Communiqué de presse de parlementaires sénégalais en réponse aux députés français qui se mêlent de la politique intérieure du Sénégal.

Nous avons lu votre communiqué de presse concernant la situation au Sénégal, qui a choqué par sa brutalité, déformé la réalité politique et clairement violé les règles élémentaires de courtoisie que tout député se doit d’observer afin d’honorer son mandat, qui est par essence national.

Il est évident que vous ne vous souciez en aucun cas du respect de la souveraineté des pays étrangers et de leur peuple. Il est trop facile et superficiel de condamner sans comprendre; de juger sans connaître la réalité. À la lecture de votre communiqué, il est clair que vous vous êtes limités à avaler, sans discernement ni retenue, une version des faits partisane et mensongère.

En tant que citoyen français, vous avez le droit de vous intéresser à la situation politique du Sénégal et même d’avoir un avis sur cette situation, compte tenu des relations de coopération spécifiques et séculaires entre la France et le Sénégal, à condition que cet avis soit motivé et documenté de manière contradictoire.

Nous doutons fortement que quiconque parmi les signataires de votre document bidon, mal présenté, sans valeur et même médiocre, ait mis les pieds au Sénégal ces six derniers mois. Votre communiqué manque d’honnêteté intellectuelle et de rigueur morale, même s’il suit la logique politique de violence, de terreur et de platitude programmatique qui a souvent caractérisé votre histoire politique.

Comme le peuple sénégalais qui a découvert votre communiqué minable et qui n’a constaté aucune compassion pour les dizaines de morts, les importants dégâts matériels et les centaines de blessés, nous sommes choqués et sidérés par l’outrecuidance de votre démarche paternaliste, teintée d’un complexe de supériorité injustifié et d’indignation sélective, ce qui caractérise souvent les rapports que l’extrême gauche française entretient avec l’histoire politique de notre continent.

Votre soutien éhonté à la violence conjugale, votre sympathie inconsidérée et égocentrique tardivement exprimée envers les gilets jaunes, qui ont mis la démocratie en péril avec une violence sans précédent, nous permettent de comprendre votre logique politique fondée sur l’anarchisme, le nihilisme, l’insurrection et le populisme violent.

Les militants de la rébellion, de la provocation et des actes d’intimidation contre l’autorité judiciaire ne peuvent que sympathiser avec leurs semblables à travers le monde, que vous cherchez à transformer en un espace de libertinage absolu, de désordre sans limite et de chaos. Vous êtes une honte pour la démocratie française, pour le peuple français et vous êtes les résidus nauséabonds de la République française. Votre faillite morale dans un monde qui devrait être basé sur l’écoute mutuelle, le respect de nos valeurs démocratiques, de nos institutions judiciaires, de la paix et de la consolidation de l’ordre républicain, est déplorable.

La mondialisation de l’anarchisme violent comme mode de gouvernance ne passera pas par le Sénégal qui ne sera jamais votre terrain d’essai pour les adeptes du chaos et de la subversion que vous êtes.

Vous n’avez pas encore compris que le Sénégal est un pays souverain, tout comme la France, votre pays. Votre silence coupable et méprisant face à la tuerie et aux forfaitures de vos acolytes sénégalais de Pastef révèle suffisamment votre véritable nature et votre intention funeste contre le Sénégal, son gouvernement et son peuple.

Ceci étant dit, nous aimerions savoir par quel droit vous pensez que nos institutions judiciaires, que vous suspectez d’être à la botte du Président Macky Sall, ont moins de valeur, de dignité et de compétence que celles qui régissent votre contexte constitutionnel, vous permettant ainsi de commenter les décisions de justice d’un pays souverain, indépendant et gouverné par des hommes et des femmes d’une qualité qui ferait pâlir de honte votre groupuscule de gauchistes infantiles, dont “la crème” ou plutôt la lie, offre régulièrement ce triste spectacle dans l’Assemblée nationale française que vous avez transformée en véritable souk.

Nous ne vous avons pas entendu commenter les décisions de justice françaises dans les affaires Fillon, Sarkozy et Tapie… Nous respectons beaucoup la souveraineté de votre pays et son image dans le monde, et jamais nous n’avons imaginé donner, à partir de notre statut de parlementaires sénégalais, des leçons de morale et de justice à la France, alors que les occasions ne manquent pas.

À quoi vous mêlez-vous? Avons-nous ici exprimé notre indignation face aux dommages causés par vos gilets jaunes, et nous sommes-nous indignés auprès de notre population du traitement qu’a reçu le gouvernement français? Avons-nous vilipendé votre gouvernement pour les violences que vous justifiez dans vos rangs, causées par ces hordes de “black-blocks” qui défigurent la démocratie française et assassinent son art de vivre? Le Sénégal n’a aucun problème avec vous, car vous êtes élus sur un malentendu monstrueux.

Gardez donc votre énergie pour résoudre le problème extrêmement grave qui gangrène la région des Bouches-du-Rhône, dont vous êtes tous les trois les représentants à l’Assemblée nationale. Nous préférons ne rien recevoir de vous ni de votre contingent de députés gauchistes. Essayez plutôt de trouver des solutions pour empêcher que la jeunesse de votre ville ne meure par centaines sous les balles des trafiquants de drogue, que des politiciens de votre cercle ont laissé prospérer par enchevêtrement de leurs intérêts. À chacun ses problèmes. L’Afrique en général et le Sénégal en particulier n’ont pas besoin de vos indignations sélectives et à géométrie variable.

Fait à Dakar, le 12 juin 2023.