Ces dernières années, la Chine, plaque tournante des études sur les primates non humains, nous a habitués aux premières scientifiques mettant en scène d’adorables petits singes. Début 2014, la revue Cellule dévoilait la naissance de Lingling et Mingming, les deux premiers primates dont le génome a été modifié grâce à Cripsr-Cas9, alors toute nouvelle technique d’édition de l’ADN. En 2018, il y a eu Zhong Zhong et Hua Hua, premier clonage réussi de deux primates, vingt-deux ans après la brebis Dolly à Edimbourg (Royaume-Uni). Début 2019, cinq autres macaques chinois clonés, copies d’un spécimen génétiquement modifié pour présenter des troubles du rythme circadien, ont connu un certain écho, suivis d’autres singes anonymes au cerveau partiellement humanisé.
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Premier clonage de primates selon la technique employée pour la brebis Dolly
Pas de petit nom non plus pour le macaque crabier « numéro 10 », né il y a deux ans et demi à Shanghaï et présenté le 9 novembre dans la revue Cellule par une équipe dirigée par Zhen Liu (Institut de neuroscience de l’Académie des sciences chinoise, Shanghaï). Avec ses yeux et ses ongles prenant des éclats verdâtres sous une lumière fluorescente, le petit animal n’aura survécu que dix jours avant que sa santé ne se détériore au point de devoir subir une euthanasie. Il est le premier exemple de naissance d’un singe chimérique présentant une concentration élevée de cellules provenant d’un autre individu que l’embryon dont il est issu.
Les scientifiques savent faire de telles chimères chez les souris depuis plus de trente ans. Cette technique permet d’obtenir des lignées génétiquement modifiées qui peuvent notamment servir de modèles d’étude de maladies humaines. Mais chez les primates non humains, elle reste peu efficace et très onéreuse.
La naissance de « numéro 10 » pourrait ouvrir la voie à de tels modèles chez les primates. La recette reste complexe et imparfaite. Elle consiste d’abord à extraire des cellules souches d’un premier embryon de macaque et à les modifier génétiquement – en l’occurrence pour leur faire exprimer une protéine fluorescente verte (GFP) issue d’une méduse. Ces cellules souches embryonnaires sont ensuite introduites dans un autre embryon cultivé in vitro. L’ensemble est ensuite implanté dans une mère porteuse.
Passer à une forme de chimérisme interespèce
Les chercheurs chinois ont dû tester de nombreuses combinaisons de milieux de culture pour que cette « greffe chimérique » prenne. Et encore, les 74 embryons montrant des signes clairs de fluorescence transférés dans quarante mères porteuses ont donné lieu à douze grossesses déclarées et seulement six naissances à terme. Mais, finalement, le chimérisme ne s’était maintenu que dans un fœtus mâle avorté et dans le « numéro 10 » – un mâle qui avait reçu des cellules femelles. Partout ailleurs, l’embryon hôte avait éliminé les cellules du donneur.
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