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Une “maison” n’est pas une maison, critique de bande dessinée

Une “maison” n’est pas une maison, critique de bande dessinée

2023-05-10 18:50:54

Avec ce neuvième tome, Carlos Gimenez met fin à l’une des oeuvres capitales de notre BD. Un travail immense. Un projet vital qui a grandi et mûri pendant quarante-cinq ans et auquel maintenant, non sans une certaine nostalgie et tristesse, mais surtout grâce, nous disons au revoir.

“Protège-cou” se termine, mais la trace qu’il a laissée est si brillante et indélébile qu’il a servi, et servira, de phare pour d’autres voix qui ont voulu sauver de l’oubli et rendre visible l’histoire de ceux qui ont toujours été laissés pour compte de l’histoire manuels. Antonio Altarriba, Paco Roca, Jaime Martín ou Ana Penyas ont pris le relais de Giménez dans cette noble tâche de récupérer notre mémoire historique. Et c’est que, comme l’explique Giménez dans le prologue, il a voulu raconter cette histoire « Parce que je pensais que si je ne le disais pas, personne ne le dirait. Et je voulais que ça se sache.” Son témoignage sur les huit années qu’il a passées dans le soi-disant “maisons” de l’aide sociale de Franco, expliquée à travers les yeux de ces gosses affamés qui peuplent leurs histoires, n’est pas seulement un précieux document sur ce qui s’est passé derrière les murs de ces “prison” pour les enfants, mais anticipe plutôt ce travail de récupération historique bien avant que le terme “Mémoire Historique” n’existe. Il n’est pas surprenant que les premières histoires de la série aient été rejetées par plusieurs éditeurs espagnols : elles étaient arrivées trop tôt. Ce n’est qu’à sa publication en France que la valeur et l’importance de “Protège-cou”.

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Dans ce dernier volume, nous retrouvons des visages familiers, tels que Peribáñez, Cagapoco, Piraña, Gálvez et, bien sûr, Pablito, cet alter ego de Giménez qui aime les bandes dessinées et le dessin “El Cachorro”, que nous retrouvons sur le point de rentrer chez eux et laisser derrière eux la faim, le froid, les coups, la religion fanatique et cette idéologie falangiste que le régime a imposée avec méchanceté et sang. Cependant, et malgré ces circonstances douloureuses et terribles, Giménez laisse de petites échappatoires par lesquelles l’amitié, les rires, les rêves et les espoirs parviennent à se glisser. On retrouve déjà ici quelques personnages entrant peu à peu dans la maturité, que Giménez a dessinés plus stylisés, plus âgés, comme s’ils allaient entamer une nouvelle étape et que le moment était venu de s’en séparer.

J’avoue que j’ai fermé les couvertures de cette bande dessinée avec cette mélancolie qui découle des adieux, car ces personnages ont accompagné de nombreux lecteurs pendant de nombreuses années. Les paroles de Giménez qui accompagnent ces dernières histoires, tant dans le prologue que dans l’épilogue, sont essentielles pour comprendre la transcendance d’une œuvre comme “Protège-cou”. Sans le travail de pionnier de Giménez, toutes ces histoires vraies, basées sur sa propre expérience et celle d’autres collègues, seraient restées cachées. Et il fallait les expliquer. Il fallait compter pour réparer.

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