C’est ainsi que Xi Jinping et Poutine veulent nuire à l’Occident

L’avenir des principales économies non occidentales du monde sera en jeu lors du sommet des BRICS, qui se tiendra cette semaine à Johannesburg, en Afrique du Sud. La Russie et la Chine tentent de transformer leur alliance, qui encourage la coopération économique entre leurs membres, en un bloc puissant qui défie la domination des États-Unis et du dollar.

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Dans son discours au sommet des BRICS, diffusé en vidéo mardi, le président russe Vladimir Poutine a fustigé l’Occident, affirmant que le sommet représentait la « majorité mondiale ». Les pays BRICS sont : le Brésil (B), la Russie (R), l’Inde (I), la Chine (C) et l’Afrique du Sud (S).

“C’est l’essence de l’orientation stratégique tournée vers l’avenir de notre association, une orientation qui correspond aux aspirations de la majeure partie de la communauté mondiale, de ce qu’on appelle la majorité mondiale”, a déclaré M. Poutine, qui n’a pas pu y assister en personne car il est recherché pour crimes de guerre.

Selon les analystes, la Russie et la Chine ont des ambitions pour le groupe qui vont au-delà de son objectif initial, à savoir promouvoir une prospérité mutuelle. “La Chine et la Russie en particulier espèrent utiliser le poids économique combiné du groupe pour contrebalancer l’influence américaine et occidentale sur la politique mondiale”, a déclaré Graeme Thompson, analyste chez Eurasia Group, à Business Insider.

Création d’un bloc de puissance qui défie les États-Unis

Les BRICS sont les principales économies non occidentales du monde. Ensemble, ils représentent environ 40 pour cent de la population mondiale, génèrent environ 25,52 milliards d’euros dans l’économie mondiale et sont considérés comme des représentants de ce qu’on appelle le « Sud global », les pays de l’hémisphère sud.

PHILL MAGAKOE/AFP via Getty Images

Le président chinois Xi Jinping assistera en personne au sommet. Ce n’est que son deuxième voyage à l’étranger depuis la pandémie de coronavirus en 2020, montrant à quel point le sommet est important pour ses ambitions mondiales. En tant que pays le plus riche du groupe, la Chine exerce une influence considérable.

« Xi Jinping n’essaie pas de surpasser l’Amérique dans l’ordre international libéral existant, dominé par les États-Unis. Son objectif à long terme est de transformer l’ordre mondial en un ordre à la chinoise”, a déclaré à CNN Steve Tsang, directeur du SOAS China Institute de l’Université de Londres.

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Dans le but de renverser la domination du G7 dominé par l’Occident, la Chine et la Russie soutiennent l’élargissement de l’alliance des BRICS pour inclure d’autres économies non occidentales. Les pays candidats comprennent à la fois des pays hostiles à l’Occident, comme l’Iran, et des pays traditionnellement alliés de l’Occident, comme l’Arabie saoudite et l’Indonésie.

Défier le dollar

Des propositions ont également été avancées pour créer une monnaie BRICS qui remettrait en question la domination mondiale du dollar. Dans son discours, Poutine a préconisé la dédollarisation et a réitéré son appel à une plus grande utilisation des monnaies locales dans les échanges commerciaux. “Le processus objectif et irréversible de dédollarisation de nos relations économiques prend de l’ampleur”, a déclaré Poutine, selon un Traduction par Reuters. Il a indiqué que les participants au sommet discuteraient en détail de toutes les questions et mécanismes liés au commerce des devises locales.

Des pays du monde entier exigent des monnaies de substitution pour le commerce et les transactions après que les sanctions contre la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine aient incité certains dirigeants politiques et économiques à mettre en garde contre la puissance américaine. Toutefois, selon les analystes, les projets concrets visant à créer une monnaie alternative pour les échanges entre les membres sont encore loin d’être réalisés. “Pékin est particulièrement désireux de se positionner comme un leader du Sud, notamment en élargissant l’adhésion aux BRICS pour inclure d’autres économies émergentes à croissance rapide”, a déclaré Thompson.

De manière inattendue, Xi a manqué un discours clé lors du sommet de mardi, et ses remarques, lues par un responsable chinois, constituaient une attaque contre la domination occidentale dans les institutions internationales. Les États-Unis sont “obsédés par le maintien de leur hégémonie et ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour affaiblir les pays émergents et en développement”, a déclaré le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao. « Celui qui évolue le premier devient la cible du confinement. Celui qui rattrape son retard devient la cible de l’obstruction.

La résistance aux projets américains s’accroît

BRICS / Document/Agence Anadolu via Getty Images

Cependant, d’autres pays du groupe restent méfiants à l’égard de la Chine et de la Russie, et de profonds désaccords existent entre les membres. L’Inde s’est engagée dans des escarmouches militaires avec la Chine ces dernières années à propos d’un différend frontalier dans l’Himalaya et a rejoint un important pacte de défense avec les pays occidentaux pour contrer l’influence croissante de la Chine dans la région du Pacifique.

Le Brésil s’oppose également à ce que le bloc se transforme en une alliance anti-occidentale mondiale sous l’influence de la Chine. “Nous ne voulons pas être aux antipodes du G7, du G20 ou des Etats-Unis”, a déclaré mardi le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva. “Nous voulons juste nous organiser.” allié.

Aucun des pays BRICS n’a condamné l’invasion non provoquée de l’Ukraine par la Russie. Obtenir le soutien du « Sud » reste le principal objectif diplomatique de Poutine alors qu’il cherche à briser l’isolement international de la Russie à l’égard de l’Ukraine. Mais la guerre a fait grimper les prix des céréales et de l’énergie, a durement frappé les pays de la région et a accru la méfiance à l’égard de la Russie.

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Même si la Chine et la Russie ont des projets ambitieux pour le groupe BRICS, leur réalisation semble encore loin. “Les trois pays valorisent leur indépendance en matière de politique étrangère et entretiennent des liens politiques et économiques étroits avec l’Occident”, a noté Thompson à propos de l’Inde, du Brésil et de l’Afrique du Sud.

Cet article a été traduit de l’anglais par Victoria Niemsch. Lire l’article original ici.