Depuis juin 2022, un guichet unique de téléexpertise a été initié par les Hôpitaux de Chartres, en lien avec le Conseil de l’ordre des médecins d’Eure-et-Loir. Huit mois après le lancement du dispositif, le bilan apparaît très encourageant, selon plusieurs utilisateurs, réunis, vendredi 10 février, sur le site de l’hôpital Louis-Pasteur, au Coudray.
A qui s’adresse le guichet unique de téléexpertise ?
Cette plateforme sécurisée permet aux médecins généralistes, aux sages-femmes ou aux établissements de santé, comme les Ehpad, de contacter des spécialistes euréliens pour solliciter un avis d’expert sur une question au sujet d’un patient.
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Hervé Gorka, cardiologue aux Hôpitaux de Chartres, fait partie des experts qui ont rejoint ce guichet unique. Il explique :
Cela concerne des patients qui ne disposent pas de spécialiste habituel. Nous ne sommes pas là pour nous substituer aux spécialistes.
Herve Gorka ( cardiologue aux Hôpitaux de Chartres)
Pour le moment, dix-huit spécialités de médecine peuvent être interrogées : addictologie, allergologie, chirurgie viscérale, dermatologie, diabétologie, endocrinologie, gériatrie, gynécologie, néphrologie, obstétrique, oncologie, pneumologie, rhumatologie, unité douleur, chirurgie du rachis, plaies et cicatrisations.
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« Le guichet est amené à se développer. Il est ouvert à tous les experts souhaitant nous rejoindre, qu’ils exercent à l’hôpital ou en libéral », précise Christophe Laure, directeur adjoint en charge de la recherche clinique et de l’innovation aux Hôpitaux de Chartres.
Comment fonctionne ce dispositif ?
La demande d’avis du professionnel de santé peut être transmise de trois façons : par téléphone, par mail ou par le biais d’une plateforme en ligne.
Caroline Vincent-Dejean, endocrinologue aux Hôpitaux de Chartres, décrypte :
« Bien souvent, les médecins généralistes nous demandent des avis par SMS. Ce guichet rend les échanges officiels et sécurisés. Cette traçabilité est très importante. »
Caroline Vincent-Dejean (endocrinologue aux Hôpitaux de Chartres)
Le médecin généraliste peut envoyer des documents ou des images (scanner, radio, photo, électroencéphalogramme, etc.) via ce canal. La demande est transmise au spécialiste adapté, qui apporte sa réponse « dans un délai moyen de 48 heures », souligne Jonathan Vannier, infirmier référent de la télémédecine au sein du groupement hospitalier de territoire (GHT) d’Eure-et-Loir.
Quels sont les avantages du guichet unique de téléexpertise ?
La plateforme répond à plusieurs problématiques, selon ses utilisateurs. « L’accès à une consultation de spécialiste peut prendre plusieurs semaines voire plusieurs mois. Cela permet d’obtenir des réponses dans des délais rapides », observe Christophe Laure.
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Virginie Papillon, dermatologue à l’hôpital de Dreux, y voit un moyen de lutter contre la désertification médicale. Elle explique :
« Il y a une pénurie de dermatologues. La téléexpertise ne règle pas tout, car il manque le toucher qui reste un élément du diagnostic. Mais beaucoup de questions peuvent être traitées à partir de photos que nous envoient les généralistes.
Virginie Papillon (dermatologue à l’hôpital de Dreux)
Virginie Papillon travaille aussi avec les Ehpad. « Dans de nombreux cas, la téléexpertise évite aux personnes âgées de se déplacer », soulève-t-elle. Le spécialiste peut proposer directement un traitement ou des examens complémentaires.
« C’est intéressant car cela permet de prioriser les patients », note Julien Cottet, président du Conseil de l’ordre des médecins d’Eure-et-Loir et allergologue à Chartres. Il s’est, lui aussi, lancé dans cette aventure. « On gagne du temps en évitant les consultations inutiles », estime-t-il. Tout le monde peut donc y trouver un intérêt, les médecins comme les patients.
Hélène Bonnet