Nouvelles Du Monde

Comment l’œuvre des grands philosophes continue de croître à titre posthume

Comment l’œuvre des grands philosophes continue de croître à titre posthume

2023-09-24 14:11:13

UNLorsqu’un débat a éclaté il y a un demi-siècle lors d’un colloque à Cerisy-la-Salle, une ville normande, sur la paternité philosophique de Friedrich Nietzsche et l’unité de son œuvre, l’enjeu était de taille. Il s’agissait de questions sur l’autorité qui est donnée aux textes par l’ajout d’un nom et sur la compréhension de l’appropriation idéologique. Le nom de Nietzsche était lié à des considérations sur la question de savoir si sa pensée pouvait être utilisée pour influencer les transformations sociales actuelles au-delà des attaques idéologiques et à quoi devrait ressembler une approche éditoriale adéquate de ses écrits.

D’un côté se trouvaient les intellectuels français Maurice Blanchot, Jacques Derrida et Michel Foucault, qui testaient leurs stratégies de lecture, tandis que de l’autre les passionnés et éditeurs de Nietzsche, Giorgio Colli et Mazzino Montinari, s’agissaient et organisaient une édition complète critique. Le spécialiste berlinois Philipp Felsch a récemment consacré un livre à ce sujet.

Lire aussi  Scholz : Ce que Kant dirait à Poutine. - Politique

La discussion sur une éventuelle nouvelle appropriation de l’œuvre de Nietzsche avait plusieurs centres. D’une part, il s’agissait de la dissolution de la paternité dans la processualité de la lecture et de l’écriture. Ici, la « mort de l’auteur » (Roland Barthes) dans des cas individuels était également corrélée à l’exonération de la paternité personnelle du mot écrit dans des conditions politiques différentes. En revanche, la dissolution de l’unité de travail était à l’ordre du jour, dans la mesure où le discrédit de la paternité faisait désormais droit à l’éditeur de décider ce qui devait faire partie de l’édition de l’œuvre et ce qui ne devait pas le faire.

Les éditeurs ont remplacé l’auteur

Un processus s’est inversé, dont les racines se trouvent au plus profond du XIXe siècle, dans les poétologies du romantisme, dans l’esthétique géniale de l’époque de Goethe, dans l’herméneutique littéraire de Dilthey et dans le droit de la propriété intellectuelle. A la place de l’auteur et de son œuvre publiée de son vivant, y compris la garde de sa succession ordonnée dans son testament, une équipe d’éditeurs dotés d’un jugement professionnel intervient désormais pour décider du lien entre l’auteur et l’œuvre sur la base de critères qui doivent être rendu transparent.

Lire aussi  Rosalba Piccinni, fleuriste et chanteuse, amoureuse de Mina

Au vu des premiers rapports sur le volume de documents à éditer dans les archives Nietzsche, Foucault a posé à juste titre la question de savoir quels critères objectifs sont disponibles pour les décisions éditoriales. « Où s’arrêter ? » Et « comment déterminer une œuvre à partir des millions de traces qu’une personne laisse après sa mort » ? Ces questions tirées de la conférence souvent citée de Foucault « Qu’est-ce qu’un auteur ? » restent sans réponse. Maintenant que la fumée du débat sur les unités d’auteur, d’œuvre et de texte s’est dissipée, il est désormais clair que la pratique éditoriale apporte ses propres réponses. Même s’il n’existe pas de réponses universellement valables, il existe des réponses surprenantes et contradictoires dans des cas individuels.



#Comment #lœuvre #des #grands #philosophes #continue #croître #titre #posthume
1695575163

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT