« biopic » génial de Leonard Bernstein ou « egotrip » de Bradley Cooper ?

À première vue, Maestro – l’imposant biopic du musicien Leonard Bernstein signé Bradley Cooper et présenté à la Mostra de Venise – peut susciter plus d’un soupçon. Sommes-nous confrontés à une célébration effrénée et complaisante de l’ego de Cooper ? L’apparition de l’acteur et réalisateur au centre de presque tous les plans du film nous le fait penser. Et d’un autre côté, comment le créateur du remarquable Une star est née invoquer, dans les différentes parties de Maestro, l’exubérance du noir et blanc du cinéma d’Orson Welles et la crudité colorée du nouvel Hollywood des années 70 ? Cela pourrait être considéré comme un sacrilège si le film n’était pas sponsorisé, dès la production, par Martin Scorsese et Steven Spielberg.

En fin de compte, la question pourrait être : qui a besoin d’un autre cinéaste humble et effrayant quand nous parlons d’un film comme Maestro, joué par une autorité scénique retentissante ? Un talent purement cinématographique que Cooper utilise pour articuler un portrait franc, libre de préjugés et de moralisme, du créateur de la musique de West Side Story. Ainsi, Bernstein apparaît comme un homme pris entre, d’une part, l’éclat du génie créatif et du charme personnel, et de l’autre, la noirceur de ses addictions et un narcissisme qui a ébranlé son mariage avec l’actrice Felicia Montealegre, amenée à à la vie par une Carey Mulligan qui remplit l’écran de son don d’incarner un cœur brisé.