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À Draguignan, des stages anti sexisme et violences conjugales existent

À Draguignan, des stages anti sexisme et violences conjugales existent

Des stages pour les auteurs de violences conjugales? Oui, cela existe! Pour les auteurs de propos sexistes, aussi.

Le service de contrôle judiciaire et d’enquêtes (SCJE) en dispense plusieurs par ans, à Draguignan. Ce dernier a été créé en 2019 dans la cité du Dragon, sur demande du procureur de la République.

Karine Looten, juriste et responsable de l’antenne locale, détaille le (très) large champ d’action de son équipe, composée de trois autres juristes ainsi que d’une conseillère d’insertion sociale.

Votre association est connue pour ses stages…

Surtout pour celui qui est réservé aux auteurs de violences conjugales. On organise environ deux sessions par mois.

Comment se déroule-t-il?

Les personnes viennent en présentiel pour une journée, ou en post sententiel sur deux jours, non consécutifs. Le stage est animé par un psychologue et un juriste, pour huit à dix personnes. On fait un tour de table la matinée, puis on explique ce que sont les violences.

Comment les participants réagissent-ils?

Ils tombent souvent de haut. Les violences ne sont pas que physiques… On leur présente aussi la communication non violente. À la fin, certains nous remercient. Ils nous confient avoir différemment géré certaines situations. C’est gratifiant.

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Certains reviennent-ils?

Cela arrive, même si c’est très rare. Généralement, on n’en fait pas deux. Après, on peut revoir certaines personnes pour un autre stage…

Lequel?

Il en existe trois, après celui pour les auteurs des violences conjugales: pour la responsabilité parentale, la lutte contre le sexisme et la responsabilisation des dirigeants d’entreprises. Ce dernier a été créé en début d’année 2022. Nous n’avons pas encore fixé de rendez-vous. Les dossiers arrivent tout doucement.

Sont-ils payants?

Celui pour les auteurs de violences conjugales coûte 250 euros. Ceux pour la responsabilité parentale et la lutte contre le sexisme, 180 euros. Et le dernier, pour la responsabilisation des dirigeants d’entreprises, 300 euros. Il est possible de payer en plusieurs fois. Mais les dates sont attribuées uniquement lorsque la dernière mensualité est réglée.

Votre activité ne s’arrête pas à cela…

En effet, on ne s’ennuie jamais [rire.] Nous réalisons également toutes les enquêtes sociales rapides, demandées dans le cadre des défèrements en comparution immédiate au tribunal. Nous pouvons aussi être saisis par le juge des libertés et de la détention pour des contrôles judiciaires. Ou par le juge d’instruction pour des enquêtes de personnalité à domicile et en maison d’arrêt.

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Quel est votre rôle, dans ces cas-là?

En ce qui concerne les enquêtes sociales rapides, nous faisons un point sur la situation personnelle de la personne déférée, nous vérifions les informations et nous effectuons un rapport pour le magistrat. On travaille dans l’urgence…

Et pour les contrôles judiciaires?

On reçoit la personne généralement une fois tous les quinze jours au sein de nos trois permanences [les lieux de permanence se situent au sein du tribunal judiciaire de Draguignan, au point de justice de Brignoles et au tribunal de proximité de Fréjus]. On fait un point, là encore, sur la situation. Et on leur rappelle leurs obligations inhérentes au contrôle.

Vous sentez-vous parfois en insécurité face à certains?

Cela ne m‘est encore jamais arrivé, personnellement. On fait comprendre aux personnes que nous ne sommes pas là pour les juger. Après, nous parvenons à cerner rapidement leur état d’esprit.

C’est-à-dire?

La première fois que nous rencontrons quelqu’un, on regarde son positionnement face aux faits. Est-ce que l’individu nie? Autre indicateur encore: la démarche de soins. Certains refusent catégoriquement d’être suivi par un psychologue et sont convaincus de ne pas être “fous”. Alors que ça n’a rien à voir avec la folie.

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D’autres, au contraire, ont besoin de vous…

Ceux qui sont évincés du domicile, par exemple. Parfois, ils n’ont strictement aucun autre endroit où dormir. Alors nous leur proposons un dispositif d’hébergement d’urgence, qui se situe au fond de l’antenne de l’association. Ce studio meublé est attribué à titre provisoire, pour un mois! Et une participation financière est demandée, en fonction des revenus.

Intervenez-vous aussi auprès des enfants?

Depuis cet été, nous agissons dans les établissements scolaires du primaire au lycée à titre préventif. On discute de thèmes variés comme les dangers des réseaux sociaux, le harcèlement scolaire ou l’égalité homme-femme.

Et les parents, dans tout cela?

Ils ne sont pas oubliés non plus! On leur organise des réunions thématiques en présentiel à l’école ou par visioconférence pour leur apporter des informations. Nous intervenons également auprès d’eux lorsque le juge des affaires familiales nous saisit.

Pour quelle raison?

Lorsqu’il y a un conflit dans l’exercice de la parentalité. Notre but est d’aller voir comment cela se passe chez le père et la mère, ainsi que de faire des propositions au magistrat pour les modalités de garde. Mais c’est vraiment ponctuel.

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