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Critique de film : “Napoléon” – Entre déception et espoir futur

Critique de film : “Napoléon” – Entre déception et espoir futur

La greffe prend rarement. Et la bascule d’une saynète à une autre amplifie les déséquilibres dans le rythme, empêche toute émotion de s’installer durablement. Le spectateur est amené à faire son choix au milieu des intrigues qui l’intéressent ou non. Et malheureusement, la relation entre Napoléon et Joséphine, qui doit constituer le cœur émotionnel du récit, laisse complètement impassible. Ni le scénario écrit par David Scarpa ni la mise en scène de Ridley Scott ne parviennent à supposer une osmose entre deux protagonistes aux caractères et aux ambitions contraires, dont la quête d’un héritier se trouve être le seul moyen de les réunir à l’écran. C’est toute la contradiction du film que de vouloir se jouer du mythe Napoléon, quitte à lui donner des airs d’enfant immature déguisé en costume de soldat, tout en maintenant des réflexes qu’on pourrait qualifier de conservateurs. Le film a beau prétendre que Joséphine est un personnage à la hauteur de Napoléon, jamais le scénario ne lui donne réellement l’opportunité d’exister en tant que tel, hors des mains et des considérations dégradantes de son compagnon.

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D’une scène à l’autre, Napoléon apparaît comme impulsif, parfois idiot (son attitude belligérante avec les autres empereurs), avant qu’une bataille vient glorifier ses instincts de brillant stratège. Évidemment, c’est dans le conflit que Ridley Scott s’épanouit davantage. Même si on n’y retrouve pas le formaliste génial de Royaume du Paradis, les quelques fulgurances guerrières qu’il met en scène suffisent à susciter un soupçon d’émotion. On pense particulièrement à l’impressionnante bataille d’Austerlitz en 1805, où la glace, les obus et la chair à vif se mêlent pour former un piège humain terrifiant. C’est là que la verve ultra-violente du cinéma de Ridley Scott, qui filme l’Histoire comme une machine de destruction humaine implacable, s’exprime dans sa forme la plus stimulante et se superpose à la nature même du personnage de Napoléon Bonaparte. Débarrassé de ses oripeaux de figure mythique, il se dévoile comme l’unique narrateur de sa propre légende qui, au milieu de ses pérégrinations et conquêtes, n’assiste jamais à la disparition des personnages qui en sont les éléments constituants.

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Ce fil mélancolique, qui pourrait agir en miroir du parcours de Scott lui-même, Napoléon ne s’en saisit jamais vraiment, trop occupé à dérouler sagement sa frise chronologique. Ridley Scott a promis qu’une version longue de plus de quatre heures et demie serait prochainement rendue disponible. Il y a fort à parier qu’elle ne saura pas combler l’absence d’incarnation d’un projet qui, derrière ses allures d’événement cinématographique, ne constitue qu’un épisode de plus dans la lente décomposition de la carrière de l’auteur de Coureur de lame. Mais ne comptez pas sur lui pour trop cogiter là-dessus : Gladiateur 2 avec Paul Mescal et sans Russell Crowe, est déjà prévu pour l’an prochain.

Napoléon, un film réalisé par Ridley Scott, avec Joaquin Phoenix, Vanessa Kirby, Tahar Rahim et Rupert Everett, 2h39. À découvrir au cinéma dès le 22 novembre.
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