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Décès d’Elizabeth II : la mort d’une icône

Décès d’Elizabeth II : la mort d’une icône

Le pont de Londres est en panne, le Pont de Londres s’est effondré. C’est par ce message codé, dans la plus pure tradition de la Couronne, que le gouvernement britannique a été informé de la mort de la reine Elizabeth II, à Balmoral. Les quinze gouvernements des pays dont la Reine était encore le chef d’État (comme le Canada) ont immédiatement été informés. À 96 ans, la nouvelle n’a rien d’inattendu, mais l’émotion n’en est pas moins grande au Royaume-Uni et un peu partout dans le monde.

Une figure universellement connue

Car avec ses petits gestes cérémonieux, ses chapeaux inimitables et surtout sa longévité exceptionnelle, Elizabeth II d’Angleterre était une figure universellement connue. La plupart des huit milliards d’habitants que compte la planète sont nés alors qu’elle était déjà reine. Elle a toujours été là. Symbole d’une stabilité exceptionnelle, surtout lorsque l’on considère les bouleversements et les crises que la Grande-Bretagne a connus sous son règne.

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Lorsqu’elle accède au trône, en 1952, Londres n’est plus la flamboyante capitale de l’Empire dominateur du XIXe siècle. Le pays panse encore les plaies d’une Seconde guerre mondiale dont il est sorti vainqueur, mais à quel prix. Le témoin impérial est passé irréversiblement de l’autre côté de l’Atlantique, et la décolonisation ne fait que commencer.

Elle va accompagner, en en réduisant l’impact probablement par son rôle majeur dans la survie du Commonwealth, ce processus de perte d’influence. L’Empire n’est plus, mais l’effigie de la Reine est encore sur de nombreuses pièces de monnaie. Au fil des ans, des décennies, dans un respect scrupuleux de l’étiquette, la nouvelle reine s’impose dans le décor, et renforce l’institution.

L’intérêt national

Car la Couronne d’Angleterre a failli sombrer dans les années 1930. Derrière les histoires de famille plus ou moins romancées et le rôle de Wallis Simpson dans l’abdication d’Édouard VIII fin 1936, les accointances du couple avec certains milieux nazis firent planer une ombre jamais totalement dissipée. Ce contexte et les fragilités de son propre père inciteront Elizabeth II à adopter résolument un style qui lui est propre. Fidélité absolue à la Couronne, sobriété indéfectible, dévouement total, jusqu’au bout.

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La série télévisée The Crown relate merveilleusement bien cette facette du pouvoir britannique. La Couronne, ce n’est pas seulement la rencontre d’une personnalité et du pouvoir monarchique. C’est un mode de fonctionnement de ce pouvoir même, où se croisent le destin d’une personne (la Reine), celui d’une dynastie (les Windsor), celui de l’Église anglicane (dont elle était le chef) et, plus encore, l’intérêt suprême de la nation.

Élisabeth II, par son style comme par sa longévité, a servi l’intérêt britannique comme le plus vertueux des serviteurs de l’État. Ses actions au sein de l’armée durant la guerre ajoutant à la cohérence du mythe.

Malgré les frasques de nombreux membres de la famille royale, jamais la reine n’a rompu le fil qui la reliait à l’opinion publique britannique, hormis lors du décès de Lady Diana. À l’international comme au Royaume-Uni, elle a joué un rôle de ciment fondamental pour la Couronne. L’icône quittant la scène, ce ciment tiendra-t-il ? C’est le défi qui attend son successeur. Une épreuve de vérité pour l’unité du Royaume, fragilisée par le Brexit, et la légitimité même du pouvoir (discret mais bien réel) de l’institution monarchique.

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