– Judith Godrèche et le rêve d’une «révolution» marquent les César
Au-delà du triomphe d’«Anatomie d’une chute», la 49e cérémonie des César a accordé vendredi une place inédite aux victimes de violences sexuelles.
La 49e cérémonie des César a accordé une place inédite aux victimes de violences sexuelles, l’actrice Judith Godrèche rêvant d’une «révolution» en pleine vague de libération de la parole dans le cinéma français.
Autre symbole, les César ont décerné pour la deuxième fois de leur histoire le trophée de la meilleure réalisation à une cinéaste, Justine Triet, pour «Anatomie d’une chute». «C’est un peu flippant et génial à la fois, ça donne de l’espoir pour la suite. On l’espère très fort en tout cas», a lancé la réalisatrice, qui a déjà décroché la Palme d’or à Cannes et est en lice pour les Oscars.
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Mais pour une fois, l’essentiel n’était pas vendredi soir le palmarès ou les hommages, éclipsés par le discours de Judith Godrèche, devenue la figure de proue du #MeToo français.
Ovationnée
C’est ovationnée debout par les représentants d’un cinéma français accusé d’avoir pendant des années couvert les violences que l’actrice a fait son entrée sur la scène de l’Olympia. Et dénoncé le «niveau d’impunité, de déni et de privilège» du milieu. «Pourquoi accepter que cet art que nous aimons tant, cet art qui nous lie soit utilisé comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles?», a-t-elle lancé.
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«Il faut se méfier des petites filles. Elles touchent le fond de la piscine, elles se cognent, elles se blessent mais elles rebondissent», a poursuivi l’actrice qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques pendant son adolescence, que ces derniers nient.
«Les petites filles sont des punks qui reviennent déguisés en hamsters et pour rêver à une possible révolution», a-t-elle ajouté. Applaudissements nourris à nouveau.
Contraste
Le contraste est saisissant avec la cataclysmique édition 2020 des César. Roman Polanski, accusé de viol, y recevait le prix du meilleur réalisateur pour «J’accuse», provoquant le départ de l’actrice Adèle Haenel. Cette dernière, qui a depuis quitté le cinéma, a reposté, sans commentaire, une photo de cette soirée-là sur ses réseaux sociaux vendredi.
La question des violences sexuelles a surgi dès les propos liminaires de la présidente de la cérémonie, Valérie Lemercier: «Je ne quitterai pas ce plateau sans louer celles et ceux qui font bouger les us et coutumes d’un très vieux monde où les corps des uns étaient implicitement à la disposition des corps des autres».
Tout aussi symbolique, l’Académie a remis son tout premier prix, le César de la meilleure actrice dans un second rôle, à Adèle Exarchopoulos, pour «Je verrai toujours vos visages», où elle interprète une victime d’inceste.
«Aveuglement collectif»
Également avant l’ouverture des festivités, la ministre de la Culture Rachida Dati, a elle aussi déploré un «aveuglement collectif» qui «a duré des années» dans le milieu du cinéma, dans un entretien à la revue Le Film français. «La liberté de création est totale mais ici on ne parle pas d’art, on parle de pédocriminalité» concernant Judith Godrèche, a-t-elle poursuivi.
Au-delà de ces discours la question n’a pas fini de hanter le cinéma français, dont plusieurs représentants sont visés par des procédures judiciaires, comme Gérard Depardieu, mis en examen pour viols et agressions sexuelles et dont le président Emmanuel Macron disait fin 2023 qu’il rendait «fière la France», ou le président du Centre national de la cinématographie (CNC), Dominique Boutonnat, mis en cause dans une affaire, pas encore jugée, d’agression sexuelle présumée sur son filleul de 21 ans.
AFP
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