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Déserts : Un voyage tragi-comique à travers la misère marocaine

Déserts : Un voyage tragi-comique à travers la misère marocaine
Mehdi (Abdelhadi Talbi) et Hamid (Fehd Benchemsi) dans « Déserts », de Faouzi Bensaïdi.

L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER

Toute une vie à tourner en rond pour survivre. La première image de Déserts cinquième long-métrage de Faouzi Bensaïdi, dévoilé en mai à Cannes à la Quinzaine des cinéastes, est une carte du Maroc en gros plan, que deux hommes en costume cravate se disputent un peu puérilement. Le bout de papier finit par s’envoler, emporté par le vent hostile qui balaie la piste. Hamid (Fehd Benchemsi) et Mehdi (Abdelhadi Talbi), deux agents de recouvrement à l’air maussade, n’ont plus qu’à compter sur eux-mêmes pour ratisser les habitations où logent les familles endettées.

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La caméra s’éloigne, et le cinéaste et homme de théâtre marocain, né en 1967, dont le premier long-métrage, Mille mois (2003), a été primé à Un certain regard, dévoile la splendeur tragi-comique du voyage qui attend le spectateur : Hamid et Mehdi, minuscules comme des pinces à billets, déambulent à travers un dédale de maisons troglodytiques à flanc de falaise, dont la beauté bluffante cache la misère. Ici, ils emportent un tapis et une chèvre, en attendant que le père verse les mensualités en retard ; là, ils embarquent une camionnette en piteux état, dont le métal dépecé par le ferrailleur fournira toujours un peu de liquidités – les passages chez ce récupérateur de métaux donneront lieu à d’autres surprises détonantes, et poétiques.

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De mésaventures en gags, le tandem en voiture rouge brosse le tableau acide d’une microsociété marocaine aux abois. Ici, les super-héros ne sont que des hommes déguisés et payés au lance-pierre pour animer des fêtes d’anniversaire. Faouzi Bensaïdi, qui apparaît dans le film en épicier au bout du rouleau, orchestre quelques scènes inoubliables. Comme cette leçon de management assénée par la patronne de l’agence de recouvrement.

Voici la dame au micro, vociférant devant un parterre d’employés en costumes flashy (jaune, violet, rouge, vert…), lesquels exécutent des pas comme des pantins. On se croirait dans une comédie musicale sans mélodie, dont le titre serait « Ces messieurs du coffre-fort ». Les citrons pressés ont certes belle allure, mais leur cravate ressemble plus que jamais à une corde du pendu, et leurs jours sont comptés. Hamid et Mehdi cumulent les mauvaises notations et sont sur la touche. Sur le terrain, ils vont devoir inventer de nouveaux stratagèmes.

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Liberté de bandit

Conformément à l’adage selon lequel il y a toujours plus pauvre et plus malheureux que soi (plus seul, plus largué…), Déserts déploie un scénario d’une féroce originalité, maintenant le drame à distance et empêchant la marmite de sentiments de déborder. Tout le monde fait plus ou moins partie du même bouillon ultralibéral qui crame les existences et atomise les destins. Hamid et Mehdi ont déjà la chance d’être deux, et de pouvoir partager leurs soucis intimes et leurs projets – une fillette à élever pour l’un, un mariage en vue pour l’autre.

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