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À Sarcelles, un faux procès pour faire connaître le droit aux jeunes : «Une expérience forte qui les marquera»

À Sarcelles, un faux procès pour faire connaître le droit aux jeunes : «Une expérience forte qui les marquera»

« J’ai dit à Camélia d’appuyer sur un bouton. Elle s’est trompée et suite à son erreur, j’ai perdu un doigt. » À la barre du tribunal, Sacha, 21 ans, salariée d’un centre de formation, raconte ce jour où sa vie a basculé. Son avocat précise qu’elle ne pourra jamais plus travailler. Dans le box des prévenus, Camélia, qui a aussi frappé sa supérieure hiérarchique, est poursuivie pour coups et blessures en bande organisée. Elle plaide sa cause : victime de violences conjugales, elle a bu de l’alcool et fumé un joint avant de se rendre au travail pour oublier les coups tombés un peu plus tôt. « Combien de jours d’ITT a eu votre cliente ? », demande le président à l’avocat de la victime. Celui-ci hésite, bredouille, regarde sa feuille, lève la tête, quelque peu perdu.

Rassurez-vous, tout cela n’est que fiction. Il s’agit d’un faux procès, organisé pour la première édition du projet « Ta peine. Ma peine. Verdict ! » à Sarcelles, par l’association Jeune et Engagé avec la mission locale du Val-d’Oise Est. Objectif : permettre à des jeunes en voie d’insertion professionnelle de se familiariser avec le monde de la justice et le droit du travail.

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« C’est un moyen de vraiment toucher les jeunes »

« Plutôt que leur faire un cours sur le droit du travail ou les prud’hommes, on souhaite leur faire vivre une expérience forte qui les marquera et dont ils parleront autour d’eux », indique Jean-Christophe Poulet, le directeur de la mission locale Val-d’Oise Est. « C’est un moyen de vraiment toucher les jeunes. Si on veut les accompagner vers l’emploi, il faut qu’ils soient au clair sur les risques qu’ils encourent quand ils ne respectent pas les règles et sur les obligations de l’entreprise », abonde Xavier Delarue, le préfet délégué pour l’égalité des chances.

Les jeunes, de leur côté, sont plutôt impressionnés par leur prestation oratoire et leur maîtrise du sujet. « On a appris pas mal de choses sur ce qu’est la justice, le métier d’avocat », assure Snaïda, qui souhaite devenir infirmière. Faizi, 20 ans, à la tchatche facile, en recherche d’emploi dans une entreprise d’installation thermique, a lui aussi apprécié de jouer un avocat. « C’est un métier difficile. Il faut défendre à tout prix. Ce faux procès a changé mon regard sur les méchants qui peuvent aussi être défendus. »

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60 000 jeunes sensibilisés en huit ans

Jeune et Engagé n’en est pas à son coup d’essai. Depuis sa création, l’association mène ce genre d’opérations de sensibilisation dans les établissements scolaires. « En huit ans, nous avons rencontré plus de 60 000 jeunes, âgés de 9 à 17 ans », souligne Paul Aïss, directeur général et cofondateur de l’association avec Florence Fitoussi et Raphaël Attard. Et les projets sont amenés à se multiplier avec l’ouverture à Sarcelles en mai du premier centre pédagogique de la Justice et de la Citoyenneté de France, sorte de maison des projets éducatifs en lien avec la justice, avec bien sûr l’accueil de reconstitutions de procès.

Dimanche 2 octobre, l’association organise à 14 heures sur le parvis de la préfecture à Cergy un flashmob sur le thème « stop, on vous filme ! ». « Aujourd’hui, nous avons un outil, le téléphone, qui nous protège, explique Paul Aïss. Tout citoyen a moyen d’agir s’il est témoin d’une agression, en brandissant son téléphone et en filmant. Le but est de créer un élan de solidarité, on verra ! »

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