids, avec des troubles de la personnalité antisociale, qui ont consommé des substances. Dans ces cas, il est beaucoup plus difficile de pouvoir intervenir et guérir ».

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Quelles sont les plus grandes difficultés ?
«Après des années de compressions de personnel, le nombre de psychiatres a considérablement diminué, environ 2 000 manquent à l’appel. Mais toutes les personnalités qui travaillent avec nous en équipe, des infirmiers, psychologues, éducateurs, travailleurs sociaux, commencent aussi à se faire rares. Cette pénurie dramatique nous a conduit à devoir fermer de nombreux services ».

Mais entre-temps, les demandes ont-elles augmenté ?
« Nous avons une tendance à la hausse depuis 2000, les troubles augmentent aussi du fait de la consommation considérable de médicaments, l’âge de début a diminué, nous avons de plus en plus de patients jeunes parmi les patients. Le covid a alors agi comme un accélérateur : les troubles infantiles, les tentatives de suicide, la consommation de drogue, l’anxiété et la dépression et toutes les pathologies mentales en général se sont multipliées ».

Qui doit prendre en charge ces patients ?
«Nous avons un service public répandu et étendu. Sur la base de la loi 180 d’il y a 45 ans, l’Italie par rapport aux autres nations européennes aurait la possibilité de faire de la psychiatrie locale, proche des gens. Malheureusement, s’il n’y a pas de personnel et qu’il n’y a plus d’opérateurs, cette intervention précoce que nous devrions donner devient de plus en plus difficile. Nous le signalons sous toutes les formes depuis des années, nous n’arrêtons pas de dire que nous sommes à un point de non-retour et que les services ne sont plus en mesure de répondre aux besoins qui augmentent ».

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Et si les patients commettaient alors un crime ?
«Avec la fermeture des hôpitaux psychiatriques judiciaires prévue par la loi 81 de 2014, les patients ayant commis un crime en état d’altération psychique doivent suivre des voies de traitement et non simplement de détention. Les rems étaient prévus, les résidences pour l’exécution des mesures de sécurité, il fallait qu’il y ait des communautés adéquates, qui sont cependant clairement insuffisantes pour quels sont les besoins réels et le nombre de patients qui en ont besoin. On a mille places en moins, il y a des listes d’attente de plusieurs mois pour pouvoir entrer dans la rem, aussi parce qu’au contraire le nombre de personnes à qui la justice reconnaît que le crime est dû à des causes psychiques a considérablement augmenté ».

Qu’est-ce qu’il y a d’urgent à faire ?
«Nous devons repenser et réviser cette loi, également en termes d’applicabilité effective, afin d’identifier des parcours différenciés pour les patients délinquants. Il faut investir davantage dans les services de santé mentale, surtout pour les services de proximité afin qu’ils puissent intercepter, suivre et traiter les patients psychiatriques. En 1999, la conférence État-régions a établi que 5 % du fonds régional de santé devait être alloué à la santé mentale. Aujourd’hui, nous sommes encore à 3 %».



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