Deux cyberescrocs nigérians arrêtés après un suicide en Australie

Il était décrit comme un garçon aimant, entouré de ses amis, stable et bon élève. Le suicide d’un adolescent habitant la région de Sydney avait plongé ses proches dans le désarroi et l’incompréhension à la fin de 2023. En réalité, une enquête policière a révélé comment il avait été piégé par une personne rencontrée sur les réseaux sociaux. Le soir précédant son décès, il avait échangé des messages avec un pseudo de jeune femme, puis envoyé des photos érotiques. Le ton avait alors brusquement changé pour faire place à des menaces: le jeune Australien devait payer l’équivalent de 300 francs en cartes cadeaux en ligne, sinon ses photos compromettantes seraient envoyées à sa famille et à ses amis (identifiés préalablement sur les réseaux sociaux). “Les messages étaient affreux. Aggressifs, mettant énormément de pression”, raconte le surintendant Matt Craft, cité par le « Sydney Morning Herald ». Quelques heures plus tard, le lycéen mettait fin à ses jours.

L’affaire ne s’est pas arrêtée là, selon le journal. Les maîtres chanteurs avaient laissé des empreintes numériques, permettant aux enquêteurs australiens de remonter jusqu’au Nigeria. Avec le soutien d’experts de plusieurs pays, dont l’Afrique du Sud et les États-Unis, les autorités ont localisé deux jeunes à peine plus âgés que leur victime dans un bidonville de Lagos le mois dernier. Des preuves de leurs méfaits auraient été retrouvées sur leurs smartphones. Ils utilisaient la technique de la “mitraille”, ciblant de nombreux mineurs pour de petites sommes.

Ils ne seront poursuivis que pour ces actes de sextorsion, pas pour la mort du jeune Australien. Pour la famille de ce dernier, qui a souhaité rester anonyme, “l’important était d’établir la vérité”, précise l’officier. La police locale a constaté une multiplication par cinq des cas de sextorsion en dix-huit mois, conséquence d’une campagne de sensibilisation face à un phénomène mondial.