Clowns/ The Fix by Hofesh Shechter Company oscille entre excellence artistique et représentation d’une ontologie

C’est fascinant de voir comment nos impressions sur une pièce peuvent évoluer si elle est vue suivie d’une autre dans la même nuit, ou si on la voit à un certain moment de sa propre vie. Ce qui est accentué, s’ils sont programmés avec l’intention que les pièces en jeu se complètent dans le thème, la langue et d’autres choses comme ça. Le fait est que Double Meurtre : Clowns/ La Solution Il a poussé tout cela si loin, que bien qu’on ne puisse pas dire que l’un soit la continuation de l’autre, il affirmerait que tous deux contribuent à ce que l’un acquière assez d’intelligence pour les relier. Comme si l’on lisait un essai qui nous renvoie à d’autres textes, ce qui serait le signe que nos têtes dialoguent vraiment avec lui.

De telle sorte que les deux œuvres nous montreraient l’étendue des possibilités d’interprétation dont nous disposons, lorsque nous voyons une pièce. C’est-à-dire : toute œuvre scénique essaie de communiquer un message précis d’une certaine manière, dans un certain contexte, etc… Or, souvent on ne fait pas assez d’incidence en présentant une œuvre comme quelque chose qui défie la réalité qui l’a faite. rendu possible, puisque tout ce qui est diffusé doit nous valoir comme vestige d’une manière de penser et de comprendre le monde. Ou en d’autres termes : chaque émission est le témoignage d’un moment historique. Il y a donc des émissions qu’il faut diagnostiquer comme ce qui est plus typique de la biographie d’un individu que d’un moment historique, mais d’autres serviraient d’« échantillon » pour élaborer une ontologie.

Si nous ne restons qu’avec Clown nous serions rentrés dans nos lieux de résidence avec une critique acerbe de la normalisation de la violence, puisque l’exercer ne serait qu’une manière de se rapporter aux autres, tout en faisant comprendre qu’il suffit de se situer dans une position privilégiée avec respect à l’autre pour l’exercer. Et les graduations nous aideraient, entre autres, à ce que nos consciences ne s’agressent pas, plutôt qu’à réduire l’impact sur la victime, partant du fait que c’est très difficile à quantifier. De même, si l’on ne voit que Le correctif (morceau qui, par contre, appartient au répertoire de la Théâtre de danse néerlandais 1) assistent au fonctionnement d’espaces sûrs, dans lesquels la personne qui nécessite certains soins est accompagnée de ses pairs. Peut-être que ces attentions n’atténuent pas substantiellement les conséquences de ce qui a été déclenché, mais au moins cet individu s’humanise, on lui montre qu’il est logique pour lui de continuer sa vie, au-delà de répondre aux instincts de survie que nous partageons avec autres êtres vivants.

COMPAGNIE HOFESH SHECHTER. Double Meurtre : Clowns / La Solution. THÉÂTRES DU CANAL photographiés par Pablo Lorente

Ensuite, Quelle lecture peut être extraite de la mise à Clowns et The Fix en commun? Eh bien, il mérite de se battre pour notre dignité. Bien sûr, si quelqu’un dans ce processus opte pour l’attaque d’un autre qui, disons, « a croisé notre chemin », on est un lâche ; ou au contraire, il lui manque les outils pour apporter une meilleure solution, pariant sur le « moindre mal » qui, à plusieurs reprises, se traduit par : « si quelqu’un ici finit par terre, ce ne sera pas moi ». Ce sont les moments où je célèbre le fait que les arts de la scène, le cinéma, la littérature, les jeux vidéo, etc…, développent les imaginaires qui nous appellent à aborder certains problèmes d’un endroit ou d’un autre, car à travers ces disciplines nous nous éclairons sur la portée de nos actes collectivement et individuellement.

En même temps, puisque ce qui est représenté est de la fiction, nous n’avons pas à nous sentir comme des êtres dépourvus d’empathie pour « s’amuser », tout en étant témoins d’innombrables façons de « tuer » une personne (comme le montre Clown); mais en réalité, que les membres de Société Hofesh Shechter ce qu’ils essaient de faire passer, c’est que si ces contenus ne nous sont pas présentés de manière effrontée et désincarnée, il nous sera plus difficile de prêter attention à la multitude de modèles d’exercice de la violence, même si certains semblent « anodins » ou simplement “impertinent”. De même, dans Le correctif on valorise le fait que tout être humain a besoin de soins, et qu’en le demandant ou en le recevant on n’est pas “moins adulte” ou “ringard”,… Si soigner quelqu’un c’est le “revitaliser” : une façon de lui montrer à cet individu qu’il ne doit pas abandonner son entreprise, car plusieurs tronçons de sa route sont devenus plus inhabitables que prévu.

Photo : TOM VISSER DESIGN

Bien sûr, le ton et la manière dont ces pièces sont interprétées par ce groupe de professionnels contrastent fortement ; cependant, cela ne devrait pas nous distraire lorsque nous analysons quelles dynamiques valent le plus la peine d’être établies lors de la gestion de divers problèmes. Considérez que pour atteindre exerçant des violences ou des soins envers un individu avec « fluidité », on aura intégré une série de discours et de pratiques, puisque les deux ne sont pas clairement « instinctifs ».

En tout cas, je parle de deux œuvres réalisées avec tant de précision, de dévouement, d’élégance…, que il est très tentant que nous rentrions chez nous sans avoir réfléchi au contenu qu’ils couvrent: C’est vraiment dingue ce que ces professionnels font sur scène : une de ces choses qu’on vit très rarement dans la vie, tant le degré d’excellence. Pour cela et bien d’autres choses, je me sens absolument chanceuse d’avoir vu ces deux représentations, pour les pensées qu’elles ont suscitées en moi et pour la qualité artistique de leur matérialisation.