2020-04-27 21:45:11
Il y a quelques semaines, une équipe de chercheurs britanniques et allemands a identifié les restes fossiles d’une grande forêt humide qui se trouvait il y a environ 90 millions d’années sur le continent Antarctique, près de l’actuel pôle Sud. On estime que le niveau des océans était alors environ 170 mètres plus élevé qu’aujourd’hui et que la température moyenne sous les tropiques atteignait 35°C, alors qu’aujourd’hui elle n’est que légèrement supérieure à 18°C.
La première preuve de l’existence d’une forêt humide trouvée par les chercheurs remonte à 2017, à partir d’extractions réalisées sur les fonds marins de la mer d’Admunsen, située à l’ouest du continent, près de l’embouchure du glacier de Pine Island. C’est le glacier qui fond le plus rapidement à cause du réchauffement climatique et est responsable de 25 % de la perte de glace du continent Antarctique.
Les chercheurs ont extrait ce qu’on appelle des carottes de sédiments. Il s’agit de sections cylindriques extraites par forage avec des tubes conçus à cet effet à partir de zones sédimentées qui se sont formées au fil des millions d’années dans différentes parties de la planète.
Lors des analyses préliminaires des carottes de sédiments extraites, les chercheurs ont identifié une zone dont la couleur était clairement différente des zones immédiatement au-dessus et en dessous. Cela a attiré l’attention des chercheurs, qui ont décidé d’analyser plus en détail la composition de cette zone de la carotte sédimentaire.
Les scientifiques ont utilisé la technique de tomodensitométrie, également utilisée pour l’acquisition d’images médicales à des fins de diagnostic. L’analyse a révélé un réseau complexe de restes de racines, de pollen, de spores, de fleurs… Les scientifiques ont même pu identifier des structures typiques des cellules végétales.
Ces données indiquent que la côte ouest de l’Antarctique était, il y a 90 millions d’années, beaucoup plus chaude qu’aujourd’hui et abritait une forêt de nature similaire à celles qui peuplent actuellement la Nouvelle-Zélande. D’autres analyses ont permis de déterminer que la température moyenne de cette zone, alors située à seulement environ 800 km au nord du pôle sud, était d’environ 12 °C, soit beaucoup plus élevée que la température actuelle d’une zone située à une distance similaire du pôle sud. Les analyses révèlent également que cette température élevée était due à la très forte teneur en CO2 de l’atmosphère. Alors que des études antérieures avaient déterminé que la teneur en CO2 était d’environ 1 000 parties par million (ppm, qu’il faut comparer aux 415 ppm actuels), les auteurs de ces travaux indiquent qu’elle était encore plus élevée, d’environ 1 120 à 1 680 ppm.
Ces études montrent l’énorme pouvoir du CO2 pour réchauffer la planète. Il est clair aujourd’hui que si ce gaz s’accumule dans l’atmosphère en quantité suffisante, il pourrait même faire fondre toute la glace de l’Antarctique. Les scientifiques entendent également étudier les causes du refroidissement dramatique de la planète qui a fini par geler le continent Antarctique.
Référence:
Johann P. Klages et coll. Forêts pluviales tempérées près du pôle Sud pendant le pic de chaleur du Crétacé. Nature volume 580, pages 81 à 86 (2020).
Jorge Laborda, 28 avril 2020
Plus d’informations dans le Le blog de Jorge Laborda.
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