Commentaire
Le pari est intelligent, car “Into the Woods” s’annonce gagnant pour Signature, une troupe qui a longtemps misé sa réputation sur de robustes reprises des comédies musicales de Stephen Sondheim. (C’est la comédie musicale qui a baptisé son siège social actuel dans le village de Shirlington en 2007.) La nouvelle production, mise en scène par le réalisateur Matthew Gardiner dans ce qui ressemble aux ruines d’un chalet forestier, adhère aux normes élevées de musicalité et de design de l’entreprise. Ce qui n’a pas encore été largement adopté par plusieurs dans le casting de 17 – qui comprend la voix enregistrée de Phylicia Rashad en tant que géant furieux – est l’émotivité brûlante de cette histoire, de souhaits exaucés mais d’espoirs anéantis.
C’est une délicate dualité qui anime le travail de Sondheim, qui a composé la partition pointue et mélodique, et de James Lapine, qui a écrit le livre. La comédie musicale de 1987 est peuplée de personnages de contes de fées – certains célèbres, d’autres nouvellement créés – qui existent dans un état de fugue, pris entre leurs rôles fantastiques et leurs difficultés humaines ordinaires. Le boulanger et sa femme (Jake Loewenthal, Erin Weaver) ont besoin d’une intervention artificielle pour concevoir un enfant. Cendrillon (Katie Mariko Murray) cherche à s’évader d’une existence terne, dans un compagnon inadapté (Vincent Kempski). Le Petit Chaperon Rouge (Alex De Bard) est un enfant têtu, apprenant les appétits et les responsabilités de l’âge adulte. La sorcière (Nova Y. Payton) impose ses griefs étouffants à sa fille Raiponce (Simone Brown), qu’elle a égoïstement enfermée.
Les histoires imbriquées de la comédie musicale sont mêlées d’un esprit qui frise l’insensibilité. Les personnages sont capables à la fois d’une extrême générosité et d’une extrême cruauté alors qu’ils sont contraints de faire face à la terreur qu’ils ont déchaînée : ce Géant qui ravage le royaume. Comme le reste d’entre nous, ils luttent contre l’idée qu’ils sont responsables des maux qui leur arrivent : “Non, bien sûr, ce qui compte vraiment, c’est le blâme, quelqu’un à blâmer”, chante Payton’s Witch avec une autorité cinglante dans “The Last Minuit.” “Très bien, si c’est ce que tu aimes, blâmer, si c’est le but, donne-moi le blâme.”
“Into the Woods” est chargé de tant d’idées qu’il peut se perdre dans sa propre intelligence. A deux heures et 45 minutes y compris l’entracte, il dépasse un peu. Mais dans sa préoccupation centrale des conséquences – comment nos souhaits et nos choix nous affectent nous-mêmes et les autres – on comprend pourquoi “Into the Woods” semble particulièrement urgent en ce moment. “Vous savez peut-être ce dont vous avez besoin, mais pour obtenir ce que vous voulez, mieux vaut garder ce que vous avez”, déclare la Baker’s Wife dans un numéro de production orale. On entend dans de tels conseils une sagesse essentielle sur le sort de la Terre elle-même.
Gardiner tente d’imposer autant d’ordre que possible sur la colonne vertébrale narrative quelque peu lourde de la pièce : Le Narrateur (Christopher Bloch) trébuche sur le cottage envahi par la végétation (un rendu évocateur de la décrépitude par le scénographe Lee Savage). Il va chercher un livre poussiéreux, les personnages du livre de contes sortent des placards et des cheminées, et il était une fois commence. Nous sommes dans un bois métaphorique, alors que la maison devient le point de rencontre des personnages pour chanter, poursuivre leurs quêtes et finalement explorer ce qui se passe dans l’« ever after ».
Bien sûr, l’un des plaisirs de “Into the Woods” est la fusion des notions urbaines de Sondheim et Lapine, avec la psyché apparemment moins tendue de personnages imaginés pour la consommation des enfants. Ainsi, dans une “Agonie” resplendissante, deux princes (Kempski et Paul Scanlan) chantent de manière hilarante leurs missions irréconciliables, faire le bonheur de leurs épouses tout en cherchant la prochaine demoiselle en détresse. Murray, dans une jolie robe de bal du créateur de costumes David I. Reynoso, offre un récit attachant de l’indécision existentielle de Cendrillon dans “Sur les marches du palais”. Et Weaver investit “Moment in the Woods” avec toute la mélancolie que l’on peut souhaiter chez un personnage qui, comme tant d’autres, est victime de ses propres impulsions contradictoires.
Ce n’est que dans l’ambition de dépasser le bagout de “Into the Woods”, de permettre à un public de ressentir l’émotion d’êtres qui veulent désespérément pouvoir écrire leur propre fin heureuse, que cette production parfois froide apparaît comme un peu manquante. . C’est parce que le cœur de la série n’est pas tant de communier avec son enfant intérieur qu’avec un assortiment d’adultes reconnaissables aussi troublés que nous. Nous nous tournons vers eux pour refléter nos propres recherches perpétuelles de sérénité et de clarté.
Dans les bois, musique et paroles de Stephen Sondheim, livre de James Lapine. Réalisé et chorégraphié par Matthew Gardiner. Direction musicale, Jon Kalbfleisch; ensemble, Lee Savage; costumes, David I. Reynoso; éclairage, Amanda Zieve; son, Eric Norris; orchestrations, Jonathan Tunick. Avec Maria Rizzo, Adelina Mitchell, Chani Wereley, Sherri L. Edelen, Lawrence Redmond. Environ 2 heures 45 minutes. Jusqu’au 29 janvier au Signature Theatre, 4200 Campbell Ave., Arlington. sigtheatre.org.