Gerhard Pfister, président du Centre, a connu un dimanche électoral victorieux : son parti dépasse pour la première fois le PLR et devient la troisième force politique du pays, après l’UDC et le PS. Cette victoire soulève plusieurs enseignements clés. Tout d’abord, l’écologie politique ne semble plus séduire les électeurs en Suisse, tout comme dans le reste de l’Europe. Les partis écologistes font face à des difficultés similaires au sein de l’Union européenne et devraient également subir un revers lors des élections européennes de juin 2024. Malgré les préoccupations croissantes concernant le changement climatique, les partis écologistes n’ont pas réussi à mobiliser efficacement les électeurs.
En revanche, l’UDC a capitalisé avec succès sur son thème phare, la lutte contre l’immigration. L’afflux important de migrants en provenance d’Afrique du Nord, notamment sur l’île italienne de Lampedusa, a mis la question de l’asile au premier plan de l’agenda politique cette année. L’UDC a axé sa campagne sur ce thème et a réussi à mobiliser sa base électorale en capitalisant sur les inquiétudes croissantes de la population.
Le PLR, quant à lui, n’a pas su convaincre sur la question de l’immigration. Malgré son slogan “ferme, mais juste”, le parti libéral-radical n’a pas réussi à proposer des solutions crédibles pour attirer les électeurs sur cette thématique. De plus, la mauvaise gestion de Credit Suisse et sa relation historique avec la place financière helvétique ont probablement nui à l’image du parti.
Le Parti socialiste n’a que légèrement profité du mécontentement social lié à l’augmentation des primes d’assurance maladie. Bien que cette question soit la plus préoccupante pour les Suisses, le PS n’est pas perçu comme la force politique la plus compétente dans le domaine complexe de l’assurance maladie. Les propositions du parti, telles qu’une caisse maladie unique et des primes selon le revenu, sont considérées comme une étatisation excessive par une majorité d’électeurs.
Enfin, la progression du Centre remet en question la formule magique suisse. Le Centre dépasse le PLR et devient la troisième force politique du pays. Selon la formule magique, les trois plus grands partis détiennent chacun deux sièges au sein du gouvernement suisse. Le Centre aurait donc mathématiquement droit à un deuxième siège, mettant en question la place d’Ignazio Cassis, ministre des Affaires étrangères suisse.
En conclusion, malgré les crises mondiales et les problèmes internes, ces élections n’ont pas réussi à mobiliser une grande partie de l’électorat suisse. Plus de la moitié des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes, peut-être en raison de l’inertie politique inhérente au système suisse. Malgré tout, la progression du Centre marque un tournant historique dans la scène politique suisse.