Changement climatique | La France veut construire un avion moins polluant avant la fin de la décennie

Les plans visant à faire pression pour un avion émettant considérablement moins d’émissions de CO2 ne sont pas nouveaux, mais Macron veut les accélérer. Le leader centriste espère que sa fabrication est possible “avant la fin de cette décennie”. Concrètement, une partie de ces investissements servira à financer le projet de moteur RISE, développé par Safran et l’américain General Electric et qui pourra fonctionner à 100% aux biocarburants ou à l’hydrogène vert. L’Etat investira quelque 300 millions par an – le triple du chiffre actuel – pour soutenir ce type d’activité. Bénéficiera également de ces fonds le constructeur européen Airbus, qui travaille à la conception d’ici 2035 d’un avion à hydrogène vert, qui n’émettra pas de CO2.

Rendre les biocarburants plus compétitifs

Outre de nouveaux types de navires, l’exécutif français souhaite développer la filière des biocarburants. Actuellement, les avions peuvent déjà remplir leurs réservoirs avec 50 % de carburants de ce style produits à partir de déchets naturels et de matériaux renouvelables. Mais les biocarburants représentent seulement 1% du carburant utilisé par avion en France. La raison : ils sont beaucoup plus chers que le kérosène, qui continue de recevoir des subventions publiques malgré sa forte pollution. L’administration française va donc investir quelque 200 millions pour favoriser une nouvelle usine de biocarburant dans le sud du pays. “Nous voulons fournir 75 000 tonnes de kérosène durable —15% de la production—” en 2030, a indiqué Macron.

Le gouvernement français a également prévu d’allouer quelque 50 millions de fonds publics et 200 fonds privés au développement d’avions à hydrogène, destinés aux voyages privés d’hommes politiques, d’hommes d’affaires, de sportifs ou d’autres types de personnes fortunées. Bien qu’il représente 10% du trafic aérien total en France, ce type de déplacement génère une grande polémique dans le pays voisin car il est très polluant. L’Assemblée nationale a débattu et rejeté début avril un projet de loi visant à les interdire.

Concurrence des États-Unis et de la Chine

Après la baisse du trafic aérien en 2020 due à la pandémie, ce secteur renoue avec la croissance. Bien qu’il soit le moyen de transport le plus polluant — il représente près de 3% des émissions de CO2 dans le monde—, on s’attend à ce qu’au cours des deux prochaines décennies, le nombre d’avions en circulation dans le monde double (jusqu’à 46 000). Cela sera dû à la croissance des marchés chinois et indien.

Face à cette tendance, les autorités françaises voient dans le “plan vert” un moyen de résoudre la difficile équation de combattre le changement climatique et accompagner les entreprises aéronautiques, malgré les mises en garde des ONG environnementales, comme Transports & Environnement, sur les limites des biocarburants, qui consomment des terres dédiées à l’alimentation humaine ou animale. Pourtant, le secteur aéronautique est crucial pour la France, l’un des pays européens qui a le plus souffert de la désindustrialisation. Le pays voisin compte plus de 4 000 entreprises de ce type et 200 000 travailleurs du secteur.

Paris ambitionne de se positionner dans le peloton de départ de la course compétitive pour développer un transport aérien moins polluant. La Chine y investit de plus en plus, mais les États-Unis aussi. Adoptée l’été dernier, la loi américaine sur la réduction de l’inflation comprend des subventions de plusieurs millions de dollars pour les biocarburants. Au milieu de cette concurrence féroce, les 8,5 milliards annoncés par Macron risquent d’être insuffisants.