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Une critique culturelle de Quentin Dupieux

Une critique culturelle de Quentin Dupieux

2024-04-15 20:07:20

Yannick (Raphaël Quenard), le sujet principal du dernier coup de projecteur absurde sur l’humanité du filou parisien Quentin Dupieux, est de toute évidence stupide. Appelez un ordinateur portable par le terme largement accepté de « portable » et vous court-circuiterez ses circuits. Donnez-lui un clavier et il tapera d’une seule main à un rythme glacial tout en faisant suffisamment d’erreurs grammaticales pour que les cas où il répond aux normes d’écriture de base commencent à ressembler à des erreurs elles-mêmes. Son idée de plaisanterie consiste à intimider un couple marié jusqu’à ce qu’il se caresse presque en public, même si c’est certes une question de goût plus que d’intellect. Mais le plus grand signe que Yannick est à quelques comprimés d’Adderall d’une armoire à pharmacie pleine est sa culture artistique, facilitée par une étonnante démonstration d’arrogance : interrompre une pièce en cours.

Yannick met en lumière l’estime de soi largement exagérée de son protagoniste à travers cet événement incitatif, lors d’une production du Cocu magnifique de Fernand Crommelynck, dont les acteurs – Paul Rivière (Pio Marmaï), Sophie Denis (Blanche Gardin) et William Keller (Sébastien Chassagne) – peuvent difficilement croyez qu’une personne a le culot de se lever au milieu d’une scène et de se plaindre bruyamment de son divertissement. Le Cocu heurte apparemment le besoin de Yannick de se divertir inconsidérément. Cela lui fait se sentir mal au lieu de bien et, selon ses calculs, ce n’est pas ce qu’une pièce est censée faire.

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Dupieux ne fait aucun effort pour conceptualiser Yannick comme un délégué du public autorisé partout dans le monde : des gens qui pensent que l’art, qu’il s’agisse du cinéma, de la télévision ou du théâtre, existe pour les flatter, répondre à leurs désirs – seulement les leurs – et les valider à travers l’adoption d’une vision du monde qui reflète le leur. (Il est facile d’imaginer Yannick acheter avec enthousiasme des billets pour le dernier film Marvel.) Au moins, il s’arrête loin de scander sans réfléchir « allez vous réveiller, faites faillite ».

Malgré ce point en sa faveur, il reste insensé. Le client, semble dire Dupieux, n’a pas toujours raison, surtout dans des scénarios comme celui-ci, où le « produit » est « l’art », une marchandise subjective – encore un autre argument avancé par le film lui-même. Yannick s’élève contre l’idée selon laquelle si l’exposition pour laquelle vous avez payé votre argent durement gagné ne vous touche pas, l’exposant vous doit un remboursement.

Dupieux a clairement du pain sur la planche avec l’adhésion obstinée de la société à un art volontairement mauvais, car aussi minable que soit Le Cocu, la tentative spontanée de Yannick d’écrire une meilleure pièce, un processus qui occupe la seconde moitié du film, est pire. Mais la préoccupation première de Yannick est la compassion envers la culture. La déclaration égoïste selon laquelle si vous n’êtes pas satisfait, alors personne d’autre ne devrait l’être est de loin un problème plus grave que la grossièreté largement représentative de Yannick ; en fait, Dupieux pousse la perspective plus loin en introduisant ce trope classique du théâtre, le pistolet chargé – dans ce cas, le revolver que Yannick utilise pour arracher le contrôle total de la soirée aux acteurs de Le Cocu.

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Yannick se déroule presque entièrement dans le théâtre lui-même, avec des coupures occasionnelles dans le hall. Le placement de la caméra et la sélection des plans de Dupieux mettent gracieusement en valeur les détails intérieurs, de ceux qui, en mettant en valeur le caractère du décor, finissent par faire du décor un personnage en soi. Plus que des observateurs, nous faisons partie du public pris en otage par le personnage principal, mis carrément dans leur position de spectateurs impuissants dans l’impasse la plus stupide de l’histoire des affrontements armés. L’effet est étonnamment étouffant. Yannick n’a aucune idée de ce dont il parle, point barre, mais il n’a pas peur de parler, ni de brandir une arme à feu dont il reconnaît être mauvais, juste pour être sûr de pouvoir parler.

Cela fait partie du divertissement de base de Yannick en tant que comédie grinçante, et Quenard investit un soin et une empathie surprenants dans sa caractérisation, aux côtés d’une stupidité désinvolte et d’un égoïsme lâche. Enfoui sous l’agressivité et les émotions irritées de Yannick, il manque du besoin fondamental d’être compris. Cette facette de Yannick renforce la critique de Dupieux avec une observation désinvolte : l’art est libérateur, et sans lui, nous sommes voués à la misère solitaire.

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Ce n’est peut-être pas l’avis attendu d’un cinéaste dont la production récente comprend une parodie de super-héros (Smoking Causes Coughing), un slasher de mode (Deerskin) et un long métrage de bromance-créature (Mandibus). La disparité sauvage exprime l’âme du cinéma de Dupieux : La liberté de dire ce qu’il veut avec n’importe quel matériau le chatouille à un moment donné. C’est le motif clé qui unit ses envolées de fantaisie. Yannick le trouve étonnamment tourné vers l’intérieur et démontrant une vulnérabilité qui est absente ailleurs dans son œuvre – mais pas au détriment de son regard ironique ou de sa prédilection pour l’autodestruction.

Réalisateur : Quentin Dupieux
Scénariste : Quentin Dupieux
Starring: Raphaël Quenard, Pio Marmaï, Blanche Gardin, Sébastien Chassagne, Jean-Paul Solal, Laurent Nicolas
Date de sortie : 5 avril 2024

Le journaliste culturel bostonien Andy Crump couvre les films, la bière, la musique et le fait d’être père pour bien trop de médias, peut-être même le vôtre. Il contribue à Paste depuis 2013. Vous pouvez le suivre sur Twitter et retrouvez son travail collecté sur son blog personnel. Il est composé d’environ 65 % de bière artisanale.


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