Cartel Nord : plongée au coeur du trafic de drogue à Marseille

L’histoire de cet ancien trafiquant, retracée dans les deux premiers épisodes, dépeint, à travers son parcours personnel, le cercle vicieux du trafic de drogue. De ses débuts en tant que guetteur pour “quelques sous” à sa montée à la tête d’un réseau jusqu’à sa “retraite”, il admet : “Ce n’est pas une vie. Ne pas dormir, être à l’affût, devenir parano…”

Maintenant réorienté vers un business légal, il savoure sa nouvelle vie. “J’ai trouvé ma voie dans le droit chemin et je me suis rendu compte que j’aurais dû faire ça il y a longtemps. J’aurais eu moins de problèmes dans ma vie et plus d’argent parce que tout l’argent que j’ai gagné, au final, je l’ai gaspillé”.

Marseille, capitale du shit

Après ce témoignage choc, dans le troisième épisoderetour sur l’arrivée et le développement du business de la drogue à Marseille. Un récit surprenant où l’on apprend notamment que les quartiers Nord, devenus les hauts lieux du trafic, n’en sont pas les précurseurs. “Le trafic de drogue, au départ, c’est dans le centre-ville de Marseille que ça se passe”, précise la sociologue Claire Duport, responsable des recherches à l’association Transverscité.

Comme tout business, celui de la drogue est surtout porté par une demande de plus en plus importante qui a conduit, dans les années 80, à l’apparition des premiers points de deal. Toujours plus abondante dans la décennie suivante, cette demande a entraîné la structuration du trafic dont le modèle est calqué sur l’organisation taylorienne des entreprises légales où chaque membre occupe un poste bien précis.

Véritable capitale du shit, Marseille vit un changement majeur sur les points de deal avec l’arrivée massive de la cocaïne. “On est quand même pas loin d’être à une égalité de consommation quand même”, constate Olivia Glaser, cheffe de l’antenne Office antistupéfiants (Ofast) de Marseille. Dans le quatrième épisode, retour sur cette bascule déclenchée, là aussi, par la demande avec une consommation “multipliée par 5 entre 2014 et aujourd’hui”, avance Claire Duport.

Mais avant d’inonder les points de deal marseillais, la cocaïne parcourt plusieurs milliers de kilomètres et passe entre les mains de différentes organisations criminelles. Cet épisode retrace ce parcours, commencé en Amérique du Sud, et les moyens utilisés par ces cartels – dont certains marseillais – pour acheminer le produit.

Le blanchiment, nerf de la guerre

Inspirés par le monde entrepreneurial, les trafiquants utilisent, en revanche, des méthodes ultra-violentes dans leur gestion du business. Chaque année, une dizaine de morts au moins sur fond de trafic de stup est recensée. Et paroxysme de cette ultra-violence : en 2023, 49 personnes ont été tuées.

Dans le cinquième épisode, “Cartel Nord” décrit cette violence, alimentée par un usage débridé des armes à feu. “Jusqu’alors, on avait plutôt l’habitude de voir des conflits qui visaient des individus qui avaient déjà un certain positionnement dans l’organisation criminelle”, pose Pascal Bonnet, commissaire divisionnaire à la police judiciaire de Marseille et chef de la division de la criminalité organisée et spécialisée. “Aujourd’hui, on se rend compte que lorsqu’ils débarquent sur un point de vente, ils viennent, ils viennent abattre le charbonneur ou le chouffe. En tout cas, un membre du clan, peu importe qui il est”.

Enfin, c’est le nerf de la guerre, la raison pour laquelle les narcotrafiquants se livrent des “guerres” sans mercis : l’argent. Des sommes considérables. D’après l’Office français des drogues et toxicomanies (OFDT) le chiffre d’affaires du trafic de drogue en France s’élève à 3,5 milliards d’euros en 2023.

De l’argent à écouler, de l’argent sale à blanchir… Dans le sixième et dernier épisode, décryptage des circuits de blanchiment de l’argent. Pour cela, plusieurs méthodes existent. La première, la plus évidente, consiste à le dépenser directement dans des produits de consommation.

Pour les sommes plus importantes, pour les millions d’euros générés par le trafic, les narcotrafiquants utilisent des schémas de blanchiment complexes. L’une de ces méthodes sophistiquées a été révélée au grand jour par une affaire judiciaire au printemps 2023. Cette méthode aurait permis de blanchir, autour d’Aix-en-Provence, près de 45 millions d’euros entre 2017 et 2023.

Cinq saisons pour raconter le trafic

La série Cartel Nord raconte la réalité du trafic de drogue qui gangrène Marseille depuis des années. Avec 5 saisons, elle plonge les auditeurs dans une guerre de territoire entre deux clans ennemis, les plonge au cœur de l’organisation d’un réseau de narcotrafiquants puis les emmènera du côté de la police à travers une enquête hors norme de démantèlement d’un réseau. Ensuite, le podcast offrira une immersion dans les couloirs de la justice afin de découvrir une autre facette de la lutte contre le narcobanditisme. Enfin, elle donnera la parole aux habitants, ces oubliés qui vivent sous l’emprise des points de deal.