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Débora Waldman, cheffe d’orchestre passionnément

Débora Waldman, cheffe d’orchestre passionnément
Débora Waldman dirige le chœur de l’Opéra de Dijon, le 5 mai 2022.

« Une cheffe-née ! » Le compositeur et pianiste Michaël Levinas connaît bien Débora Waldman ; elle a été élève dans sa classe d’analyse au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. « C’était déjà une forte personnalité, très volontaire et indépendante »souligne-t-il. En juin 2022, c’est à Débora Waldman et au violoncelliste Henri Demarquette qu’il a d’ailleurs confié la création de son Concerto pour violoncelle. Un moment fort. « Débora est emblématique de la nouvelle génération de chefs d’orchestreobserve-t-il. C’est une adepte de la précision, capable également d’une grande souplesse expressive. »

Il se dégage quelque chose d’un peu timide et farouche de la musicienne, qui sera au pupitre des Victoires de la musique classique, dont la trentième édition, diffusée en direct sur France 3 et France Musique, se déroulera le 1est mars à l’Auditorium de Dijon. Elle dirige l’Orchestre Dijon Bourgogne en tant que cheffe associée à l’Opéra de Dijon depuis septembre 2022. Mais le poste qui l’a propulsée sur le devant de la scène n’est autre que celui décroché en 2020 auprès de l’Orchestre national Avignon-Provence, dont elle est devenue, à 43 ans, la première femme directrice musicale, d’ores et déjà prolongée jusqu’en 2026. « J’ai mis très longtemps avant de prendre conscience qu’être une femme pouvait être un frein à ma carrièreconcède-t-elle. Mon parcours a été beaucoup plus long que celui de mes collègues masculins. Mais je pensais que cela venait peut-être aussi de moi, et prenais patience. »

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Débora Waldman a toujours baigné dans la musique. Elle est née d’un père guitariste et d’une mère musicologue le 19 juin 1977, à Sao Paulo (Brésil), où son grand-père maternel, Wolf Waldman, d’origine juive polonaise, s’est réfugié en 1939 pour fuir le nazisme. A 4 ans, la petite fille suivra, avec sa sœur aînée et son frère cadet, cette mère qu’un nouvel amour entraîne en Israël.

Elle se souvient avec bonheur de la vie au kibboutz Ga’aton, l’un des plus anciens du pays, de ces soirées joyeuses, de ces périples en bus peuplés d’enfants et de chansons. D’un côté, le répertoire populaire des immigrés venus de toute l’Europe, de l’autre, la musique classique et notamment Bach que sa mère, Bracha, étudiante à l’université de Tel-Aviv, rapporte à la maison. La petite « abeille » (signification de Débora en hébreu) commence alors le piano.

En 1992, nouveau virage sentimental : Bracha a épousé Miguel, un psychiatre argentin. Toute la famille se retrouve à Buenos Aires. « J’avais 14 ans et demi. Je ne me sentais pas bien en Argentine. J’étais perdue. J’ai une mentalité structurée, très européenne, et je ne supportais pas la versatilité, le manque de sérieux. La musique a été pour moi une bouée de sauvetage. »

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