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Briser le tabou de l’inceste chez les enfants : c’est la mission de Ticoco près de Chartres

Briser le tabou de l’inceste chez les enfants : c’est la mission de Ticoco près de Chartres
« Ticoco et le voleur de couleurs » un ouvrage jeunesse destiné à alerter sur le consentement (©Ella Editions)

Parler d’inceste et de consentement sexuel à des enfants, à partir de 4 ans, pas facile. C’est le défi d’Anne Surault, autrice de « Ticoco et le voleur de couleurs », paru aux éditions Ella, basées à Lèves (Eure-et-Loir). Une œuvre pour briser un tabou profond, en douceur. Rencontre.

Inspiré par la réalité

Anne Surrault est médecin depuis 35 ans. Au cours de ces années de travail, elle a pu croiser des patients qui ont fini par témoigner, à 80, voire 85 ans à l’issue de deuils ou de chocs sentimentaux. Ils ont été victimes d’inceste ou de violences sexuelles dans leur enfance, et la plaie est encore ouverte aujourd’hui.

Elle a fait le constat que l’impact de ces violences est énorme sur la vie de ces adultes quand elles ne sont pas prises en charge, et s’est donc demandée ce qu’elle « pouvait faire à son niveau pour apporter [sa] pierre sur le plan de la prévention ».

En France, une famille sur cinq est touchée. « Ticoco et le voleur de couleurs » a alors un rôle avant tout préventif chez les plus jeunes, pour les alerter les plus tôt possible sur des dangers qu’ils pourraient connaître au quotidien, mais surtout pour avoir une première approche du consentement. La lecture est « informative et peut soutenir les familles touchées, qui pourront ensuite avoir recours à des professionnels pour les accompagner » selon son autrice.

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Le but n’est pas non plus « d’effrayer » l’autre 4/5ᵉ des familles, qui lui n’est pas victime de ce genre de violences.

Encouragée par Caroline Remond, avocate au sein de l’affaire Maëlys, Anne Surrault se lance alors dans ce livre jeunesse sur le thème de l’inceste, appuyée par des témoignages des accompagnants et juristes de l’association L’Enfant Bleu, qui l’ont conseillée, donnée des informations. L’Enfant Bleu, c’est une structure qui lutte contre la maltraitance des enfants et apporte assistance et soutien dans la durée aux enfants victimes.

Ce qu’on a voulu faire, c’est un livre très coloré, un livre qu’on peut aborder de façon légère, avec une fête à la fin, pour faire passer le message qu’à la fin, les victimes peuvent s’en sortir

Anne Surrault

Avant publication, l’ouvrage a été relu par des témoins et victimes comme Michèle, Ange ou encore Fabrice, des professeurs ou professionnels de l’enfance, accompagnée par les illustrations de Delphes Marchal.

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Un officier de police judiciaire au sein d’une Brigade de Protection de la Famille, des parents, des psychologues ou encore magistrats ont aussi participé à la création de cet ouvrage.

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Briser le tabou en douceur

« Ticoco et le voleur de couleurs », c’est l’histoire d’une bande de trois petits capucins qui se rendent chez une tribu de perroquet pour collecter des plumes en vue du carnaval en échange de fruits. Arrivés sur place, ils se rendent compte que certains petits perroquets possèdent des plumes qui ont perdu leurs couleurs, une métaphore qui est « venue tout de suite » à Anne Surrault.

En plus des plumes, les jeunes de la colonie perdent aussi « leur force et leur joie », et deviennent de plus en plus agressifs, en plus de tenter de tripoter les fesses des capucins sans leur demander leur avis. Au fur et à mesure de la lecture, il est appris que c’est l’oncle perroquet, Spatule, qui se trouve être l’auteur de cette perte de couleur chez les plus petits.

Il y a des endroits du corps qui sont comme un jardin secret, on les appelle les parties intimes et personne n’a le droit de les toucher”

Ticoco et le voleur de couleurs

« Quand j’embrasse Spatule, il me touche à des endroits où je n’aime pas…des fois ça me fait mal…et quand il m’oblige à lui faire pareil, je n’aime pas du tout non plus » clame une jeune de la colonie aux trois singes.

Le livre rappelle qu’il faut dire « non », même à quelqu’un de sa famille. Le perroquet Spatule est finalement jugé par le chef de la tribu après dénonciation des faits par une des victimes, suivie par beaucoup d’autres. L’agresseur possède lui aussi des plumes grisées, preuve qu’il a aussi été victime de ce genre d’abus dans son enfance…

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L’histoire de Ticoco se termine sur un numéro d’information, le 119à taper sur le téléphone, celui d’ « Allo enfance en danger ».

Des retours positifs

« Les enfants, à partir de 4-5 ans comprennent bien, ce qu’ils retiennent, c’est le NON-consentement » assure Anne Surrault, et c’est bien là la mission principale de l’ouvrage. La notion que des choses ne sont pas acceptables « passe bien ».

Au niveau des parents et des professionnels, constat similaire. Une maman qui avait été victime dans son enfance a confié à l’autrice que ce livre lui avait donné le courage d’aborder un sujet qu’elle n’arrivait pas à faire seule, lui a permis d’informer ses enfants sans s’effondrer : « rien que pour ça, on a réussi quelque chose » clame Anne Surrault.

Cet ouvrage pourrait servir d’outil aussi bien pour les professionnels que pour les familles.

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