Nouvelles Du Monde

Dans “Cinema Speculation” de Tarantino, les chroniques d’un spectateur “amoureux”

Dans “Cinema Speculation” de Tarantino, les chroniques d’un spectateur “amoureux”

On sait que Quentin Tarantino est bon au cinéma parce qu’il “aime” avant tout le cinéma. Comme en témoignent ses films, imprégnés de citations d’autrui et de réinterprétations de films bien-aimés (parfois contre la pensée critique commune). Ce n’est pas un théoricien raffiné, quand il écrit ou qu’il en parle, mais – en tant que réalisateur – en plus de la passion, il y met aussi de l’expérience, ce qui ne le rend jamais banal.

Preuve en est ‘Cinema Speculation’, le recueil d’écrits que ‘La nave di Teseo’ (pages 420, 20 euros) envoie en librairie à la veille du voyage de Tarantino en Italie, et qui oscille entre l’autobiographie du spectateur vorace et la l’histoire du commis à la vidéo, qui a tout vu et dont tout le monde s’en souvient. Tout cela, comme mentionné, avec les yeux du cinéaste qui a accès à des sources de première main (comme la petite amie de Steve McQueen qui raconte l’histoire des coulisses de ‘Bullit’) ou qui sait reconnaître les trucs des collègues et les qualités des seconds rôles. Dans les notes en fin d’ouvrage – 420 pages – plus de 700 films et un nombre encore plus important d’acteurs, réalisateurs, scénaristes sont évoqués : et pour tous Tarantino a un souvenir, une anecdote, un jugement : une vision sur laquelle on peut être d’accord ou pas mais ça ne surgit pas de nulle part, au contraire, c’est toujours extrêmement bien expliqué.

Lire aussi  Le film Acide clôture le Festival du film fantastique de Neuchâtel

Le “cœur” des films narrés, – d’Un week-end tranquille de peur à Escape from Alcatraz et Taxi Driver – appartient aux années 70, une période unique à sa manière pour le cinéma, pour les nouvelles voies expérimentées, pour la plus grande ouverture mais aussi – ce que Tarantino ne déteste pas du tout – pour sa capacité à produire des films “série B” – ou plutôt des films de genre – mais souvent de haut niveau (voir le chapitre sur l’horreur, centré sur la figure mythique de Tobe Hooper) .

C’est un monde que Tarantino a vécu principalement en tant que spectateur pour des raisons d’âge, avant de devenir l’ami ou le réalisateur de nombreux protagonistes, mais qui n’est pas censé “enseigner” quoi que ce soit mais stimuler chez le lecteur le même amour inconditionnel pour le cinéma que dix années l’ont poussé (grâce aussi à des parents « éclairés » à leur manière) à s’enfermer dans une salle de cinéma dès qu’il le pouvait, à regarder des films décidément inadaptés à un spectateur de son âge.

Lire aussi  headboy sort le clip de 'Reservoir' | Niche Music

Au final cependant, avec l’autoportrait du “réalisateur en jeune homme”, “Cinema Speculation” trouve ses meilleures pages en racontant la figure de Floyd, un ami noir de 37 ans devenu l’ami de l’adolescent Quentin, partager – et stimuler – sa passion pour le cinéma, avec le rêve de devenir scénariste. Floyd est un personnage qui aurait pu sortir d’un livre de Bukowski comme d’un film de Tarantino, un outsider destiné à disparaître dans les airs, pour réapparaître dans cette histoire. Un perdant qui a donné l’exemple à un jeune homme destiné à remporter un Oscar, bref, une bonne histoire pour un film.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT