Nouvelles Du Monde

Ankara, Le Caire et Doha. Qui seront les médiateurs du conflit

Ankara, Le Caire et Doha.  Qui seront les médiateurs du conflit

2023-10-23 16:20:37

AGI – Turquie, Égypte et Qatar. Le rôle possible de médiateur dans le conflit entre Israël et le Hamas semble limité à ces trois acteurs. Des pays qui maintiennent des canaux ouverts avec le Hamas d’une part, des intérêts communs et un dialogue avec l’État juif de l’autre.

Turquie : le numéro d’équilibriste d’Erdogan

Le président turc Recep Tayyip s’est engagé dans un exercice d’équilibrisme diplomatique qui ne semble cependant pas en mesure de produire les résultats escomptés. Erdogan n’a pas manqué de pointer du doigt « les attaques inhumaines » et « la réaction disproportionnée d’Israël », a-t-il évoqué à plusieurs reprises.massacre qui devient un génocide” et a relancé la solution à deux États. Force est également de constater que, par rapport au passé, le président turc a modéré ses propos contre l’État juif en se concentrant sur l’aspect humanitaire.

Il convient également de souligner que cette fois-ci, l’ambassadeur israélien à Ankara n’a pas été convoqué. En fait, un an seulement s’est écoulé depuis la nomination des nouveaux ambassadeurs, point culminant d’un processus de normalisation qui a duré deux ans, après une crise amorcée en 2010. Une crise résolue au nom d’intérêts communs, notamment dans le secteur de l’énergie, ce qui a limité les sorties du président turc, qui avait auparavant gagné le titre de « roi de Gaza ». En même temps, il ne manquait pas pression sur Ankara, demandes de médiation pour la libération des otages par le Hamas. Certains dirigeants du mouvement islamiste se trouvent en Turquie : parmi eux le leader politique Ismail Haniye et son adjoint Saleh al Arouri. Les relations avec le Hamas ont toujours été bonnes, mais quelque chose semble s’être détérioré ces dernières semaines. A Ankara, la vidéo dans laquelle Haniye prie et rend grâce devant les images télévisées montrant l’attentat du 7 octobre dernier, vidéo enregistrée en Turquie, n’a pas du tout plu.

Lire aussi  L'armée israélienne confirme la mort du numéro 3 du Hamas lors d'une attaque au début du mois à Gaza

Erdogan lui-même n’a pas apprécié l’interview accordée par Al Arouri à Al Jazeera après l’attaque contre Israël dans laquelle, toujours depuis la Turquie, le numéro deux du Hamas a déclaré que l’incursion avait permis la capture « d’un nombre d’otages suffisant pour exiger la libération des prisonniers politiques palestiniens. Selon la presse turque, le président turc aurait demandé aux dirigeants du Hamas de ne plus jamais utiliser la Turquie comme plateforme pour envoyer de tels messages. La position d’Ankara est claire : ceux qui attaquent des civils ne sont jamais justifiés, comme l’a réitéré le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, fidèle à Erdogan. Le président turc et le chef de la diplomatie ont eu plusieurs entretiens avec les dirigeants du Hamas qui n’ont pas abouti à des résultats en termes de négociations. Au contraire, les relations avec le Hamas se sont refroidies. Ankara a donc proposé une feuille de route pour la création d’un État palestinien fondé sur le rôle de pays tiers garants. La médiation n’a peut-être pas abouti, mais Erdogan a réussi à atteindre deux objectifs plus réalistes : éviter l’élargissement du conflit et ne pas compromettre la normalisation avec Israël.

Egypte : Al Sisi et la relation avec Israël

La Turquie semble être passée au second plan par rapport à l’Égypte, notamment en raison de la nature des demandes du Hamas. L’organisation terroriste avait initialement rejeté toute proposition de médiation. Dans un deuxième temps, la base pour parler de la libération des otages israéliens était l’arrêt des bombardements sur Gaza, la reprise de l’approvisionnement en eau et en électricité dans la bande et l’ouverture du terminal de Rafah. Des conditions qui favorisent un rôle pour l’Égypte. Le président Abdel Fettah Al Sisi est un ennemi juré des Frères musulmans et n’a jamais trop dépensé pour le Hamas.

Lire aussi  Un homme confirmé mort après une chute d'horreur d'une falaise irlandaise

Une circonstance qui le favorise aux yeux d’Israël et le légitime devant de nombreux autres groupes de résistance palestinienne dans une éternelle controverse avec le Hamas. Un signal est venu de l’État juif lui-même, qui n’a jamais réduit le flux de gaz vers l’Égypte au cours de ces premières semaines de conflit. Comme dans le cas des précédents conflits entre Israël et les Palestiniens, l’Égypte se retrouve directement impliquée car, en plus d’avoir contrôlé Gaza pendant deux décennies après la création d’Israël, maintient le contrôle du passage de Rafah. Des circonstances qui font de lui, concrètement, le principal candidat à la table d’une éventuelle négociation. Sissi veut éviter les répercussions d’une crise humanitaire qui exerce une pression sur le Hamas. Dans le même temps, le dirigeant égyptien revendique des relations suffisamment bonnes avec l’État juif pour entamer des négociations.

Qatar : entre les USA et le Hamas

Aux côtés des deux géants du monde islamique, le travail diplomatique du petit mais astucieux Qatar a progressé. Le petit émirat, grâce au tissage d’un fin tissu diplomatique, a réussi à accueillir sur son sol le commandement militaire américain CentCom mais aussi le bureau politique du Hamas. Proche allié des États-Unis, le Qatar entretient également d’excellentes relations avec l’Iran et divers groupes islamistes (ainsi qu’un partenariat militaire fructueux avec la Turquie). Des circonstances qui favorisent un éventuel rôle de médiation entre Israël et le Hamas. Une position que les États-Unis défendent.

Lire aussi  La Turquie veut l'approbation de l'Allemagne pour ses avions de combat

Un appel auquel Doha a répondu, confirmant ces dernières semaines que des tentatives étaient en cours pour libérer les otages israéliens en échange de 36 Palestiniens, femmes et mineurs détenus dans les prisons israéliennes. Un dialogue sur des bases concrètes tant avec le Hamas qu’avec l’Etat juif. C’est que le Qatar constitue un plateforme pour toutes les parties au conflit cela a été confirmé par ce qui s’est passé il y a à peine 10 jours. Le 13 octobre dernier, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken s’est rendu à Doha, où il a remercié le gouvernement qatari d’avoir agi pour empêcher que le conflit ne s’étende à d’autres acteurs.

Le lendemain, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hussein Amir Abdollahian, débarquait dans la capitale qatarienne. Ce dernier a d’abord rencontré le leader politique du Hamas Haniye pour le féliciter pour le ‘victoire héroïque sur les sionistes‘. Plus tard, il a vu l’émir du Qatar l’avertir : « Si les bombardements sur Gaza continuent, personne ne pourra garantir que la situation ne deviendra pas incontrôlable.

Reproduction expressément réservée © Agi 2023



#Ankara #Caire #Doha #Qui #seront #les #médiateurs #conflit
1698068004

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT