Les investisseurs ont déchaîné leur colère sur l’une de leurs idoles jeudi, faisant chuter le cours de l’action d’Adyen de 40 %. Il faut dire que la société néerlandaise a contribué à briser son image en publiant des résultats bien en deçà des attentes. Cela mérite donc une séance de psycho-finance.
Des entreprises comme Adyen sont généralement valorisées de manière généreuse en bourse car elles sont de grande qualité, bénéficient d’un récit bien construit et sont complaisamment soutenues par les investisseurs, qui pensent que leur trajectoire de croissance est infinie, voire au-delà. Pour alimenter ce mythe, ces sociétés doivent continuer à entretenir leur belle histoire, en évitant de décevoir le marché avec leurs performances financières. Les investisseurs pardonnent les fluctuations temporaires annoncées à l’avance, mais rarement les mauvaises surprises.
Hier matin, Adyen a soudainement basculé dans la catégorie des “stars sous surveillance négative”. Résultat : une baisse de plus de 39 % à Amsterdam à la cloche, ce qui a réduit sa capitalisation boursière de 45 à 28 milliards d’euros, soit à peu près l’équivalent de deux Worldline. La fintech française a également été secouée hier, mais dans une moindre mesure. Il faut dire qu’Adyen est valorisée à plus de 30 fois les bénéfices attendus en 2024, contre 17 fois pour Worldline et 15 fois pour Nexi.
Selon l’analyste d’AlphaValue, Tommaso Nieddu, “presque tous les indicateurs clés sont en deçà du consensus, avec une mauvaise performance au niveau des marges”. Les cabinets d’études soulignent la baisse d’activité aux États-Unis, un marché devenu très concurrentiel, ainsi que le renforcement des investissements pour relancer l’activité. En chiffres, la marge d’Ebitda du premier semestre est tombée à 43 %, loin des 48,6 % prévus. Le chiffre d’affaires progresse de 21 % à 739,1 millions d’euros, mais les attentes étaient plus élevées. La direction a réitéré ses prévisions, mais les craintes récentes du marché se sont concrétisées : Adyen devra travailler dur pour que ses performances financières continuent de justifier une valorisation généreuse. Comprenez bien : rien n’est perdu, mais l’exercice devient plus périlleux.
“La clientèle numérique en Amérique du Nord s’est plus intéressée à la réduction des coûts qu’à la croissance”, note Thomas Couvreur, chez KBC, qui identifie parmi les éléments positifs la résistance du bénéfice net grâce à un résultat financier compensant la hausse des coûts. “Étant donné qu’Adyen est une banque sur le plan juridique et que le résultat financier est alimenté par les liquidités du bilan provenant des flux de paiement acquis, nous considérons cela comme une partie inhérente de l’activité”, souligne l’analyste.
Adyen reste une success story en bourse…
… mais la période récente est douloureuse.
Adyen a du travail à faire pour redorer le scénario d’une fintech dont les bénéfices sont en hausse. Comme d’autres stars de la bourse cette année (Sartorius Stedim Biotech, Genmab, NIBE Industrier, Alfen…), les accidents ont un coût élevé.
La deuxième lame arrive aujourd’hui avec une série de révisions à la baisse de la part des cabinets d’études. Exane BNP Paribas a réduit son objectif de cours de 1400 à 1000 EUR. Susquehanna maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 1500 à 776 EUR. Keefe Bruyette & Woods maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours réduit de 1420 à 1010 EUR. Evercore ISI maintient sa recommandation de performance en ligne avec un objectif de cours réduit de 1260 à 1109 EUR.
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