La taurine, une substance naturellement présente dans le corps des animaux, joue un rôle dans le vieillissement, selon une étude publiée jeudi dans Science. D’abord, les auteurs ont observé que sa concentration dans le sang diminue avec l’âge chez plusieurs espèces, dont l’humain. Ensuite — et surtout —, ils ont constaté que la prise de suppléments de taurine prolonge la durée de vie en santé de la souris et du singe. Ils appellent maintenant à la tenue d’un grand essai clinique chez l’humain.
La nouvelle publication est le fruit d’un « marathon scientifique de 11 ans » mené par Vijay Yadav, un professeur à l’Université Columbia, à New York, qui étudie la biologie du vieillissement. Les résultats, issus de son laboratoire et de celui de collaborateurs un peu partout dans le monde, établissent un lien entre le manque de taurine et une foule de paramètres de santé liés à l’âge.
On retrouve de la taurine, un acide aminé découvert dans la bile de boeuf au XIXe siècle, dans le corps de tous les animaux. Cette molécule représente 0,1 % de la masse totale de l’être humain. Notre foie est en mesure de synthétiser de la taurine, mais notre organisme en acquiert également grâce aux aliments que nous mangeons. La taurine est aussi connue en raison de sa présence dans plusieurs boissons énergisantes.
Les scientifiques ne savent pas exactement de quelle manière la taurine agit. Ils ont toutefois constaté que la taurine réduit la sénescence cellulaire (un phénomène qui rend les cellules « zombies »), protège de certaines dysfonctions liées à l’ADN et atténue l’inflammation. Son action à large spectre fait croire à Henning Wackerhage, l’un des auteurs de l’étude, que la taurine « touche d’une certaine manière à la salle des machines du vieillissement », au coeur même des cellules.
Les auteurs de la nouvelle publication démontrent pour la première fois que la concentration de taurine dans le sang diminue en fonction de l’âge chez la souris, le singe et l’humain. Chez les humains âgés, la concentration est 80 % inférieure à celle mesurée chez les enfants. Cette corrélation ne permet toutefois pas d’affirmer si le déclin de taurine est une cause ou une conséquence du vieillissement.
L’équipe a donc donné des suppléments de taurine à des souris. Des rongeurs ont reçu des doses quotidiennes dès l’âge de 14 mois et jusqu’à la fin de leurs jours. En moyenne, les femelles sous traitement ont vécu 12 % plus longtemps par rapport à un groupe témoin, et les mâles, 10 %. Des suppléments de taurine ont également prolongé la durée de vie de vers nématodes, mais pas celle de levures.
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