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BD : le festival d’Angoulême annule l’exposition Bastien Vivès – France

BD : le festival d’Angoulême annule l’exposition Bastien Vivès – France

Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême a annoncé ce mercredi l’annulation d’une exposition consacrée au dessinateur Bastien Vivès après les « menaces » reçues par cet auteur d’œuvres polémiques mêlant pornographie et mineurs.

« Des menaces physiques ont été proférées vis-à-vis de Bastien Vivès. Il n’est dès lors pas possible pour l’événement d’envisager que sa programmation puisse faire peser de tels risques sur un auteur et, potentiellement, dans quelques semaines, sur ses festivaliers », a écrit la direction du Festival dans un communiqué.

Accusé de promouvoir l’inceste et la pédocriminalité

À 38 ans, le dessinateur Bastien Vivès est l’auteur d’une œuvre abondante et variée, qui va du roman graphique sophistiqué (« Polina », 2011) au « manga à la française » (« Lastman », 2013-2019), en passant par une reprise du personnage de Corto Maltese (« Océan noir », 2021). Cette star du 9e art devait être à l’honneur lors du Festival d’Angoulême 2023 en janvier, avec l’exposition « Dans les yeux de Bastien Vivès ». Or pour certains de ses pairs, cet honneur réservé aux plus grands ne passe pas.

Bastien Vivès est accusé de promouvoir l’inceste et la pédocriminalité. En cause : plusieurs titres qui mettent en scène des mineurs face au sexe, avec des schémas parfois incestueux et des déclarations polémiques sur ce sujet.

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Dans « Une sœur » en 2017, une fiction réaliste adaptée à l’écran (« Falcon Lake », actuellement en salles), un garçon de 13 ans a des relations sexuelles, pendant des vacances en bord de mer, avec une fille de 16 ans.

L’inceste, moi ça m’excite à mort.

Bien moins réalistes, « Les Melons de la colère » en 2011, ainsi que « La Décharge mentale » et « Petit Paul » en 2018 montrent des relations sexuelles entre mineurs et majeurs. Face à des accusations de pédopornographie, les enseignes Cultura et Gibert Joseph avaient cessé de vendre « Petit Paul ». « Aussi obscène et provocatrice qu’on puisse la considérer, cette œuvre de fiction n’a jamais pour vocation de dédramatiser, favoriser ou légitimer l’abus de mineur de quelque manière que ce soit », s’étaient alors défendues les éditions Glénat.

Prises de position outrancières

Bastien Vivès mêle une certaine timidité à la ville et des prises de position outrancières sur internet ou dans les médias. « L’inceste, moi ça m’excite à mort », lançait-il dans un entretien avec le magazine Madmoizelle en 2017. Pour ses défenseurs, il est évident qu’il plaisantait.

Il ne riait pas en revanche quand il s’en prenait violemment, caché derrière un pseudonyme sur Facebook, à une autre autrice de BD, Emma, révélée en 2017 avec la publication d’une série de dessins féministes qui avait popularisé le concept de charge mentale.

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« Message niveau 2 ans d’âge mental », « ne sait pas dessiner », et appels à la violence sur les enfants de la dessinatrice… Emma n’a pas pardonné. Lundi, elle republiait ces messages vieux de cinq ans, et qualifiait Bastien Vivès d’auteur de plusieurs « BD pédopornographiques ». Aujourd’hui, cette virulence s’est retournée contre l’auteur.

« Non, je ne suis pas pédophile »

« J’ai reçu beaucoup de menaces sur les réseaux. Des “On va te crever, tu ne mérites pas de vivre…” J’ai déposé une main courante. J’ai largement de quoi déposer plainte. On m’y encourage mais je ne suis pas très procédurier », déclarait-il au Parisien lundi. « S’il faut le redire, je vais le redire. Non, je ne suis pas pédophile et non, ce n’est pas mon fantasme. Si on veut lire honnêtement mes œuvres, on s’en rend compte facilement », ajoute-t-il.

Mardi, une pétition « pour la déprogrammation de l’expo de Bastien Vivès au festival de la BD d’Angoulème » avait récolté plus de 83 000 signatures. Elle dénonce « la banalisation et l’apologie de l’inceste et de la pédocriminalité organisée par le dessinateur de BD Bastien Vivès à travers ses ouvrages et ses propos dangereux ».

Des critiques et des soutiens

« J’en ai rien à cirer que ce mec ait le droit de faire ses BD immondes (je ne suis pas pour l’interdire). Juste on peut demander que le principal festival de BD évite de le mettre en avant », avait estimé la militante féministe Caroline de Haas sur Twitter.

Pour Jean-Marc Rochette (Grand prix RTL de la BD 2022), qui a pris la défense de Bastien Vivès sur Facebook, cet auteur est cloué « au pilori sans autre forme de procès ».

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À l’inverse, la scénariste de BD Marie Bardiaux-Vaïente s’indignait dans Libération : « Comment le Festival d’Angoulême justifie-t-il de consacrer de l’argent public à un travail qui me semble être une caricature de ce qu’on pensait ne plus jamais voir exposer dans une institution ? ».

Mardi soir, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, interrogée par Le Parisienavait estimé que « certains propos » passés de Bastien Vivès n’étaient « pas acceptables ». « Je comprends l’émoi, parce que ce sont des sujets graves », ajoutait-elle, tout en sous-entendant être favorable à la tenue de l’exposition.

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