Le gouvernement de Benjamin Netanyahou a trois matchs ouverts en même temps : tous sont très difficiles et devant tous il apparaît affaibli par quatorze semaines de contestations internes, qui ont créé des dissensions au sein de l’exécutif mais aussi au sein du Likoud, le parti du premier ministre, celui de qui, pendant des années, toute voix dissidente a été étouffée dans l’œuf.
Le camp de réfugiés de Jénine, une ville de Cisjordanie plus proche d’Israël que de Ramallah, autrefois capitale de ceux qui croyaient au dialogue entre les deux camps (un pour tous) : l’acteur Juliano Mer-Khamis, tué en 2011 par des tueurs anonymes) est l’endroit où l’affrontement s’est transformé en bataille à plusieurs reprises ces derniers mois : à plusieurs reprises, les forces spéciales israéliennes sont entrées dans le camp à la recherche de suspects et ont été accueillies par des hommes armés. Mais l’affrontement est allé bien plus loin : au moins 84 Palestiniens sont morts entre le début de l’année et la mi-mars selon le Croissant-Rouge, un chiffre qui fait de 2023 l’une des années les plus sanglantes. Du côté israélien, il n’y a nulle part où aller : hier matin, deux femmes ont été tuées dans un attentat en Cisjordanie.
Ce sont précisément ces images qui seraient à l’origine de l’enflammement du deuxième front auquel Netanyahu se trouve confronté : celui de la frontière nord (Liban) et sud (Gaza). Des tirs de roquettes ont été lancés depuis Gaza vers le sud d’Israël mercredi : la riposte de l’armée de l’air a été immédiate, avec deux raids jumeaux. Même chose depuis le Liban jeudi : 34 roquettes, l’attaque la plus violente depuis la guerre de 2006, ont entraîné la réaction nocturne de l’armée de l’air israélienne, qui a touché des cibles palestiniennes au pays des cèdres, acceptant – du moins sur le papier – la propos de l’ennemi juré du Hezbollah qui s’était éloigné de ces lancements.
Le troisième front est apparemment le plus éloigné de ce qui s’est passé hier à Tel-Aviv : depuis 14 semaines, des centaines de milliers d’Israéliens sont descendus dans la rue pour dire non à la réforme de la justice voulue par le gouvernement Netanyahu. Le tournant de la crise a été la décision de Netanyahu de limoger le ministre de la Défense Yoav Gallant qui avait appelé à l’arrêt de la réforme après s’être rendu compte que des milliers de réservistes – l’épine dorsale de la défense israélienne – menaçaient de ne pas répondre à l’appel des forces armées dans un urgence. C’est là qu’une grande partie de ce pays a dit « non » à celui qui le gouverne depuis vingt ans. C’est là que les trois crises se sont croisées. Aujourd’hui, les démêler semble vraiment complexe.