Les organoïdes, des cultures de mini-organes issus de cellules souches, offrent de sérieuses perspectives d’avenir en matière de greffe. Moins connus, ils permettent déjà de tester rapidement l’efficacité de certains traitements oncologiques de manière individualisée.
Les traitements contre le cancer se sont considérablement améliorés au cours des dernières décennies. Cependant, il est encore difficile d’anticiper l’efficacité d’un traitement sur un individu. Par exemple, une chimiothérapie peut être efficace sur un patient et non sur un autre.
À Genève, la professeure Patrycja Nowak-Sliwinska et son équipe ont mis au point un moyen de tester des médicaments avant de les administrer au patient.
“C’est très utile, car on peut exclure les médicaments qui ne seront pas bénéfiques pour le patient et suggérer des traitements qui pourraient être très efficaces”, explique-t-elle dans le 19h30.
Les organoïdes, des structures en 3 dimensions
Ce nouveau moyen consiste à tester in vitro différentes thérapies sur des mini-tumeurs du patient. L’équipe reçoit directement un échantillon de la tumeur du patient après une opération chirurgicale, puis cultive des structures en trois dimensions appelées organoïdes à partir des cellules souches de ses tissus.
“En 12 heures, nous arrivons à un diamètre de 230 millimètres. Nous avons ensuite 12 heures pour atteindre la taille idéale pour exposer les organoïdes à différents traitements”, explique George M. Ramzy, post-doctorant en sciences pharmaceutiques à l’Université de Genève.
Augmentation des chances de survie
Deux semaines plus tard, les résultats sont visibles. Une image montre un organoïde ayant reçu un traitement efficace, tandis qu’une autre montre un organoïde n’ayant reçu aucun traitement. Ces informations précieuses permettent de gagner du temps.
“Chaque jour, le développement de la tumeur devient de plus en plus grave pour le patient. Donc, si nous pouvons réagir à temps, le patient a plus de chances de survie”, explique Patrycja Nowak-Sliwinska.
Cette pratique permet également d’éviter des traitements toxiques inutiles, car seuls 20% des patients y répondent.
Pour Olivier Michielin, médecin-chef du Département d’oncologie des HUG, la pratique pourrait également avoir un intérêt économique. “Le fait d’identifier les 20% des patients qui peuvent bénéficier de la thérapie nous permet d’éviter le traitement pour les 80% des autres et peut donc réduire certains coûts dans certains types de prise en charge cliniques.”
Technologie innovante et porteuse d’espoir pour des traitements existants, les organoïdes devraient également permettre de tester de nouveaux traitements.
Delphine Misteli/autre
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2023-12-15 21:40:06
