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Une vignette européenne pour la qualité de l’intelligence artificielle

Une vignette européenne pour la qualité de l’intelligence artificielle

* Député européen, siège à la commission spéciale sur l’intelligence artificielle au Parlement européen et est co-rapporteur général du règlement sur l’intelligence artificielle proposé par la Commission européenne

La définition exacte de ce qu’est l’intelligence artificielle fait toujours l’objet de débats tant dans le domaine philosophique que juridique, mais on peut certainement dire que d’une part ses applications ouvrent de nombreuses possibilités pour améliorer la vie des gens, d’autre part elles peuvent affecter nos droits, faussent l’organisation du travail ainsi que les arrangements institutionnels démocratiques.
L’un des mots-clés dans ce domaine est “l’imprévisibilité”.
En effet, aujourd’hui, nous ne pouvons appréhender que certains aspects de certains usages, alors que nous ne sommes pas en mesure d’anticiper pleinement leur évolution. L’effort en Europe est donc de légiférer avec l’intention de tirer le meilleur parti du potentiel de l’intelligence artificielle sans affecter les droits individuels des personnes, en anticipant les tendances futures.
Les risques sont réels, même pour notre démocratie.
Pensons, par exemple, à la généralisation de la possibilité de créer des deepfakes visuels ou sonores à partir d’une simple image ou d’une phrase parlée, avec des implications potentiellement énormes pour la désinformation.
Et que l’avenir est imprévisible et que les évolutions du secteur sont incroyablement rapides, c’est ce que démontre l’affaire ChatGPT, qui a contraint les plus sceptiques à réfléchir sérieusement à la nécessité de réglementer même ces nouvelles applications sans usages précis et strictement délimités : si jusqu’à hier les chatbots nous semblaient inoffensifs, ils produisent aujourd’hui des textes tellement complexes qu’il est de plus en plus difficile de discerner si leur auteur est humain ou non et ils peuvent potentiellement être utilisés pour rédiger des jugements, évaluer des embauches et des licenciements et être employés dans des domaines qui concernent la santé et la sécurité des citoyens et de leurs données.
Le règlement sur l’intelligence artificielle proposé par la Commission européenne et en cours d’examen par le Parlement européen, dont je suis co-rapporteur général, vise précisément à identifier les utilisations les plus risquées et à les soumettre à une certification sur la qualité des données, les corrections d’erreurs et la gouvernance, jusqu’à pour arriver aux usages qui engendrent des risques insoutenables et qui doivent être interdits, comme la surveillance avec des caméras de reconnaissance biométrique dans les espaces publics mais aussi la police prédictive et le « social scoring ».
C’est précisément avec un modèle de développement de l’intelligence artificielle basé sur nos valeurs que nous pensons être plus compétitifs dans le monde, en misant sur la confiance des citoyens, des consommateurs, des laboratoires et des entreprises et sur la protection des droits fondamentaux, sans créer de bureaucratie excessive mais valoriser ceux qui créent de nouvelles entreprises et de la recherche innovante, avec le soutien des ressources financières communautaires et avec le mécanisme du bac à sable pour expérimenter plus facilement.
Un défi incroyablement complexe avec des implications non seulement pour notre futur modèle de société mais aussi pour la géopolitique, mais précisément pour cette raison un engagement auquel l’Europe ne peut échapper.

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