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Cryptomonnaies : l’utilisation du Hamas pointée du doigt par les États-Unis et Israël

Cryptomonnaies : l’utilisation du Hamas pointée du doigt par les États-Unis et Israël

Les États-Unis et Israël ont multiplié les initiatives pour limiter les transferts de cryptomonnaies au Hamas depuis ses attaques de ce mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien. Les bitcoins, dogecoin et ethereum sont dépeints comme les sources de financements 2.0 des groupes islamistes. À raison ?

Haro sur les cryptomonnaies et services associés. Depuis les attaques sans précédent du Hamas en territoire israélien le 7 octobre, le rôle des bitcoins, dogecoins, ainsi que des plateformes d’échange de cryptomonnaies dans le financement de ce mouvement islamiste radical n’a eu de cesse d’être pointé du doigt. L’administration américaine a ainsi proposé, jeudi 19 octobre, de considérer les “mixeurs” de cryptomonnaies comme des services suspectés de “blanchiment de fonds pour les organisations terroristes comme le Hamas, le Jihad islamique palestinien”.

Ces mixeurs sont des services en ligne qui permettent de mélanger des cryptomonnaies dont on veut obscurcir l’origine avec d’autres fonds, toujours en cryptomonnaies, afin de brouiller les pistes. À ce titre, “le risque d’utiliser ces mixeurs à des fins de blanchiment d’argent est considérable”, reconnaît le site spécialisé Cointelegraph.

Demander des bitcoins sur Facebook, Instagram ou Telegram

Dans la foulée de l’assaut du Hamas, Israël a assuré avoir saisi des portefeuilles virtuels liés au mouvement pro-palestinien qui avaient reçu 41 millions de dollars (39 millions d’euros) entre 2019 et 2013. Le groupe Jihad islamique palestinien a, pour sa part, levé 94 millions de dollars (près de 88 millions d’euros) en cryptomonnaie ces dernières années, d’après Elliptic, une société britannique d’analyse des transactions en monnaie dématérialisée. Et ce n’est pas tout. Washington a aussi décidé, mercredi, de sanctionner “Buy Cash” une société établie à Gaza accusée de “faciliter” les transferts de cryptomonnaies au Hamas et au Jihad islamique palestinien. “On sait que le Hamas reçoit des fonds en cryptomonnaies depuis au moins 2019”, écrit David Carlisle, cofondateur d’Elliptic, dans un billet de blog publié le 11 octobre. À l’époque, c’était les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, qui avaient été prises la souris dans le sac à organiser un appel aux dons en bitcoins sur Facebook et Instagram.

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Au début, ces initiatives de financement 2.0 n’ont permis de recevoir que quelques milliers de dollars, mais le recours aux réseaux sociaux comme canaux de financement n’a cessé de croître pour le Hamas. Et le mouvement palestinien, qualifié de terroriste par l’Union européenne et les États-Unis, n’est pas le seul à agir de la sorte. “Poster sur Facebook, Instagram ou plus récemment Telegram des adresses bitcoins en incitant les sympathisants à les utiliser pour faire des donations est devenu de plus en plus populaires pour la plupart des organisations terroristes”, souligne Nicholas Ryder, professeur de droit et spécialiste des réseaux de financement du terrorisme à l’université de Cardiff.

L’insistance depuis une dizaine de jours sur les fonds transférés au Hamas en bitcoin et autres cryptomonnaies peut donner l’impression que sans cette manne, le mouvement islamiste serait ruiné ou aurait eu, tout du moins, bien plus de mal à financer ses attaques sur Israël.

Moyen de financement secondaire

“C’est un phénomène relativement neuf aux yeux du grand public qui ne le comprend pas très bien, ce qui le rend aussi médiatiquement intéressant. Mais, en réalité, même si c’est un moyen de financement à ne pas négliger pour les groupes terroristes, il est encore loin de remplacer les moyens plus traditionnels de lever des fonds”, tient à nuancer Tom Keatinge, directeur du Centre d’études de recherches sur les crimes financiers et d’étude de sécurité du Royal United Service Institute, l’un des principaux centres britanniques de réflexion sur les questions de sécurité.

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Ainsi, le Hamas, qui avait été présenté en 2014 par le magazine Forbes comme “l’un des groupes terroristes les plus riches du monde”, a un budget annuel estimé à près d’un milliard de dollars. La plupart de l’argent provient “des donations d’expatriés palestiniens et de riches donateurs privés des pays du Golfe”, souligne la chaîne allemande d’information Deutsche Welle.

À cet égard, les 41 millions de dollars en cryptomonnaies saisis par les autorités israéliennes peuvent apparaître comme une goutte d’eau dans le vase du Hamas. D’autant plus que même ces montants-ci sont à prendre avec des pincettes : il peut en effet être très difficile de séparer les fonds destinés à financer les activités terroristes du reste dans un portefeuille virtuel, rappelle Chainalysis, une société américaine d’analyse des transactions dématérialisées, dans un billet de blog.

“Il est impossible de quantifier combien le Hamas et les groupes terroristes en général reçoivent en cryptomonnaie, mais ce qui est en revanche certain, c’est que c’est un moyen de plus en plus populaire de financement”, souligne Nicholas Ryder.

La montée en puissance des bitcoins, ethereum et autres dogecoin dans le monde du terrorisme s’explique tout d’abord par “la simplicité de faire une transaction depuis son canapé chez soi”, note Tom Keatinge. “C’est aussi bien plus rapide que d’avoir à ouvrir un compte en banque, et trouver des intermédiaires qui acceptent de transférer ce fonds. Il suffit généralement d’avoir un téléphone portable ou un ordinateur, et ensuite c’est quasi-immédiat”, ajoute Nicholas Ryder.

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Les autorités internationales déploient aussi “davantage d’efforts pour contrer les circuits traditionnels de financement du terrorisme, ce qui fait que ces groupes essaient de compenser avec ces nouveaux moyens de lever de l’argent”, estime Tom Keatinge.

Pas si anonyme

Le Hamas, Al-Qaïda ou encore le Hezbollah n’hésitent pas, non plus, à prendre le meilleur des deux mondes. Ainsi, il peut dorénavant y avoir une dimension cryptomonnaie aux recours aux fausses ONG, un moyen classique de financement des groupes terroristes. “Ils peuvent convertir 10 % à 15 % de donations en bitcoins qu’ils vont ensuite transférer à d’autres comptes contrôlés par le groupe afin de brouiller les pistes”, explique Nicholas Ryder.

Mais si l’engouement des mouvements terroristes pour ces moyens de financement 2.0 n’est pas aussi fort que le bruit médiatique pourrait le suggérer, c’est essentiellement “parce que ce n’est pas aussi anonyme qu’on voudrait bien le croire”, assure Tom Keatinge.

En effet, toutes les transactions en bitcoins passent par la fameuse blockchain, qui est l’équivalent numérique d’un grand registre accessible à tous. Certes, les noms de ceux qui transfèrent l’argent ou qui le reçoivent ne figurent pas, mais il est possible de suivre à la trace chaque mouvement de fonds et des sociétés comme
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