Nous pourrions penser aux voyageurs d’affaires. Aux touristes chinois, allemands et japonais. Mais comme le révèle ce dimanche l’article de la NZZ le dimanche, les principaux clients des hôtels suisses sont en fait… les militaires. Suite à une évaluation demandée par le département de la défense à l’hebdomadaire alémanique, les chiffres sont impressionnants: l’année dernière, l’armée suisse a enregistré environ 121 000 nuits d’hôtel, pour des dépenses d’environ 8,5 millions de francs. En 2023, la facture risque d’augmenter encore pour atteindre 11,5 millions.
Les bénéficiaires de ces nuitées? Les officiers qui, contrairement aux soldats, ont le droit à une nuit en chambre pendant les séances de répétition et parfois pendant l’école de recrue, explique la NZZ le dimanche. Le petit-déjeuner, quant à lui, est pris avec le reste de la troupe. Ces privilèges sont accordés aux sous-officiers supérieurs et aux officiers, tout comme le voyage en première classe – et depuis cette année, le montant des indemnités journalières est passé à 100 francs, contre 70 francs auparavant. Selon le porte-parole de l’armée Stefan Hofer, les frais d’hôtel représenteraient environ 40% des dépenses totales d’hébergement pour une troupe.
Bonnes affaires pour l’industrie hôtelière
Comment expliquer cela alors que l’armée est l’un des plus grands propriétaires immobiliers du pays et que ses casernes disposent de dortoirs? “L’hébergement séparé est une question de respect et facilite le travail de nuit”, explique Lorenz Hess, conseiller national du centre et ancien colonel d’infanterie, tout en reconnaissant que le chiffre de 121 000 est “impressionnant”. Quoi qu’il en soit, cela fait le bonheur de l’industrie hôtelière. L’année dernière, les militaires ont enregistré plus de nuitées que les touristes japonais (83 513) ou tchèques (108 825), révèle également l’article. L’association Hotelleriesuisse encourage ses membres à accueillir les militaires – garantissant ainsi un taux d’occupation sur une longue période et en basse saison. Ces nuitées représentent jusqu’à 20% du chiffre d’affaires de certains établissements, en particulier ceux situés à proximité des zones de tir et autres lieux de répétition.
Cependant, d’autres ne voient pas ces nuitées confortables d’un bon œil. La socialiste Franziska Roth, conseillère nationale soleuroise, dénonce l’ampleur de ces dépenses dans les colonnes de la NZZ le dimanche. Mettant en doute leur impact sur la sécurité nationale, elle conclut que “l’armée doit revoir sa position sur cette question”.