Nouvelles Du Monde

Citto Maselli, l’éternelle jeunesse du réalisateur qui pilotait une belle Flaminia bicolore dans les années 70

Citto Maselli, l’éternelle jeunesse du réalisateur qui pilotait une belle Flaminia bicolore dans les années 70

ROME – Longtemps Citto (la manière affectueuse à Sienne, patrie de sa famille, de s’adresser aux enfants) a longtemps été le plus jeune débutant du cinéma italien (23 ans) avec Les vagabonds de 1953, avant d’être détrôné par Bernardo Bertolucci (21 ans) avec La grande faucheuse de 1962. Comme tous enfant prodige Maselli a porté son éternelle jeunesse jusqu’au bout et on peut dire qu’un garçon de 92 ans, un cit justement, tant la curiosité pour les autres était intacte en lui et la générosité enjouée jusqu’aux limites de l’insouciance qui le caractérisait.

Je ne parlerai pas du cinéaste, même s’il y a beaucoup de films pour lesquels je l’admire, à commencer par ce début fulgurant tourné à Ripalta Cremasca, dans la villa d’Arturo Toscanini, non loin de chez moi. Ses films, jamais anodins, jamais hâtifs, jamais vraiment qualifiables de films “politiques” ou “engagés”, ont volé beaucoup plus haut et dangereusement dans les domaines du doute et de la réflexion hypercritique (Lettre ouverte à un journal du soir des années 1970, Le suspect de 1975, pour ne citer qu’eux) plutôt que de jouer le calumet de la révolution, comme le lui reprochaient simplistement ses détracteurs.

Lire aussi  Qui est le journaliste de 29 ans décédé des suites d'un malaise à SP

Citto Maselli et Ornella Muti à Tarente en 2007

Citto Maselli et Ornella Muti à Tarente en 2007

Citto Maselli et Ornella Muti à Tarente en 2007 (cadre)

Je veux me souvenir de lui pour sa prédilection imprévisible pour les voitures anciennes, une passion qui s’est révélée à moi quand, au milieu des années 70, je l’ai vu traverser Rome à toute allure au volant d’une opulente Lancia Flaminia Berlina bicolore (Noir et Chantilly Ivoire) qui, après avoir été autrefois la voiture de la nomenklatura italienne, avait rapidement décliné et était regardée avec une pitié hautaine (grosse voiture pour gitans, disaient les bien-pensants). Maselli conduisait cette voiture, d’ailleurs entretenue comme si elle venait de sortir des chaînes de montage turinoises de Borgo San Paolo, avec une élégante sprezzatura, de la même manière distraite dont il s’habillait, toujours raffiné mais vaguement démodé.

Aujourd’hui, rouler dans de vieilles voitures, affichant presque fièrement la décadence à laquelle la consommation effrénée les condamne alors qu’elles sont encore en parfait état de marche, serait jugé snob, chic radical odieux. Au lieu de cela, c’est la même fidélité aux anciennes amours qui, pour Citto, ont toujours été le cinéma, les amis et la politique, qu’elles aient semblé ennuyeuses ou démodées aux autres.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT