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Au-delà du mélodrame, Manzoni et le roman populaire font la nation

Au-delà du mélodrame, Manzoni et le roman populaire font la nation

2023-08-09 10:36:59

Il existe un fil conducteur qui unit certaines des études les plus fructueuses de Roberto Bizzocchi : la recherche de traces singulières du caractère national italien. Dans le “roman populaire” représenté par Fiancé l’historien saisit un « programme éthico-politique pour l’État et la nation » novateur et original, « toujours vivant et valable » (p. VII). Un avertissement très opportun. En effet, des questions idéologiques auxquelles on n’a jamais remédié continuent d’empêcher l’Italie d’aborder avec sérénité et sincérité le thème de la valeur ajoutée de l’unité par rapport aux clochers, ou plutôt de la variété qui acquiert force dans l’unité. Bref, le processus complexe du Risorgimento reste lié à l’image d’un parent gênant voire illégitime, ou d’une source inspiratrice d’une littérature plus pauvre que celle des grands auteurs français ou russes, comme même le metteur en scène Luchetti fait dire au professeur , joué par Silvio Orlando, dans une célèbre scène du film The Bagman.

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Cœur e Pinocchio

En réalité, selon Bizzocchi, la scolarisation des La fiancée il a injustement enduit le texte de Manzoni d’une patine de «componction religieuse et de modération accommodante», qui ne rend pas compte de certains aspects de la modernité et même du radicalisme, fruit de la vaste culture littéraire de l’auteur. Un destin, après tout, a frappé d’autres textes aplatis par l’enseignement scolastique rapide, parfois impitoyable. La comparaison avec Cœur par De Amicis et avec Pinocchio de Collodi est presque évidente. Rédigée sans se complaire dans des annotations savantes, l’étude de Bizzocchi s’adresse, pour ces raisons, à toute personne désireuse de relire l’œuvre de Manzoni, en lui redonnant sa complexité : historiciser sa composition, placer la biographie intellectuelle de l’écrivain « dans un contexte européen et non une clé nationaliste ».

Un texte très utile, donc, pour ceux qui “ont le devoir professionnel” de rendre la littérature italienne et l’histoire de l’Italie attrayantes, à travers le vraisemblable, pour un public d’adolescents d’aujourd’hui. Dès le premier chapitre, l’historien explique comment Manzoni , non moins catholique que Chateaubriand et de Maistre, non moins connaisseur du latin cultivé qu’eux, avaient mûri le détachement de l’école classique dont il était issu en créant une césure novatrice dans la tradition littéraire nationale.Dans les pages de Bizzocchi, le jeune Manzoni fasciné par la Rome républicaine et des modèles historiques de Plutarque, il évolue vers un écrivain adulte qui trouve une authentique source d’inspiration dans le message évangélique et augustinien.

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Cesare d’Azeglio et mars 1821

C’est Manzoni qui, en mars 1821, s’éloigne des exemples de Dante et de Pétrarque, étayant le concept d’Italie d’une signification profondément et belliqueusement politique. Il est l’interlocuteur de Cesare d’Azeglio qui, dans la lettre Sur le romantisme, n’exprime pas rêveries et individualisme, mais réalisme et attention à l’histoire du peuple. En ce sens, le XVIIe siècle fut pour lui un « siècle bestial », dépeint comme le point le plus bas de la décadence italienne : une ligne interprétative du XVIIe siècle qui aura longtemps marqué la lecture des historiens (remplacée, il est vrai , par le courant de l’historiographie, mais avec peu d’attention à ce “roman populaire” qui, chez Manzoni, avait un agenda éthique aussi bien que politique). L’œuvre de Manzoni, réécrite en vingt ans et à la suite d’une réflexion encore plus longue sur la langue, se rachète ainsi, dans les pages de Bizzocchi, au moins en partie, des réserves Gramsciennes à l’égard de l’efficacité de la littérature italienne du XIXe siècle, ou contre succès du mélodrame (que l’auteur du Carnets de prison il considérait plutôt le vrai roman populaire, le vrai miroir de l’âme de la nation).

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Roberto Bizzocchi, Roman populaire. Comment les fiancés ont fait l’Italie, Laterza 2022



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